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jeudi 20 novembre 2025

Le Blog de la semaine de Karine Salomon De Paz. JBCH N° 650

Un maître de l'illusion, un maître des associations, et une tribune.

Hier soir, on m’a offert une tribune, intime et attentive.
À une question sincèrement curieuse sur les lendemains d’Israël, sur son avenir politique, sur les responsabilités et sur la suite du processus de paix, je suis revenue sur quelques faits, trop souvent méconnus. Je vous la fais courte, sinon vous n’arriverez jamais à l’expo ni au resto…
Nous avons parlé du système politique, des menaces omniprésentes depuis 1948, des divisions internes, de la sécurité, des enjeux religieux, de l’inaction coupable de certains pays arabes, des pluies de roquettes, de l’intégration des Arabes israéliens, de la colonisation et de l’extrême-droitisation.
Et puis surtout, quelques jours après le triste anniversaire des attentats de Paris, nous avons évoqué le traumatisme absolu vécu par les israéliens, et les Juifs du monde entier, après l’attaque du 7 octobre. Aucune famille, aucune communauté, aucune fratrie qui n’ait été touchée. Un choc collectif d’une telle violence et d’une telle ampleur qu’il est impossible d’accepter qu’il soit mis sous silence, ou pire, oublié.
Comme le 13 novembre marque encore les Parisiens et les Français, le 7 octobre est devenu un repère tragique de l’histoire juive contemporaine. Une blessure inexprimable.
Qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est ni une justification de la guerre, ni un soutien à un gouvernement coupable de négligence, d’arrogance et d’erreurs d’appréciation. J’explique, c’est tout. Et je remercie P., A., C., V., C. et J-F. de m’avoir écoutée avec autant de respect et d’attention. Ces moments d’échange sont d’autant plus précieux qu’ils sont rares…

La récente étude Ifop, qui fait beaucoup parler, montre un durcissement remarquable de la pratique religieuse chez les jeunes. Elle confirme une remise en question de notre modèle occidental, certains préférant la spiritualité rigoriste à la critique constructive, les règles à la permission.

La liberté d’expression, la liberté de débattre, la liberté de remettre en cause seraient-elles passées de mode ? Peut-être. Ou peut-être nos sociétés se divisent-elle désormais entre deux visions radicalement opposées : les dogmatiques et les empiriques. Ceux qui affirment et ceux qui questionnent. Ceux qui écoutent et ceux qui entendent.

Métamorphose perpétuelle

Convexe.
Concave.
Cube de Necker.
Vase de Rubin.
Triangle de Penrose.
Effet Droste.
Que ces phénomènes graphiques et optiques vous soient familiers ou étrangers, courez à la Monnaie de Paris voir la réjouissante exposition consacrée au maître de la gravure, Maurits Cornelis Escher.
Né en 1898 à Leeuwarden, aux Pays-Bas, Escher fut un élève médiocre, jusqu’à ce que son talent de dessinateur soit enfin reconnu. À Haarlem, il se forme aux techniques de gravure auprès de Samuel Jessurun de Mesquita, artiste majeur assassiné à Auschwitz en 1944. Xylographie, linogravure, eau-forte, manière noire (taille douce aux mille teintes de gris) ou lithographie, Escher excelle.
Sous son burin ses polissoirs et son “berceau”, les pavages répétitifs, les paradoxes géométriques, les paysages architecturaux, et les motifs naturels, se révèlent avec une précision et une délicatesse impressionnantes.
Situé à la croisée de l’art et des mathématiques, les imprimés d’Escher joue avec la perspective, la géométrie et l’illusion. A partir de 1937, il entreprend ses célèbres Métamorphoses, où formes abstraites et animées se transforment les unes dans les autres en continu. Des poissons deviennent oiseaux, qui deviennent carreaux, qui deviennent échiquier, qui deviennent abeilles…
L’exposition, structurée en huit sections thématiques, s’accompagne d’installations interactives pour petits et grands enfants, pour rêveurs et cartésiens.
La dernière salle est consacrée à “l’Escher-mania”, le graveur insatiable ayant inspiré publicités, pochettes d’albums, films, t-shirts et autres papiers peints.
Si vous me cherchez, je suis dans la salle des miroirs, occupée à oublier le monde.

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M.C. Escher

Monnaie de Paris jusqu’au 1er mars 2026

Gracieux mélange

En lieu et place de Pastore, qui proposait une version moderne de la gastronomie italienne, vient d’ouvrir Patsy sous la houlette d’Alexandre Bongibault (ancien directeur de salle de Eels) et du chef Vasyl Andrusyshyn, déjà aux casseroles de l’ancienne enseigne.
Vasyl, formé chez les frère Adrià en Espagne, à São Paulo, et chez Noma à Copenhague, est un pur produit du multiculturalisme. Élevé en Italie de parents russo-ukrainiens, il sait mieux que personne associer les condiments et épices, et jouer avec les sauces.
Dans ses assiettes, le chorizo côtoie le fenouil et les olives de Kalamata, les shiitakés confits se baladent avec les choux de Bruxelles, la sauce vin jaune s’enrichit d’un pâté de foie.
En entrée, les poireaux vapeurs, sauce persil-menthe, le potimarron sauce cacio e pepe, et les champignons, poivre vert et noisettes, naviguent entre la Botte et la Scandinavie.
On pourrait être dérouté, mais les associations sont maîtrisées et équilibrées. Rien n’est laissé au hasard et chaque ingrédient a sa raison d’être.
Il faut souligner le décor, brut chic comme on aime, et la vaisselle vintage dépareillée qui souligne l’élégance - et la générosité - des propositions.
La carte des plats a déjà évolué, mais on s’est régalé d’une joue de bœuf, poire, endive, épinards et d’un poisson aux influences chipotle.
Les desserts ne sont pas en reste, loin s’en faut, et là encore c’est une farandole d’associations savoureuses et de textures.
En Irlande, Patsy est le diminutif de Patrick ; il découlerait aussi de l’italien pazzo qui veut dire “fou”. En argot américain, il désigne une personne facile à berner, et en allemand, le prénom Patsy signifie “noble personne”.
Un gracieux mélange…

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Patsy

26 rue Bergère 75009 Paris

Fermé le week-end. Menus dej 34-38€. Carte 60€
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=> Mon compte Instagram food It Paris
=> Mon compte Instagram perso A Pen in the Neck

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Découvertes d'arsenaux cachés dans des écoles ... à Gaza JBCH N° 649

La découverte de la gigantesque infrastructure militaire enterrée sous Beit Hanoun, révélée par Tsahal, offre un aperçu brutal de la stratégie du Hamas : une organisation qui transforme systématiquement les civils en boucliers humains et les infrastructures humanitaires en outils de guerre. Ce jour, on a découvert un tunnel de 7 Km de long !


Sous les maisons, les hôpitaux, dans les bâtiments de l'ONU, les écoles et les rues ordinaires, les soldats israéliens ont mis au jour une véritable ville souterraine : tunnels interconnectés, dépôts d’armes, ateliers de fabrication et couloirs stratégiques permettant aux terroristes de se déplacer sans jamais apparaître à l’air libre. Une architecture pensée pour une guerre totale, mais dissimulée au cœur des quartiers habités.



Au-dessus du sol, le constat est tout aussi glaçant : des milliers de bâtiments soi-disant civils abritent en réalité des missiles, des postes de tir ou des centres de commandement. Là où le monde croit voir une école, Tsahal découvre une plateforme de lancement. 


Là où l’on pense trouver un hôpital, les soldats tombent sur une salle de contrôle, et de commandement, des caches d’armes ou des accès à des tunnels. Le Hamas exploite méthodiquement les établissements médicaux et éducatifs, sachant pertinemment qu’ils constituent des zones protégées par le droit international — et que leur destruction, même lorsque rendue inévitable par leur militarisation, sera utilisée contre Israël.


Cette stratégie va plus loin : l’organisation instrumentalise également l’ONU et l’UNRWA, dont les bâtiments, camions, entrepôts ou listes de personnel sont régulièrement infiltrés ou détournés. 


Le Hamas profite du statut humanitaire de ces institutions pour couvrir ses mouvements, cacher des combattants, ou stocker armes et munitions dans des zones où aucune frappe n’est censée avoir lieu. Ce parasitisme permanent transforme l’aide internationale en ressource stratégique, tout en exposant les civils qu’elle prétend protéger.


La perversité du Hamas réside précisément dans cette logique : faire de Gaza un champ de bataille invisible, où chaque maison peut masquer une guerre et chaque enfant devient malgré lui un camouflage. 


En se fondant dans la population qui le soutient, en transformant les infrastructures vitales en cibles militaires, ce qui est contraire à tout règlement et à l'éthique,le Hamas fabrique délibérément la tragédie qu’il attribue ensuite à Israël. Cette stratégie cynique n’est pas seulement une lâcheté morale — c’est un crime de guerre structurel, conçu pour que les civils paient le prix de sa survie.



Hommage à Jacqueline Keller et à la Coopération féminine JBCH N° 648

La Coopération féminine Merkaz de Montmartre,  Rue des Saules


Il est des femmes dont la présence discrète éclaire des existences entières. Jacqueline Keller fut de celles-là.  Jacqueline nous a quitté à 97 ans cette semaine. Elle a rejoint  ma maman Lina Cohen-Hadria et  son amie Gaby Zaitoun.


Ces femmes ont donné naissance à une œuvre profondément humaine : la Coopération Féminine, dont la première mission fut d’ouvrir chaque mercredi, au Merkaz de Montmartre, un espace de chaleur et de réconfort pour ceux qui avaient échappé à la Shoah, mais que la vie avait laissés vieillissants, isolés, parfois brisés.


Le Mercredi, des jeunes au coeur gros venaient pour animer ces après-midi , parmi ceux la on peut citer Yvon Nataf, Jacques Barkatz, Guy Zaitoun, Michel Cohen-Hadria, Dino Uzan, Guy Curiel, André Benzaquin, et bien d'autres qui outre les animations aidaient les personnes âgées à faire leurs courses, à leur monter au 7ème étage le charbon, à confectionner des colis pour les fêtes...



Jacqueline Gaby et ma maman, avaient compris que la dignité commence souvent par une main tendue, un sourire sincère, une table où l’on vous attend. Mercredi après mercredi, elles ont  offert bien plus qu’un accueil : elles ont  redonné à ces survivants ce que la barbarie avait voulu leur enlever la certitude qu’ils n’étaient pas seuls, qu’une petite lumière pouvait encore briller dans leur vie. Cette lumière était faite de simplicité, d’écoute, de générosité, mais surtout d’une profonde fraternité juive.




À travers la Coopération Féminine, Jacqueline accompagnée de Lina, Rosy, Gaby  ne cherchaient ni reconnaissance ni louange. Elles agissaient, tout naturellement, parce qu’elles considéraient comme un devoir sacré de soutenir celles et ceux qui avaient traversé l’indicible. 


Lina Cohen-Hadria apportait son cœur immense et sa force de mère, tandis que Gaby Zaitoun, d’une présence vigilante et douce, complétait ces de femmes exceptionnelles. Ensemble, elles ont construit un refuge, un rendez-vous hebdomadaire qui devint pour beaucoup un véritable havre de paix, et probablement leur seule raison de survivre.





L’héritage de Jacqueline Keller  et de ces pionnières ne se mesure pas en monuments ni en discours, mais en visages illuminés, en vies réchauffées, en souvenirs préservés. Leurs actions demeurent un témoignage vibrant de ce que peuvent accomplir quelques femmes déterminées, lorsque la compassion les guide.


Aujourd’hui, nous nous inclinons devant leur  mémoire avec respect, reconnaissance et affection. Que leurs noms soient pour tous une bénédiction, et que la lumière qu’elles ont rallumée dans tant de destins continue d’éclairer les générations à venir.




mercredi 19 novembre 2025

Général, Alfred Dreyfus sera inhumé au Panthéon. JBCH N° 647

En 2025, plus d’un siècle après l’une des affaires les plus controversées de l’histoire militaire française, Alfred Dreyfus, officier juif faussement accusé de trahison, a été officiellement promu au grade de général de brigade. 


La décision, signée par le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Sébastien Lecornu, fait suite à un vote unanime de l’Assemblée nationale, marquant un geste historique de reconnaissance et de réparation. 


Ce geste solennel souligne la volonté de la France de se réconcilier avec un passé où l’antisémitisme avait conduit à l’injustice et à la stigmatisation d’un homme innocent.




L’Affaire Dreyfus, éclatée en 1894, reste l’un des scandales politiques et sociaux les plus divisifs du pays. Capitaine d’artillerie, Dreyfus avait été accusé à tort de livrer des secrets militaires à l’Allemagne, malgré l’absence de toute preuve. Son arrestation et son procès militaire avaient suscité une vive polémique nationale, divisant la société française entre ceux qui défendaient la justice et la vérité et ceux qui se laissaient emporter par des préjugés antisémites. Le traitement réservé à Dreyfus illustre la manière dont un bouc émissaire peut être fabriqué au sein des institutions pour masquer des failles internes et répondre aux peurs collectives.



Après sa condamnation, Alfred Dreyfus dégradé et humilié.


Puis il fut envoyé à Cayenne, au bagne de l’île du Diable, en Guyane française, un lieu réputé pour sa brutalité. Loin de la France, dans des conditions de vie extrêmement difficiles, il fut isolé, confronté à la chaleur tropicale, aux maladies, à la malnutrition et à la violence des gardiens. 






Chaque journée représentait un combat pour survivre, un supplice infligé à un homme innocent, séparé de sa famille et de son honneur. Cette période de détention injuste devint un symbole de l’injustice systémique et de la cruauté de l’époque, renforçant l’indignation qui allait conduire à sa réhabilitation.


Le procès Dreyfus eut également un impact mondial. Le journaliste Theodor Herzl, qui couvrait l’affaire pour la presse européenne, prit conscience de l’intensité de l’antisémitisme en Europe et de la nécessité pour le peuple juif de disposer d’un État protecteur. Cet événement marqua un tournant dans sa réflexion et contribua directement à l’émergence du sionisme politique, mouvement qu’il allait ensuite promouvoir pour assurer la sécurité et la dignité des Juifs dans le monde.


Theodor Herzl

La promotion posthume de Dreyfus intervient à une époque où le souvenir de cette injustice résonne encore fortement. Elle constitue non seulement un hommage au courage et à la résilience de l’officier, mais aussi un rappel de la vigilance nécessaire face aux discriminations institutionnalisées. Pour les historiens et les commentateurs politiques, cette reconnaissance symbolise la capacité d’un État à reconnaître ses erreurs et à réparer, même plusieurs générations après les faits. Elle rappelle que la justice ne se mesure pas uniquement dans l’immédiateté, mais aussi dans la mémoire collective et la rectification des torts passés.




Le geste solennel de l’État français a également une portée symbolique sur le plan international. Il montre que les nations peuvent se confronter à leur histoire, même lorsqu’elle est douloureuse, et en tirer des leçons pour prévenir les injustices contemporaines. L’histoire de Dreyfus illustre la fragilité des droits individuels face aux préjugés et aux passions politiques et souligne l’importance de défendre l’équité et la vérité dans les institutions publiques.


Pour la communauté juive et pour tous ceux qui luttent contre l’intolérance, la promotion de Dreyfus est un signal fort. Elle rappelle que la vigilance contre l’antisémitisme et toutes formes de discrimination doit rester une priorité, et que la mémoire historique est un outil essentiel pour construire une société plus juste. La France, en reconnaissant enfin la vérité et en honorant l’homme qui a payé le prix de l’injustice, envoie un message clair sur sa détermination à apprendre de son passé et à promouvoir la justice pour tous.


La réhabilitation officielle d’Alfred Dreyfus, près de 130 ans après son procès, conclut une page sombre de l’histoire française. Elle réaffirme que les principes de justice et de dignité humaine transcendent le temps et que même les erreurs les plus profondément enracinées peuvent être corrigées, offrant ainsi un exemple de résilience morale et de reconnaissance historique. 


Alfred Dreyfus sera reçu au Panthéon de la République l’été prochain, un hommage solennel à sa mémoire et à la justice rétablie, qui viendra clore, avec gravité et reconnaissance, l’une des pages les plus douloureuses de l’histoire française.






La femme de Barghouti et Trump JBCH N° 646

Après avoir convaincu Macron, Fadwa Barghouti essaye de séduire Trump, et ca risque de marcher .


L’impossible transfiguration d’un assassin en homme providentiel, dans une séquence politique qui confine parfois à l’hypnose collective, la campagne mondiale menée par Fadwa Barghouti pour obtenir la libération de son mari, Marwan Barghouti, atteint un niveau de distorsion morale rarement égalé.



Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette volonté de présenter un homme condamné à cinq peines de prison à perpétuité plus quarante ans, pour avoir aidé à planifier des attaques ayant assassiné des civils, comme le seul capable de diriger un futur État palestinien.


Et plus encore : comme une version orientale de Nelson Mandela, une comparaison qui, à elle seule, devrait suffire à signaler la dérive. Car Mandela a fait 27 ans de prison, mais il n’a assassiné personne.

Fadwa Barghouti

Depuis des mois, Fadwa Barghouti traverse capitales, chancelleries et plateaux télé, cherchant à convaincre l’Occident et même Donald Trump que son mari est la clef de la paix.

À Washington, certains cercles diplomatiques jouent le jeu. Trump lui-même, interrogé par Time Magazine, a laissé entendre qu’il « réfléchissait à une décision ».

Une hésitation qui, en pleine recomposition régionale, a suffi à raviver les spéculations. Pourtant, les faits sont têtus., Marwan Barghouti n’a pas été oublié par erreur dans le dernier échange de prisonniers qui a concerné près de 2 000 détenus palestiniens contre 20 otages israéliens.




Son nom était même en tête de liste des libérations exigées par le Hamas. Israël a refusé catégoriquement, rappelant qu’il s’agit d’un « terroriste condamné pour meurtre ».



Dans la rue arabe de palestine, Barghouti bénéficie depuis vingt ans d’un prestige quasi légendaire, encore renforcé par l’échec des autres dirigeants. À Ramallah, des affiches le montrent levant les mains menottées comme un chef d’État en attente de couronne. Et Fadwa Barghouti, dans sa première interview accordée à un média israélien, insiste :« Marwan représente la paix et la stabilité. »


Mais la réalité judiciaire demeure : cinq condamnations pour meurtre, une implication reconnue dans plusieurs attaques contre des civils, un rôle politique majeur dans la violence de la Seconde Intifada.



Barghouti avec Sinwar


Ce n’est pas le curriculum vitae d’un symbole pacifiste. Ni celui d’un Mandela. Car si Mandela a soutenu la lutte armée contre l’apartheid, il n’a jamais organisé ni approuvé l’assassinat de civils. Comparer les deux hommes revient à manipuler l’histoire — et à dénaturer la notion même de responsabilité.



Il existe aujourd’hui une tentation dangereuse : diluer la responsabilité individuelle dans une sorte de nuage collectif fait d’occupation, d’oppression ou de frustration. On finit par expliquer un meurtre par un « contexte », un attentat par une « cause ». Comme si un acte intentionnel pouvait être redistribué entre un peuple, un système ou une époque.


Mais un crime reste un crime. La justice juge les actes, pas les atmosphères. Et un assassinat n’est pas une métaphore politique c’est une vie ôtée.


L’histoire n’a jamais demandé à Mandela de porter les crimes d’autrui. Il serait donc grotesque de prêter à Mandela les actes de Barghouti.



Fadwa Barghouti, avocate, plaide que son mari n’a jamais ciblé de civils « à l’intérieur de la Ligne verte » et que les colons armés ne sont pas des civils. Une ligne de défense déjà vue, déjà réfutée. Elle affirme également que son mari « a toujours cru à la coexistence », citant ses écrits de 2002.


Mais ces déclarations s’opposent frontalement aux faits judiciaires, aux appels téléphoniques impliquant Barghouti dans des attaques, et aux témoignages recueillis sous serment. La stratégie rappelle un classique : séparer l’homme du crime, puis le transformer en victime, ensuite en héros, enfin en solution politique unique. Un arc narratif parfait pour les chancelleries en quête de symbole. Mais un arc narratif qui oublie les victimes, les familles, les morts.



Nombre de diplomates voient en Barghouti une figure capable de réunifier les factions palestiniennes. C’est vrai. Et c’est probablement ce qui explique, plus que tout, son aura. Du Qatar à l’Égypte, les médiateurs n’ont pas caché leurs appels à Israël pour sa libération. 




La comparaison avec Mandela, répétée par Fadwa Barghouti jusqu’à l’obsession, repose sur une idée simple et erronée : la prison suffirait à sanctifier un homme. Mais Mandela a construit la paix en refusant de devenir ce que l’injustice aurait fait de lui. Barghouti, lui, a cautionné l’assassinat de civils.


Transformer un meurtrier en icône revient à faire fondre la limite essentielle entre la lutte politique et le sang versé. Et c’est précisément cette limite qui fonde la crédibilité d’un futur État.



On peut souhaiter la paix. On peut croire à la transformation des hommes. On peut penser qu’un leader palestinien fort est indispensable.  Mais aucune paix durable ne se construit sur une falsification morale.


Le meurtre est un acte individuel. Il engage l’auteur, pas le peuple. Et surtout pas Mandela.


Le monde peut rêver ce qu’il veut. Le réel, lui, ne rêve pas. Marwan Barghouti reste un homme condamné pour meurtre — pas un prophète de paix.


Et aucune campagne diplomatique, même menée aux quatre coins du globe, ne peut réécrire cette vérité-là. Macron est intervenu plusieurs fois auprès de la Maison Blanche en faveur de Barghouti que le Quai d'Orsay et pro-arabe antisioniste considère malheureusement comme le successeur d'Arafat .