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samedi 22 novembre 2025

Le Dieu Nil en péril ? JBCH N° 661

Le Nil, le Dieu Nil : Fleuve Vital et Source de Tensions Géopolitiques


Le Nil, souvent divinisé dans l’Antiquité égyptienne comme Hapi, le dieu de la crue et de la fertilité, reste un axe indispensable pour l’Afrique du Nord-Est. Long de 6 671 km, il draine un bassin versant de 2,8 millions de km² cinq fois la France – partagé entre dix pays : Égypte, Soudan, Éthiopie, Soudan du Sud, Ouganda, Kenya, Tanzanie, Rwanda, Burundi et République démocratique du Congo .



Essentiel pour plus de 300 millions d’habitants en 2025, il fournit 90 % de l’eau douce égyptienne, irrigue 95 % de ses terres arables et soutient l’industrie et l’énergie. Mais sa rareté en zone aride – moins de 200 mm de pluie par an au sud de Khartoum – en fait un enjeu de survie. 


L’Éthiopie, fournissant 86 % du débit via le Nil Bleu, a inauguré en septembre 2025 le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne (GERD), un projet pharaonique de 5 150 MW doublant sa production électrique . 


Pour l’Égypte (118 millions d’habitants en 2025 ) et le Soudan (47 millions), c’est un casus belli potentiel, exacerbant des tensions millénaires. Plus au sud, le Nil Blanc, issu des Grands Lacs, complète le puzzle hydrique. Ce texte compile l’analyse historique et géographique du Nil, ses enjeux pour l’Égypte, l’exploitation amont et les perspectives de coopération, actualisée au 21 novembre 2025.


Un Fleuve dans le Désert : Géographie et Apports Hydriques La vallée du Nil serpente à travers des déserts impitoyables, où l’isohyète des 200 mm/an barre le Soudan d’est en ouest, passant par Khartoum. Au-dessus, les précipitations sont inférieures à cette limite critique ; en revanche, des zones humides contrastent : plus de 1 000 mm/an dans le sud-est du Soudan, les montagnes éthiopiennes et la région des Grands Lacs (Ouganda, Tanzanie, Rwanda, Burundi) . 


Ces pluies, concentrées de juin à septembre, alimentent le fleuve, dont le débit moyen à Assouan est de 84 milliards de m³/an. Comparé à la France (600-2 000 mm/an), le Nil est un miracle aride.


Le fleuve se divise en deux branches principales : 

le Nil Blanc (long de 3 700 km, 14 % du débit) naît dans les Grands Lacs d’Afrique centrale. Sa source la plus lointaine est le fleuve Kagera au Rwanda, affluent du lac Victoria (Ouganda-Tanzanie-Kenya), puis il traverse l’Ouganda, le Soudan du Sud et le Soudan via le marécage du Sudd, où l’évaporation avale jusqu’à 50 % de son eau 


Le Nil Bleu (1 450 km, 59 % du débit), plus court mais dominant, jaillit du lac Tana en Éthiopie (altitude 1 830 m), traverse les hauts plateaux éthiopiens et rejoint le Nil Blanc à Khartoum . Ses affluents (Sobat 14 %, Atbara 13 %) ajoutent 86 % du total éthiopien. Au total, 90 millions de personnes en 1998 vivaient le long du fleuve ; en 2025, ce chiffre avoisine les 200 millions, avec 118 millions en Égypte et 47 millions au Soudan du Nord, à un taux de croissance de 1,94 % et 2,33 % respectivement (contre 0,49 % en France) .



Cette dépendance démographique est critique : 95 % de la population égyptienne vit sur 4 % du territoire, confiné à la vallée nilotique. Le fleuve irrigue 3 millions d’hectares, produit 80 % de l’hydroélectricité soudanaise et soutient l’industrie égyptienne. Mais l’évaporation (10 milliards de m³/an) et la salinité croissante menacent la fertilité des sols, autrefois enrichis par les limons des crues.


Le Nil, Fleuve Vital pour l’Égypte : Histoire et Défis Actuels : Depuis l’Antiquité, le Nil rythme la vie égyptienne : ses crues estivales déposaient des limons fertilisants, permettant deux récoltes annuelles. Divinisé comme Hapi, il symbolisait la prospérité ; Hérodote le qualifiait de “don du Nil”. 


Post-Seconde Guerre mondiale, l’Égypte modernise son exploitation. Le Haut-Barrage d’Assouan (1956-1971, sous Nasser) est emblématique : 162 milliards de m³ de retenue (90 milliards utiles après évaporation), il régularise les crues, produit 10 000 MW et irrigue 800 000 ha . Financé par l’URSS après refus américain, il répond à l’indépendance soudanaise (1956) et à la politique d’industrialisation par substitution aux importations.




Pourtant, ses effets pervers émergent : blocage des limons oblige à des engrais chimiques; salinisation des sols en aval ; évaporation accrue dans le lac Nasser. En 2025, la disponibilité hydrique égyptienne chute à 337 m³/hab (contre 3 300 en France).


Solutions en cours : projets pharaoniques comme le canal de Toshka (200 000 ha dans le désert occidental) et le canal de la Paix (250 000 ha au Sinaï), pompant l’eau du lac Nasser. Exploitation de la nappe fossile nubienne (500 milliards de m³), non renouvelable, risque l’épuisement en 20 ans. 


Autre axe : rationaliser la demande via l’irrigation goutte-à-goutte (couvrant 20 % des terres en 2025),  ingénierie venant discrètement d'Israël


L’Exploitation Croissante par les Pays Amont : Soudan, Éthiopie et Grands Lacs. Longtemps, l’Égypte ignorait l’amont, percevant le Nil comme un “miracle du désert”. Les Britanniques imposent l’accord de 1929 (Égypte : veto sur les projets amont), suivi du traité égypto-soudanais de 1959  ignorant les 86 % éthiopiens.


Au Soudan, barrages dès 1959 (Roseires, Khashm el-Girba) irriguent la plaine de Gezira (coton, blé).


L’Éthiopie, peu exploitée (0,3 % en 1998), accélère post-Mengistu (1991) et guerre érythréenne (2000). Population : 126 millions en 2025, 60 % sans électricité, sécheresses récurrentes. Addis Abbeba rejette 1959 et le “statut international” du Nil (non navigable intégralement), revendiquant souveraineté sur ses eaux. 



Le GERD (2011-2025, 5 milliards $, financé domestiquement :  Remplissage échelonné (2020-2024) sans accord contraignant ; Égypte dénonce une “menace existentielle”, et le Soudan des inondations potentielles.


En 2025, UE et USA poussent un “plan Mattei” italien pour impliquer l’Italie dans des projets africains, incluant GERD . L’IBN facilite échanges : modélisation climatique, gestion sédiments (GERD piège 100 ans de vase, protégeant Assouan) .


Vers une Gouvernance Partagée du “Dieu Nil”. Le Nil, vital pour l’Égypte et ses 118 millions d’âmes, transcende les frontières : 86 % de son eau éthiopienne irrigue le delta, mais le GERD – symbole d’autonomie africaine – bouleverse l’équilibre. 


Sans accord contraignant en novembre 2025, les tensions persistent : Égypte invoque “acquis historiques”, Éthiopie l'“équité souveraine”, le Soudan stabilité.


 Pourtant, le GERD offre régulation des crues et énergie régionale (export vers Égypte/Soudan), aligné sur la Convention 1997. L’IBN et CFA esquissent une coopération : partage technique, modélisation climatique (sécheresses +20 % d’ici 2050). 


Pour le “Dieu Nil”, un règlement négocié – “give and take” – est impératif : commissions permanentes, arbitrage ONU, investissements verts (irrigation économe). 


Sans cela, le fleuve nourricier risque de devenir source de conflit, appauvrissant les 300 millions dépendants. Comme en 2015, un nouveau Khartoum pourrait transformer la rivalité en alliance, honorant l’héritage millénaire d’Hapi.




Ce que rapporte le Gaz à Israël. JBCH N° 660

Les Réserves de Gaz d’Israël : ce sont des bénéfices Économiques et Perspectives du Fonds Souverain Israélien.


Depuis les découvertes majeures de gaz naturel au début des années 2010, Israël s’est transformé d’un importateur net d’énergie en un producteur et exportateur clé dans l’est de la Méditerranée. 




Les champs offshore dominants – Tamar (découvert en 2009, 11,2 TCF de réserves), Leviathan (2010, 22 TCF), Karish (2013, 2,4 TCF), ainsi que les plus modestes Noa (0,4 TCF), Mari B (0,6 TCF), Sarah et Myra (estimés à 1 TCF combinés) – représentent environ 35 TCF de réserves prouvées en 2025  . 


Le champ terrestre de Heletz (première production en 1955, réserves résiduelles de 0,1 TCF) reste marginal, avec une production annuelle d’environ 0,5 BCM. Nous n'oublions pas qu'une des plus grandes réserves de gaz de schiste, non exploitée pour le moment du fait de l'opposition des partis écologistes se trouve entre la Mer Morte et le Negev.


En 2024, la production totale a atteint 27 BCM, dont 21,5 BCM des Tamar et Leviathan, et 5,8 BCM de Karish  . Ces ressources, exploitées par des consortiums comme Chevron (Leviathan), NewMed Energy (Tamar) et Energean (Karish), couvrent 90 % des besoins domestiques en électricité et génèrent des exportations record vers l’Égypte (130 BCM via un accord de 35 milliards $ signé en août 2025) et la Jordanie .



Au cœur de cette stratégie d’exportation, le projet de gazoduc EastMed , reliant Israël à Chypre, la Grèce et l’Italie sur 1 900 km – vise à contourner la Turquie et à sécuriser un accès direct à l’Europe. Signé en janvier 2020 par Israël, Chypre, Grèce et Italie, avec un coût estimé à 6-7 milliards €, il prévoit une capacité initiale de 10 BCM/an, extensible à 20 BCM  . 



En 2025, malgré des retards dus à des tensions régionales (guerre Israël-Hezbollah, revendications turques), une version allégée (Israël-Chypre via LNG) gagne du terrain, avec des études en cours pour un FID en 2026 . Ces développements posent la question des bénéfices pour Israël : diversification économique, sécurité énergétique et alliances géopolitiques. 




Par ailleurs, les revenus gaziers, couplés à l’excellence technologique israélienne (cybersécurité, IA), pourraient-ils alimenter un fonds souverain robuste ? Cet article explore ces enjeux en trois volets : les bénéfices immédiats du gaz, le rôle d’EastMed, et les perspectives d’un fonds souverain.


Les Bénéfices Économiques et Stratégiques des Réserves de Gaz pour Israël. Les réserves de gaz ont révolutionné l’économie israélienne, passant d’une dépendance à 100 % aux importations (charbon, fuel) en 2010 à une autosuffisance énergétique en 2015. En 2024, la production de 27 BCM a généré 2 milliards $ de revenus fiscaux (royalties et taxes sur profits excédentaires à 280 % pour Tamar et 200 % pour Leviathan), avec une croissance de 86 % des exportations à 13,2 BCM  . Tamar (10,1 BCM/an) et Leviathan (11,3 BCM/an) couvrent 70 % de la demande domestique en électricité, réduisant les émissions de CO2 de 70 % par rapport au charbon et économisant 18 milliards $ depuis 2013 .


 Karish, opérationnel depuis 2022, ajoute 5,8 BCM/an, tandis que Noa et Mari B (déclinants, <1 BCM/an) servent de backup ; Sarah et Myra (développés par NewMed) pourraient ajouter 1 BCM/an d’ici 2027. Heletz, bien que mineur, symbolise l’héritage pétrolier et gazier terrestre, avec une production résiduelle soutenant l’industrie locale.




Économiquement, ces champs ont boosté le PIB : contribution de 2-3 % en 2024, avec 10 000 emplois directs et 50 000 indirects dans l’exploration, la raffinerie et les services . Les exportations – 49 % de la production en 2024 – vers l’Égypte (via LNG pour réexportation) et la Jordanie ont généré 15 milliards $ cumulés depuis 2020, stabilisant les prix domestiques (0,5-0,6 $/MMBtu) et évitant la “maladie hollandaise” via des quotas d’export (max. 50 % des réserves) . 




Géopolitiquement, le gaz renforce les alliances : accords avec la Jordanie (45 BCM sur 15 ans, 10 milliards $) et l’Égypte (130 BCM sur 15 ans) favorisent la paix économique, malgré les tensions (arrêt temporaire des champs en juin 2025 lors du conflit Iran) . En 2025, un partenariat avec l’Azerbaïdjan (SOCAR : 10 % de Tamar, licence Cluster I) diversifie les risques et intègre Israël au corridor énergétique caspien .





Bakou

Ces bénéfices s’étendent à l’innovation : les royalties (12,5 % sur production) financent la R&D en tech gazière (drones sous-marins pour surveillance, IA pour optimisation des champs), alignée sur l’écosystème high-tech israélien (500 milliards $ de capitalisation boursière en tech, 2025). Le gaz réduit la vulnérabilité aux chocs (comme la coupure égyptienne de 2011), avec une production qui devrait atteindre 30 BCM/an d’ici 2030, couvrant les besoins domestiques jusqu’en 2060 .


Le Projet EastMed : Allié Stratégique pour les Exportations et la Sécurité Européenne : Le gazoduc EastMed, signé en 2020 par Israël, Chypre, Grèce et Italie, vise à transporter 10 BCM/an (extensible à 20) des champs Leviathan et Tamar via Chypre (Aphrodite/Glaucus) et la Crète jusqu’en Grèce, puis en Italie via le Poseidon  . Coût : 6-7 milliards €, avec 34,5 millions € de fonds UE (PCI depuis 2013) et un FID visé en 2022, opérationnel en 2025 – mais retardé à 2026-2027 par des défis techniques (profondeur 3 300 m, risques sismiques) et géopolitiques (revendications turques, guerre Hezbollah 2024)  .




Pour Israël, EastMed offre des bénéfices multiples. Économiquement, il ouvre un marché européen premium (prix 8-10 $/MMBtu vs. 5-6 $ pour Égypte/Jordanie), potentiellement 5-10 milliards $/an d’exportations, avec priorité accordée à Israël et Chypre sur les quotas UE . 


Cela diversifie les risques (actuels : 80 % vers Égypte) et monétise les surplus (13 BCM exportés en 2024), boostant les royalties de 20-30 % . Stratégiquement, il renforce l’axe “3+1” (Israël-Grèce-Chypre + USA), contrecarrant l’influence turque (accord Turquie-Libye 2019) et intégrant Israël au Southern Gas Corridor UE, avec exercices militaires conjoints (Noble Dina 2025) . Pour l’Europe, EastMed diversifie les sources (réduisant la dépendance russe de 40 % en 2022 à <30 % en 2025), soutenant la transition verte (gaz comme “pont” vers H2) et favorisant l’hub sud-européen (Grèce-Italie comme alternatives à l’Allemagne) .





Malgré des critiques (coûts élevés, vulnérabilité aux sabotages, impact fossile), une version hybride (gazoduc Israël-Chypre + LNG vers Grèce) émerge en 2025, alignée sur le Green Deal UE (taxonomie gaz 2025)  . Pour Israël, cela consolide son rôle de “puissance énergétique”, avec des bénéfices indirects : attractivité pour FDI (NewMed + SOCAR) et levier diplomatique (soutien US via Pompeo 2019).




Vers une consolidation du  Fonds Souverain Alimenté par le Gaz et la Technologie  Inspiré par le modèle norvégien, Israël a créé le Fonds des Citoyens Israéliens (Keren LeEzraḥei Yisra’el) en juin 2022 pour gérer les “super-profits” gaziers (taxes excédentaires), après un retard dû à la pandémie et aux instabilités politiques  . 


En janvier 2025, il détient 2,05 milliards $ (hausse de 60 % vs. 2024), avec une allocation : 59 % actions, 36 % obligations, 5 % cash . Les royalties (12,5 %) et taxes (4,7 milliards ₪ en 2023) y affluent, visant 130 milliards $ cumulés d’ici 2040 . Géré par la Banque d’Israël, il investit à l’étranger pour éviter l’inflation (maladie hollandaise), finançant éducation, santé et R&D domestique.




Le gaz seul ne suffira pas : avec 2 % du PIB en 2025, les revenus (2 milliards $/an) grandiront à 5 milliards $ d’ici 2030 via EastMed, mais la volatilité (prix gaz -20 % en 2024) limite l’ampleur . 


C’est là qu’intervient la technologie : Israël, “Start-Up Nation” (6 000 startups, 25 % du PIB high-tech), génère 500 milliards $ de valorisation (NASDAQ : 131 firmes). Les royalties gaz (1 milliard $/an pour R&D) boostent cybersécurité (Check Point), IA (Mobileye) et biotech, attirant 25 milliards $ FDI/an  . 


Un fonds souverain élargi, incluant tech (via Israel Innovation Authority), pourrait atteindre 50 milliards $ d’ici 2035, comme le propose le Trésor en 2025 : 30 % gaz, 70 % tech pour diversification (énergie verte, H2 via Leviathan).



Une Énergie pour l’Avenir Les réserves de gaz, via Tamar-Leviathan-Karish, ont conféré à Israël une indépendance énergétique et des revenus de 2 milliards $/an, renforcés par EastMed qui promet diversification européenne et alliances anti-turques. Israël développe dans le Negev d'énormes champs pour produire de l'énergie solaire. 


Couplé à la tech (25 % PIB), cela pave la voie à un fonds souverain mature : de 2 milliards $ en 2025 à potentiellement 50 milliards $ d’ici 2035, finançant innovation et résilience. Sans cela, les risques (géopolitiques, climatiques) pourraient éroder ces gains ; avec, Israël deviendra un hub énergétique-tech, honorant son “miracle économique”.




Le Monde selon Trump. JBCH N° 659

C'et en feuilletant le journal "Le Monde" que je n'apprécie pas, que jai trouvé un schema interessant (pour une fois!) dissequant la pensée des USA de Trump au sujet de la géopolitique du Monde. On remarquera que l'Europe, considéré comme puissance du passé est absente ... 





Le Monde selon Trump : une vision "America First" centrée sur l'Asie

Dans la vision géopolitique de Donald Trump, le monde est une arène de compétition impitoyable où les nations luttent pour la suprématie, sans place pour l'idéalisme multilatéral ou les alliances gratuites. "America First" n'est pas un isolationnisme pur, mais un réalisme transactionnel : les États-Unis doivent dominer économiquement et militairement pour protéger leurs intérêts, en imposant des coûts aux rivaux (Chine, Russie) et en facturant la protection à leurs alliés.


Le monde du 23 Novembre 2025


Trump rejette la "communauté internationale" au profit d'un ordre bipolaire, où Pékin et Moscou cherchent à redessiner les sphères d'influence, menaçant l'hégémonie américaine. Son second mandat, marqué par des nominations hawkish (comme Marco Rubio au Département d'État), accentue cette doctrine : paix par la force, guerres commerciales comme levier, et recentrage sur l'Indo-Pacifique au détriment de l'Europe (Ukraine en tête).




L'Asie est le théâtre central de cette stratégie, car c'est là que se joue "l'avenir du monde libre", selon Trump. La Chine, vue comme une menace existentielle (déficit commercial de 300 milliards de dollars, vol de technologies, influence via la "Route de la Soie"), est le pivot : Trump impose des tariffs "réciproques" (10-60 % sur les importations chinoises, justifiés par le fentanyl et les précurseurs chimiques), forçant Pékin à des concessions (achats massifs de soja américain, reports sur les contrôles d'export de terres rares).




Son tour d'Asie en octobre 2025 – de Kuala Lumpur à Gyeongju – illustre cela : accords bilatéraux avec la Malaisie (70 milliards d'investissements US), la Thaïlande et le Cambodge (paix forcée par menace de tariffs à 36 %, présentée comme un "accord historique"), et le Vietnam (cadres commerciaux préférentiels). Ces "deals" visent à découpler l'Asie de Pékin : diversification des chaînes d'approvisionnement (puces, minéraux critiques avec le Japon et la Corée du Sud), et renforcement des alliances via le Quad et AUKUS.






Pourquoi l'Asie ? Pour Trump, c'est le cœur économique (60 % de la population mondiale, 40 % du PIB) et stratégique : la Chine y étend son emprise (mer de Chine méridionale, Taïwan, alliances avec la Russie et la Corée du Nord). Il y projette une suprématie militaire (déploiement de Marines dans le Pacifique, approbation de sous-marins nucléaires sud-coréens, bases élargies aux Philippines et au Vietnam) tout en monétisant les alliances : le Japon et la Corée doivent payer plus pour leur défense (3 % du PIB pour Tokyo), sous peine de retrait US.



Cela rééquilibre les forces : sphère d'influence américaine (alliés historiques comme le Japon, l'Inde, l'Australie) contre celle chinoise (Pakistan, Iran). Trump se pose en "pacificateur" (cessez-le-feu Israël-Hamas étendu, ouverture à Kim Jong-un), mais c'est du bluff transactionnel pour isoler Xi Jinping.



Cette approche risque de fracturer l'Asie : les ASEAN, coincés entre tariffs US et investissements chinois, optent pour l'équilibre, tandis que les tariffs (déjà à 145 % en avril 2025) boostent l'intra-asiatique, affaiblissant l'Amérique à long terme.

Trump a de nouveau pris rendez-vous avec PyongYang



Pourtant, pour Trump, imposer sa loi en Asie – via "paix par la force" et business forcé – restaure la grandeur US, évitant un déclin face à un "empire rouge" dominant. Un monde où l'Amérique gagne, ou rien.