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mercredi 11 octobre 2017

L'Europe ... nouvelle vision

Catalogne … le début d’une révolution pour former enfin l’Europe


BCH


J ai toujours rêvé d’ habiter dans une Europe forte, fière et qui pourrait enfin faire face aux Etats Unis à la Russie, à la Chine à l’Inde …

Mais les Etats tels qu ils sont à ce jour, jacobins, centralisés, avec leurs dirigeants, leurs fonctionnaires ne peuvent imaginer perdre le pouvoir, même si c’est pour établir une grande cause.

Dans ces états (ils sont 27 si on prend en considération l’éventuelle sortie de l’Angleterre … Brexit), tout est centralisé autour d’une capitale, comme sous Napoléon au début du XIXème siècle.

En 1945, des hommes éclairés ont voulu que cette Europe en finisse définitivement avec la Guerre…

En 1951, à Paris Jean Monnet et Robert Schuman travaillent ensemble en créent la CECA Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier)

Le 25 Mars1957, le Traité de Rome est signé  et la CEE est créée par les six premiers pays France, Allemagne Italie et Benelux.
Ce traité a engendré l’Euratom, l’Assemblée Européenne,  la Cour Européenne de justice … …

En 2002 le Drapeau Européen est hissé au Traité de Nice, et en 2007  après un référendum désastreux,  la constitution européenne préparée par Giscard d’Estaing est rejetée, et le Traité de Lisbonne est signé par les 28 pays qui formaient l’Union Européenne.

L’Europe fabrique alors une administration ingérable et tentaculaire à Bruxelles, administration mise a mal par des lobbies, on en paiera le prix plus tard.

Rien n’avance … ni l’unité fiscale pourtant nécessaire, ni l’unité économique  ni l’unité d une force armée, laissant à l’OTAN le soin de défendre les territoires, ni une unité sociale, devenue indispensable avec l’arrivée des anciens pays du bloc de l’est,

Le seul résultat positif a été l’unité de la monnaie avec l’Euro (€) qui fait la fierté des véritables démocrates d’Europe ;

Alors la solution pour avancer, c’est au grand dam des puissants politiques égoïstes, et autres énarques de faire éclater tous les pays, de donner de l’autonomie ou de l’indépendance à chaque région … Imaginez la région PACA, négocier avec la Bavière, la Toscane avec la Wallonie, la Catalogne avec le Brabant … …

Obligation cette fois ci d’avoir un parlement et un gouvernement fédéral ou confédéral et d’unifier tous les pouvoirs régaliens …

Une Constitution, une monnaie, une armée, une politique étrangère, une fiscalité, un seul droit du Travail , un seul code social … une seule éducation pour les enfants, pour un grand pays de 450 millions d’habitants (hors Brexit) peut être le plus grand voire le plus puissant pays du monde.

Pour arriver à cette fin, il faudra des années et des années, mais si on le veut, on peut préparer dès aujourd’hui le terrain en libérant et en accueillant une Ecosse libre, une Catalogne libre,

Si non, il ne pourra jamais y avoir une Europe forte, les conditions ne sont pas réunies pour une unité … pour l’avoir il nous faut des hommes politiques visionnaires qui sauront éviter les peaux de bananes envoyées par les USA ou par la Russie qui ne veulent pas qu’émerge cette super puissance … L’Europe !









Saint Pancrace !

Saint Pancrace

BCH
Mon premier vrai Job


Saint Pancrace 1970

Le métier de papa était celui de Rédacteur en Chef technique au sein de l’équipe dirigeante du journal France-Soir. Mais il avait deux autres activités, celui de donner des nouvelles brèves pour les informations diffusées sur tous les journaux lumineux de la Côte d’Azur, et celui de mettre en route avec radio Luxembourg l’émission d’actualité … Dix millions d’auditeurs qui était diffusée à 19 heures. L’équipe de France Soir était composée de Jean Pierre Hutin et de papa, l’équipe de Radio Luxembourg, de Jacques Ferrand et de Michel Ferry accompagnés par les commentaires savoureux de Me Geneviève Taboui.

La radio, papa connaissait déjà puisqu’il envoyait ses articles de Tunis vers Radio Luxembourg et radio Monte Carlo, radios qui avaient pris un essor important avec l’arrivée du transistor qui a permis jusqu’à Tunis de recevoir des émissions en Grandes Ondes.

La Presse écrite il y était rentré, bac en poche à Tunis au Journal La Presse, en tant que coursier puis il a monté toutes les marches d’un petit journal. Il a ajouté les cartes d’envoyé spécial de la plus grande Agence de Presse Britannique : l’Agence Reuter, et recevait de nombreux collègue prononçant un anglais parfait, celui de Cambridge ou d’Oxford, ce qui ravissait maman. Celui dont je me souviens était Monsieur Bush, grand, blond, il avait essayé de séduire ma tante paulette, et venait très souvent pour goûter le fameux couscous tunisien et il en a fait la réputation dans toutes ses pérégrinations à travers le monde.




Les journaux lumineux, c’était un plus, pour arrondir les fins de mois, il fallait trouver les dix plus importantes informations de la journée et les envoyer par téléphone à la société que dirigeait Monsieur Claude Gard, le directeur général.

Diplôme de l’EDC en poche, j’avais besoin de mieux connaître le monde du travail, je n’avais que de petites expériences, chez Hispano-Suiza, pour faire des devis pour la réparation de sièges éjectables de mirages vendus à l’Afrique du Sud. Des études pour la fiabilité des trains d’atterrissage du Concorde, puis mon stage de seconde année chez Rank Xerox, à Aulnay Sous Bois, dans la gestion des livraisons de photocopieurs, et enfin dans la compagnie pétrolière Shell, dans laquelle je me familiarisais à l utilisation des fameux ordinateurs General Electric Honeywell Bull, premiers ordinateurs à cartes perforées, et je m’initiais aux nouveaux langages comme le PL1, le Fortran, le Cobol.

Claude Gard avait besoin d’un commercial pour développer son affaire car les informations envoyées par papa étaient coupées d’une publicité.

Etant libre Papa m’envoie à Nice pour travailler chez Gard, une mission temporaire qui m’aurait permis d’être au soleil dans le sud, de partager le plaisir des plages et des jouissances nautiques et aussi de travailler.

A l’époque, je roulais en Fiat 500, fiat que je partageais avec Michel qui venait d’avoir son permis.

Pour l’occasion nous avons acheté une Ford Taunus bleue, chez Georges Zaitoun, une perle rare d’après ses dires, une exception à un prix dérisoire,… nous allons donc chercher Michel et moi rue Nollet dans le 17éme le fameux objet rare, et décidons de faire un tour dans Paris, tout fiers car par rapport à la fiat 500 c’était effectivement un monstre.

Porte de Clichy, Périphérique et sortie par les quais rive droite …. Et tout d’un coup, devant la maison de la radio voilà que le manche du changement de vitesse resta dans ma main, la voiture ne pouvait plus avancer, nous en avions pris livraison il y a 20 minutes.

C’est avec cette voiture que je quittais le domicile familial, premier long départ, laissant la Fiat 500 à Michel.
 

D’une traite, je traversais la France et arrivait à Nice où m’attendait Claude Gard, un homme grand, 1,90 m, beau blond, la bonne quarantaine qui était accompagné d’une toute petite femme qui devait à peine dépasser 1,55 m. c’était en fait sa petite amie, qui lui servait aussi de secrétaire et d’agent de communication efficace, car les journaux lumineux n’étaient pas la seule activité de notre ami.

Il possédait une agence de location de scooters, agence à prix discount, qui était référencée dans tous les guides touristiques américains.

Et pour vendre plus, dès qu’il apprenait qu’un croiseur ou un porte avion américain mouillait au large de Monaco, accompagné de son amie, en petite tenue , sexy, si efficace pour convaincre, il distribuait sur le quai des bons de réduction aux marins qui avaient une permission et le soir même, son garage était vide, il avait tout loué.

Il me déposa dans l’hôtel petit prix qu’il avait réservé pour moi. Mais c’était un hôtel de passe et je passais la pire nuit de ma vie, portes qui claquent, robinets qui coulent, cris perçus au travers des parois fines comme du papier à cigarette.

Avec des yeux d’un jeune homme qui n’avait pas dormi, je me mis à la recherche d’une chambre, au coin de la rue, il y avait un bar, j’y étais à 7 heures, au petit matin, et en prenant mon café, je parcouru les annonces de Nice Matin, rubrique Immobilier Location. Je trouvais une chambre dans une villa avec une entrée indépendante, pour le tarif que je m’étais fixé, je téléphone et je prends rendez-vous dans la matinée avec Monsieur et Madame Nuza, Chemin des crêtes de Féric à Saint Pancrace.

Pour y aller, je traversais tout Nice de bas en haut, de ma mer à la Montagne, puis il y avait une route en lacets qui montait , une dizaine de lacets escarpés, après une bonne demi heure à partir de la Croisette des Anglais, je ne m’attendais pas à ce que ce soit si loin… on arrivait sur un petit plateau parcouru par de petits vallons , des restaurants de prestige avec vue imprenable d’un côté sur la ville et la mer, et de l autre la montagne du Mercantour, cette commune ralliée depuis à Nice était habitée par une population aisée et âgée.

Monsieur Nuza, gentleman m’ouvrit la porte et nous avons signé. La chambre faisait 15 M2, avait un petit lit, une cuisine et une douche, le tout était indépendant, on y accédait par un petit escalier extérieur qui donnait sur une sorte de cour où je pouvais garer la Ford.

La fenêtre m’offrait un spectacle unique, je pouvais voir la mer, les avions atterrir, au loin et les premières constructions avec ses grandes grues de la construction de l’ensemble immobilier Marina la Baie des Anges.




Me voilà au travail, faisant le porte à porte, magasin par magasin pour vendre les espaces publicitaires des journaux.

Les journaux étaient très bien placés aux centres névralgiques des villes, la technologie était ancienne car l’électronique n’en était qu’à ses début, il s’agissait de taper des lettres en forme de petits tous pour le texte un trou par ampoule, et de passer la bande en carton dans un bain de mercure … Je ne l’ai fait que rarement, seulement la nuit pour annoncer les résultats des matches de foot surtout de Monaco, de l’Olympique de Marseille et de l’OGC Nice.

Ce travail au porte à porte m’a permis la persévérance, l’obstination, et la réalisation d’une vente , la première était pour des promotions dans un magasin de lingerie féminine … Quel plaisir de remettre le chèque à Claude Gard, et dès la première vente, le travail semble plus facile, on prend du poids, j ai fait aussi le tour de toutes les boîtes de nuit, avec un certain succès, et des casinos …Le Club de Valbonne, la Siesta, et bien d’autres avaient mordu à l’hameçon. Ma technique de vente se raffinait avec des outils marketing que j’avais entièrement inventé, parts de marché, fréquence de passage, nombre de spectateurs, bien sûr, tous ces chiffres que j’avais transformé en graphiques, étaient bidon mais efficaces.




Mes plus beaux contrats ont été ceux des 3 Jours J des Galeries Lafayette de Nice, et celui signé par Monsieur Pellerin (j’appris qu’il s’appelait en fait Hagège) pour la promotion de Marina la Baie des Anges.

A midi, les magasins fermaient tous à cette époque, les commerçants rentraient chez eux pour déjeuner et faire la sieste, ou allaient à la plage, c’est ce que je fis entre 12 heures et 16 heures, j ai pu visiter et fréquenter toutes les plages de Menton à Toulon.
 

Je passais du temps aussi pour contempler à partir de Cap 300 l’atterrissage toujours impeccable des avions sur la piste de l’aéroport de Nice, piste construite sur la mer. Souvent je retournais le soir à la plage, où je rencontrai les Granara, qui venaient de perdre leur père, d’origine maltaise et sicilienne, devenus français en Tunisie, et qui étaient accompagnés de Pépin de Bulle, leur oncle douanier, célibataire et au comportement nonchalant. Il était paresseux. C’est le prototype du douanier, fonctionnaire français.

En rentrant un soir à Saint Pancrace, je vois une trentaine de limousines noires garées dans les petites rues en pente du village, il y avait de nombreux chauffeurs en costumes noirs. La villa était éclairés mais le silence régnait … Monsieur Nuza rassemblait ses amis,




J’appris plus tard que M Nuza, ce Monsieur si posé, si calme au charma indéfini, il était le parrain de la région, il était à la retraite, mais régnait en maître absolu sur la pègre de la région, et tranchait les litiges, tel un juge, mais un juge du mal. Quant à Madame Nuza, si prude, si sévère, qui me faisait si souvent la morale sur mes fréquentations , j appris que c’était une ancienne dame maquerelle, qui tenait une maison close à Nice, et qui elle aussi recevait, mais dans l’après midi.

Mes parents sont venus me rendre visite, Papa trouvant mon studio très sale se mit à faire le ménage, un ménage de pessah, c’est peu dire. Ils ont habité une semaine chez moi, et m’ont gâté. Je retrouvais ma liberté avec leur départ
 

Visite en Fiat 500 de Michel qui avait fait la route d’une traite, que rejoignait Jacques Barkatz venu en train battant son record de resquilleur amateur.

Ils restèrent quelques jours, puis décidèrent de se rendre en Yougoslavie, à Split plus précisément. Ils négocièrent l’échange des véhicules me laissant la Fiat et prenant la Ford … Je ne devais plus jamais revoir ma Ford, pardon si seule sur un wagon, quelques mois plus tard, Mondial assistance avait payé le rapatriement, je la retrouvais seule, sur un wagon plateau, ma voiture sans roue, sans accessoires, sans porte, bref une épave. Je téléphonais à Georges Zaitoun qui la vendit à la casse. Michel et Jacques avaient garé la voiture imprudemment à Split pour voir un match de foot, mais à cette époque cette partie de la Yougoslavie devenue Croatie n’était pas sure voire même occupé par des bandes en quête de rapines. Le manque de pièces détachées pour les automobiles avaient créé un marché noir, parallèle, et les deux lascars victimes, étaient rentrés en train, directement à Paris, m annonçant la mauvaise nouvelle, Michel critiquant Jacques pour son alimentation, Jacques ne mangeait à l’époque de la nourriture cacher.

Claude Gard ne m’avait pas payé mes commissions, je me trouvais fauché et au bout de quelques mois, et je du rentrer à Paris.
 

Un an après je reçu un chèque de 20 000 francs anciens , de sa part, juste récompense d’un séjour inoubliable à saint Pancrace. J’étais riche.









Plus de doutes sur ce qu'a été de Gaulle

De Gaulle


Le 18 juin c est un Grand de Gaulle à Londres entouré de juifs comme René Cassin, Mendes France, Maurice Schumann, Raymond Aaron, André Gillois, André Weill, Jean-Louis Crémieux, François Jacob et bien d autres ... ...

Mais en 1967 (Guerre des 6 jours) ce Général vieillissant et autoritaire leur tourne le dos .., "ce peuple fier de lui et dominateur" ... et prive l Etat juif Israël d'armes indispensables pour sa survie ... pire il propose de livrer et livre les armes conçues et commandées par les israéliens aux pays arabes ...

Le bilan de cet homme héros de 1940 l'a transformé après son choix sur l'Algérie ; et aussi après l’abandon de  la cause sioniste en 1967   pour se diriger vers les arabes en un pitoyable vieillard antisémite et nauséabond et a laissé pour des siècles une trace antisémite au quai d'Orsay.




mardi 10 octobre 2017

Roger Cohen Témoignage Tunisie 1942

André Cohen-Hadria, mon papa a été raflé a 17 ans pour travailler dans un camp de travail à Bizerte.. Il s'en est sorti avec une hernie, un dos cassé par les coups de botte des nazis sur ses reins,  le paludisme qui a empoisonné sa vie, la malaria et un début de typhus qui ... Lui a sauvé la vie.

N oubliez jamais qu'après la déportation suivi de l’assassinat des juifs de Salonique, les nazis, pris en tenaille par les armées de Montgomery au sud et par les américains à l'ouest, menaient leur projet d'exterminer les 150 000 juifs de Tunisie ... ... BCH


Les Juifs de Tunisie sous l’occupation nazie 1942-1943 Par le Dr  Roger Cohen

Josette me fit stopper la voiture devant une villa qui baignait dans la verdure.
Là, habitait Alice.

De tous les témoignages que j’ai recueillis sur les affres que vécurent les Juifs de Tunisie sous l’occupation nazie, il en est qui vous marquent plus que d’autres. Celui-ci pour la peine et la douleur morale qu’il exprime, celui-la pour la haine et l’esprit de rancune qui en émane.

Le témoignage d’Alice, lui, m’a profondément remué par sa langue didactique, virulente et largement documentée. Pour elle, l’Histoire avec un grand « H », exige de ses chercheurs la rectitude qu’impose l’esprit de justice : l’éthique historique est avant tout un humanisme moral.

Imbue d’histoire, elle insistait sur le fait que « son sionisme » était le fruit direct de ce qu’elle avait vu et ressenti, en tant que Juive, pendant l’occupation nazie, et des informations qu’elle avait recueillies sur la Shoah des Juifs d’Europe.

Alice était une petite femme menue et dynamique, aux lèvres épaisses et aux traits prononcés, à la verve foisonnante, aux gestes rapides et à la démarche énergique. Elle et Josette s’embrassèrent longuement, chuchotèrent quelques mots que je ne pus saisir et qui les firent partir d’un bon rire. Leur chaude camaraderie me mit de suite à l’aise.

Josette nous présenta. « Alice est férue d’histoire, dit-elle. Elle dévore tout ce qui peut-être qualifié d’historique dans la librairie qu’elle dirige. Nous nous entretenons souvent au téléphone sur ses découvertes et sur les nouveaux romans historiques qui lui passent sous la main ».
Puis elle lui expliqua ce que je faisais, mais Alice l’arrêta net.

« Ne sois pas envahissante, Josette, laisse-moi faire la connaissance d’Etienne, sans ta tutelle. Ce qu’il fait a moins d’importance que ce qu’il est, lui dit-elle. Vous êtes le bienvenu, Etienne. »
Elle nous servit un excellent café accompagné de pâtisseries tunisiennes, et après les échanges des salamalecs d’usage, je lui posais quelques questions en guise d’introduction.

Mais elle eut un geste éloquent de la main comme pour balayer les points sur lesquels je désirai conduire son témoignage et me dit « Je vais vous raconter pourquoi j’ai fait mon alya. Car celle-ci découle en droite ligne de ce que vous cherchez à recueillir sur l’occupation nazie et les Juifs de Tunisie pendant les six mois que nous avons vécus « sous la botte nazie », entre 1942 et 1943. Car il faut que vous sachiez que je fais remonter mon alya à l’occupation allemande en Tunisie, à la conduite de nos compatriotes français non juifs et à celle de nos voisins arabes tunisiens à notre égard – pas tous, heureusement.

Ils nous ont enseignés, en travaux pratiques, ce que valait un peuple sans patrie.

Nous avons été traités par eux, pendant cette période, non comme des compatriotes, mais comme des étrangers, des parias. Et cela uniquement parce que nous étions Juifs, que nous appartenions à ce peuple sans patrie. Comme si nous étions des hôtes indésirables soumis à leur merci, des ennemis dont la vie dépendait de leur bon plaisir.

Je ne sais pas si on vous a raconté la manière dont les Juifs des autres villes comme Sfax ou bien Sousse ont vécu cette occupation. A Tunis les conditions des Juifs étaient bien pires qu’à Sfax. La communauté de Sfax, par exemple, était relativement riche. Celle de Tunis, par contre, n’arrivait pas à répondre à tous ceux que la guerre avait jetés dans le cercle des nécessiteux.

Nous étions Français et la France nous avait abandonnés aux mains des Nazis, tandis qu’elle continuait à se soucier, attentionnée, du sort des Français non Juifs.

Les Juifs non français, étaient pour la plupart Tunisiens, et le Bey de Tunisie, lui aussi, les avait abandonnés aux mains des Nazis. Nous avons vécu des scènes pénibles lorsque nos compatriotes arabes, pas tous heureusement, nous conspuaient et nous menaçaient.

Ce ne furent pas leurs compatriotes qui les en empêchaient, mais les soldats allemands de peur que leur haine ne dégénère en exactions contre les colons français.

Comment croyez-vous que j’ai vécu, vers sept ans, le départ de mon père pour le Camp de Travail de Bizerte ? Que j’ai vécu son retour, amaigri et couvert de poux, faible et frappé soudain, lui si volubile auparavant, d’un mutisme qui ne l’a plus quitté jusqu’à sa mort ? Comment croyez-vous que j’ai vécu cette angoisse quotidienne, que nos voisins européens et les dénonciateurs arabes ne mouchardent que nous cachions mon frère, qui n’était âgé que de treize ans, mais qui en faisait dix-sept ? Non tremblions non seulement des rafles allemandes, mais encore des fonctionnaires du Judenradt de la Communauté juive sous les ordres de Paul Guez, qui recherchaient les ‘planqués’.

Honte à eux, car ce même Judenradt avait trouvé une solution bureaucratique pour dispenser les fils des riches et ceux des notables juifs, du travail dans les Camps, alors qu’ils ne souffraient d’aucun handicap physique.
Et je ne parle pas des privations, des problèmes de scolarité, de la peur que tout notre quartier ne saute sous les bombes alliées, car il était situé non loin de la poudrière, où l’armée allemande avait déposé ses munitions et ses explosifs.

Notre famille proche avait quitté la ville pour se mettre à l’abri. Que pouvait faire une jeune femme seule comme ma mère, avec deux jeunes enfants ? Comment les protéger ? Comment les nourrir, si ce n’est en comptant sur les Caisses de la Communauté qui étaient vides, et devant les bureaux de laquelle se pressait la file des quémandeurs d’aide ?

Et croyez-moi, j’en passe. J’en passe, parce que comparé à l’enfer que les Juifs d’Europe ont vécu sous ‘la botte nazie’, en Tunisie c’était tout juste le purgatoire. Comparé à l’inoubliable trahison de ceux avec qui ils vivaient en bonne entente et en bon voisinage, en France ou en Pologne, jusqu’à ce que ‘la haine brune’ leur ait fait tourner casaque, en Tunisie la trahison des non Juifs fut vite brouillée afin que la mémoire collective l’occultât, luttant en cela contre les témoignages personnels qui s’appuyaient sur les ‘mémoires’ individuelles ou familiales.

Cependant, le dénominateur commun, cette chose commune, qui unissait ces trahisons était indélébile. Qu’elles se soient déroulées en Pologne ou en Tunisie, ces trahisons ont laissé dans les âmes des blessures inguérissables. Ce dénominateur commun qui les unissait était composé des effluves de l’inconscient collectif anti-juif, partout les mêmes.

 C’est comme si, en fait, ‘les autres’, les Non Juifs, n’attendaient qu’une chose : que la vague de fond de la haine nazie ne déferle, pour se défouler contre les Juifs, pour donner libre cours, en soupirant d’aise, à leur propre haine.

Un penseur pré sioniste, Léo Lev Pinsker, médecin de profession et versé dans les théories de la psychologie des foules qui prenait corps à la fin du 19ème, a défini cette haine des Juifs, en 1882, dans son livre ‘Auto émancipation’, comme étant une phobie, une ‘Judéophobie’.

Cette phobie ancestrale, qui remontait à la surface des sociétés chaque fois que les remous sociaux les agitaient, avait de nouveau fait son apparition, portée par le vecteur de la haine nazie qui, en s’appuyant sur la ‘trahison des clercs’, appliquait les mêmes méthodes, tendue vers le même but à l’égard des Juifs, partout où elle déferlait. Partout, elle comportait les mêmes étapes, et les mêmes moyens y étaient mis en oeuvre :

D’abord, isoler les Juifs du reste de la population après les avoir regroupés. Comme on isole des malades atteints d’une maladie contagieuse grave, comme on isolait au Moyen Age les pestiférés, comme on isole les lépreux dans des léproseries, ils isolèrent les Juifs dans les Ghettos juifs aux hautes murailles physiques et sociales, comme à Varsovie.

Ensuite, les livrer aux exactions de la population occupée, afin que celle-ci voie dans ceux qui l’ont conquise des sauveurs et non des ennemis.

Puis, les affamer, les dépouiller, les priver de leurs biens, de leurs droits, de leur dignité humaine, afin qu’ils se soumettent plus facilement.

Au stade suivant, il s’agissait de les effrayer et les diviser afin de mieux les ‘manipuler’.
Enfin, il fallait les exploiter et les briser dans des travaux rudes, en se conduisant avec eux, pire que s’il ne s’agissait de bêtes, jusqu’à leur épuisement total.

Il ne restait plus alors, que de brûler ces épaves humaines et si les conditions l’exigeaient, passer de la première étape à la dernière sans s’attarder sur les autres.

Détrompez-vous, je n ‘ai pas évoqué ici les méthodes appliquées par les Nazis dans les Camps de Concentration en Pologne, mais celles qu’ils pratiquaient là où se trouvaient les Juifs.

Le ‘but final’, comme partout ailleurs où cette ‘haine brune’ agissait, était l’extermination des Juifs. Ou bien ceux-ci, avant les crématoires, mouraient d’épuisement dû à la rudesse des taches dont ils devaient s’acquitter dans les Camps de Travail, ou bien ils mouraient de mal nutrition, de maladie – ou bien des bombardements alliés.

A Tunis, les Nazis avaient mis en marche ces différentes étapes et avaient commencé à mettre en œuvre les moyens qu’ils avaient rodés en Europe pour atteindre leur but. Ils avaient même commencé à construire, à Djebel Djelloud des crématoires, qu’ils n’ont pas eu le temps d’utiliser. Les historiens vous diront qu’ils n’ont retrouvé aucun document d’archives témoignant de ce fait, et que les témoignages visuels des Juifs qui ont vécu cette période ne sont pas valables.

Mais nos parents et leurs amis nous ont assuré que ceux-ci ont existé. Qui croire ? En ce domaine nous avons reçu une bonne leçon, il me semble, de Faurisson et des historiens révisionnistes qui soutiennent la même thèse au sujet de la Shoah et des ordres d’Hitler à ses lieutenants quant à l’extermination des Juifs.

A Tunis, nous avons connu toutes les séquences, toute la suite ordonnée des éléments qui composaient la chaîne de la démarche qu’empruntait la haine nazie dans son application. J’ai moi-même vécu, enfant, tous ses stades. J’ai été séparée de mes camarades de classe, et notre voisine juive commença à coudre sur les vêtements de sa famille l’étoile jaune, quoique, en fin de compte, nous ne l’ayons pas portée.

 Mon père et les autres Travailleurs Forcés, eux, l’ont portée. Je me souviens des Travailleurs Juifs, défilant sur l’Avenue de Londres, marqués de l’étoile jaune, la pioche ou la pelle sur l’épaule, se rendant à leur travail dans les camps sous les insultes et les huées des arabes tunisiens, et protégés par des soldats allemands ; je me souviens de la faim qui me tenaillait et de la honte que j’en ressentais ; je me souviens, que les Allemands, qui avaient reçu les noms et les adresses des familles juives par les Bureaux de la Communauté, étaient venus vider notre maison de tous les objets de valeur, vidant les tiroirs et les armoires, embarquant le poste de radio, les radiateurs et les ventilateurs, les grands miroirs qui faisaient office de porte d’armoire, même celui de la salle de bain, les rideaux de velours du salon. Ils avaient tout pillé ; ma mère regardait en silence, en pleurant et en me serrant dans ses bras, tandis qu’elle pensait à mon frère qu’elle avait fait fuir à temps par la porte de service qui donnait sur l’arrière cour.

Je me souviens, que la nuit, ma mère bloquait notre porte d’entrée à l’aide de la lourde table de la cuisine, afin disait-elle, qu’on ne puisse pas la forcer et nous surprendre dans notre sommeil. Je compris, plus tard, qu’elle craignait que les voyous arabes qui passaient leurs journées à déambuler dans les quartiers juifs plus cossus que celui du ghetto de La Hara, dont le notre, proche du Belvédère, ne mettent leurs menaces à exécution. Lorsqu’elle se rendait chez les commerçants du coin, ils l’interpellaient, la menaçant de la violer ou de conduire à la maison des soldats allemands ivres, les nuits où le couvre-feu n’était pas imposé sur la ville.

En ce sens, je rejette l’interprétation de certains historiens qui soutiennent que les responsables de la Communauté, et à leur tête Moïse Borgel et Paul Guez, avaient collaboré avec les Nazis dans le bien de tous les membres de la Communauté. A mon avis, ils l’ont fait dans le bien des nantis et de leurs proches, au détriment de la majorité des membres de la Communauté. Cette thèse que soutiennent certains historiens et qui va dans le sens de la thèse de Paul Guez et des gros Bourgeois Juifs de Tunis, me rappelle étrangement celle des Vichystes quant à la conduite de Pétain et de ses acolytes. Ceux-ci, après la guerre, ont été jugés et condamnés.

Mais, en Tunisie, aucun procès n’a eu lieu afin de vérifier le caractère de l’activité du Judenradt de Tunis à l’égard des membres de la Communauté Juive, et celui de sa collaboration avec le pouvoir nazi. Même les victimes se sont tues. Pourquoi ? Sans doute parce que, comparée à la souffrance qu’ont vécu les victimes juives en Europe, celle des Juifs de Tunisie ne représentait trois fois rien.
Et pourtant il y eut des morts, des déportés, des assassinats, des viols, des pillages, des dommages physiques et psychologiques irréparables.

Est-ce que ceux-ci auraient pu être évités, si les Chefs de la Communauté, surmontant la frayeur que leur avait insufflait Rauf le Terrible, lorsqu’il les avait menacés personnellement, en faisant claquer son fouet, de les traiter comme il avait traité les chefs des communautés en Pologne, s’étaient conduits comme certains des leaders juifs responsables de leur communauté en Europe? Nous savons qu’en Pologne, certains Chefs de certains Judenradts avaient refusé de collaborer avec les Nazis, et en payant de leur vie leur geste, ils avaient freiné, dans une certaine mesure, le processus enclenché par les bourreaux.

Est-ce que ces blessures indélébiles auraient pu être évités, s’ils les leaders du judenradt de Tunis avaient refusé de collaborer avec le pouvoir Nazi ? S’ils n’avaient pas exécuté avec un zèle étonnant,

les ordres et les directives que leur imposaient les S.S. ?
Ce sont des questions auxquelles il serait honnête de répondre !
Pourquoi, puisqu’il y a prescription du point de vue de la Justice des Hommes, aucun historien n’a exigé un Procès historique ?

Je suppose, quant à moi, que la réponse se résume au fait qu’en tant que Juifs, nous avons une certaine réticence d’accuser d’autres Juifs de nos malheurs pendant la seconde guerre mondiale, et cela afin de ne pas détourner notre accusation du véritable bourreau, qui est, sans l’ombre d’un doute, le bourreau Nazi.

C’est lui qui a mis nos compatriotes dans des situations presque impossibles à gérer.
Et cependant, il serait bon que la vérité historique sur ce sujet soit faite.

Si nous ne perdons pas de vue que les Allemands n’ont occupé la Tunisie que pendant six mois et qu’ils étaient sans cesse harcelés par les troupes alliées. Si nous ne négligeons pas le fait qu’ils étaient incapables sans la collaboration des indigènes, des Vichystes et du Judenradt Juif de mener à bien leurs sévices contre les Juifs. Il nous serait alors difficile de ne pas arriver à d’autres conclusions que celles auxquelles sont arrivés la plupart des historiens qui ont étudié cette période malheureuse de l’histoire des Juifs de Tunisie.

Je me prends parfois à penser, poussée par la logique de mon analyse, qu’en collaborant avec la ‘haine brune’, les chefs de la Communauté ‘ont vendu leur âme, à Satan’. Et ce mot n’est pas de moi, mais d’un juge israélien, qui après la guerre avait été appelé à juger un des leaders Juifs hongrois pour sa collaboration avec les Nazis. Car je crois qu’on ne peut pas frayer avec les Forces du Mal sans en être contaminé.

Même si on a le sentiment qu’on le fait afin d’engendrer un bien. Cette pensée en elle-même est une ineptie. Le Bien et le Mal sont antinomiques. Comme l’huile et l’eau, on ne peut les mélanger ! Essayer de les rapprocher est contre nature. C’est une contre morale.

Sachez que les familles des travailleurs forcés, accusaient les responsables de la communauté de veiller à ce que leurs proches et les fils des notables et des nantis juifs n’apparaissent pas sur les listes de ceux qui devaient être envoyés dans les Camps de Travail. Leur mécontentement dégénéra en manifestations violentes devant les Bureaux de la communauté où les parents et les femmes des Travailleurs Forcés les avaient pris en partie.

Ma mère m’avait entraînée avec elle à une de ces manifestations, et je me souviens fort bien des insultes, des injures, des malédictions qui furent déversées sur les responsables. J’en étais toute remuée. C’était la première fois que j’avais vu ma mère dans cet état. C’était la première fois que je voyais des femmes juives, si dignes d’habitude, se déchaîner ainsi. Notre voisine, par exemple, qui était d’une douceur et d’une retenue exemplaire, bouscula avec violence le petit fonctionnaire qui essayait de calmer la foule, alors que les responsables ne daignaient pas intervenir et parler à la ‘populace’.

‘ Il faut savoir te défendre et te révolter quand on te fait une injustice, quand tu as raison, m‘expliqua ma mère après cette manifestation’. Je n’ai jamais oublié sa leçon, ajouta Alice !

Les responsables, qui méprisaient ‘le bas peuple’, n’avaient pas réagi à ces manifestations. Ils étaient persuadés qu’en collaborant avec les Allemands et en prenant ces mesures discriminatoires, ils agissaient comme il le fallait. Pour eux, ce bas peuple ne comprenait rien, et il ne valait même pas la peine qu’ils essaient de le persuader.

 Lorsque ma mère m’avait dit cela, je me disais qu’elle parlait sous l’effet de l’amertume. Ce n’est que plus tard, en lisant le livre de Paul Guez qui s’efforçait de justifier cette conduite, que je vis que celui-ci soutenait ce que ma mère m’avait dit.

Ce qui les fit bouger, c’est la police allemande qui, ayant été informée par des dénonciateurs juifs, fit une descente dans les bureaux de la Communauté pour dénicher ses ‘planqués’, qui au dire des responsables étaient indispensables à la bonne mobilisation des Travailleurs Forcés. Thèse que rejetèrent les S.S, qui en mobilisèrent sept qui furent envoyés au Camp de Bizerte où travaillait mon père.

Ma mère y vit la main de Dieu, qui, d’après elle, fait toujours justice et punit les méchants.
Comme je lui disais que les méchants étaient aussi les mouchards, elle me répondit que souvent, Dieu se sert de méchants pour punir d’autres méchants, justement parce qu’il ne veut pas que les bons se salissent les mains en punissant eux-mêmes les méchants. Je me souviens que je ne comprenais plus rien à sa dialectique, si ce n’est que Dieu avait toujours raison, qu’il faisait toujours bien les choses et que ma mère ne pouvait pas se tromper. »

Le témoignage d’Alice nous laissa sans voix.

Au bout de quelques instants d’un long silence, Josette se leva et l’étreignit dans ses bras avec affection. « C’est la première fois que j’entends ton témoignage, lui dit-elle. Tu m’as profondément émue ».

Je me joignis à Josette. Alice fit un signe comme pour balayer notre émotion et ajouta "J’ai entendu, quant à moi, sur cette période, des témoignages dont le souvenir me fait frissonner encore"







samedi 7 octobre 2017

Rachi de Troyes


RACHI de Troyes
BCH

Rabbi  Shlomo  Ben Itzak Ha Tzarfati

La ville de Troyes a accueilli les juifs avant  l’invasion de la Gaule  par Jules César, en effet, située sur la Seine, proche aussi de son affluent l’Aube, la ville de Troyes se situe sur la grande route Méditerranée Rhin et les marchés, grandes places économiques se tenaient périodiquement dans les grandes villes de cet axe, Troyes en fait parti, et les juifs s’y étaient installés et dans cette ville de Champagne cultivaient aussi la vigne.

Ce juif  grand érudit, a révolutionné et transformé l’étude des textes hébraïques au 11éme et 12éme siècle. Son nom révèle un mystère (Sod) en effet Rachi  donne aussi  les trois idéogrammes / Resch – Schin – Yod   qu’on retrouve au milieu du mot Bereshit, idéogramme révélé par la Cabbale comme proche de souffle de vie …

Il est né à Troyes vers 1040, et son décès dans la même ville est noté le 13 Juillet 1105 à 65 ans.( noté dans plusieurs ouvrages de l’époque à la BNF).

Vigneron (Troyes est en Champagne), Ecrivain, Philosophe, Talmudiste, Rabbin, on ne compte pas les qualités de ce grand homme, reconnu comme tel dans le monde entier.

Ses commentaires, l’écriture qu’il a créée, lui ont permis d’ouvrir une école talmudique, et les élèves, tous brillants arrivèrent  de France, des pays du Rhin, on parle de Mayence,.

Il eut trois filles (Rachel, Myriam et Hanna) qu’il initia (grande première dans le monde juif) aux secrets et à la compréhension de la Tora et des textes, car par son érudition et son intelligence  il avait trouvé les clés, et ses commentaires sont encore appréciés au XXIème siècle.

Reconnu à l’âge de 20 ans comme Grand Maître par ses pairs, à Mayence, à Worms. A l’âge de 30 ans, il rentre marié et père de deux enfants dans sa ville de Troyes et y ouvre une école talmudique.

Les étudiants arrivent de toute l’Europe pour profiter d’un enseignement exceptionnel, en effet Rachi s’adresse dans un langage simple, Les sages et les écrivains de l’époque utilisaient le langage des doctes, le Latin … il lui arrive souvent de s’adresser et d’écrire en languie d’Oil, le langage commun, afin que tous puissent comprendre. Et ses écrits permettent encore aujourd’hui de comprendre et d’interpréter les grands textes de l’époque. (Gloses de Rachi R.S Sirat et C. Hagege)

Commentateur de la Loi, on dit souvent que ses écrits sont d’inspiration divine, Sa langue si claire emprunta pour nous y aider,   le goût de la raison et l’esthétique de simplicité́ spécifiques à l’esprit français (Emmanuel Levinas).Les avis de Rachi étaient si précieux qu’on le contactait de toute l’Europe d’Espagne jusqu’en Russie, un siècle avant la naissance de Maimonide.

Rachi fut probablement le précepteur des Comtes de Champagne, il était aussi protégé par eux.
En 1095, le Pape Urbain II appela à la première croisade afin de libérer Jérusalem en qui était aux mains des Sarrazins.

Sur leur route, les croisés presque tous anciens brigands, repris de justice et serfs rencontrèrent ceux qu’ils appelaient  les premiers infidèles, les juifs bien sûr et ce furent les premiers massacres, les premiers  pogroms. Les premiers massacres eurent lieu à Rouen, puis à Paris et à Provins.

Nombre de juifs se convertirent pour  échapper à la mort. A Troyes, les assassins n’ont pas épargné Troyes et Rachi et ses proches furent protégés par le Comte de Champagne. Toutes les communautés du Rhin : Trèves, Mayence, Metz, jusqu’à Ratisbonne et au Danube. Le rabbi de Troyes sut faire montre une grande tolérance, notamment vis-à-vis des juifs convertis de force, et pour lesquels il recommandait la tolérance : «Nous ne devons pas fermer la porte», écrit-il.

Rachi fut très affecté par l’ampleur de ses massacres, des milliers de juifs avaient péri parce que juifs !

C’est à cette époque qu’il aurait rencontré selon certaines sources Godefroy de Bouillon, qui participa à la création de l’Ordre des Templiers à Troyes. Ce dernier lui aurait demandé des précisions quant à cet orient  qu’il allait rejoindre et sur les mystères de Jérusalem. Godefroy de Bouillon  leva enfin la croisade des nobles avec comme seul objectif la reprise de Jérusalem  des mains arabes (source Yves Kamami).

 Son œuvre fut primordiale, il a rendu  au Talmud une accessibilité et une compréhension ouverte à tous . Grâce à Rachi la Tora n’est plus hermétique et réservée aux seuls sachants …
Rachi est mort  à l'âge de 65 ans, la tradition dit qu’il écrivait le mot "tahor"  qui signifie sincère ou pur tout comme l’a été sa vie c’était le 13 Juillet 1105.

Cet Homme restera à jamais éternel, car ses écrits, ses commentaires du Tanah et du Talmud sont éternels, en effet, la première Tora imprimée en Calabre (Riva di Trento 1475) et les suivantes à Ferrare ont disposé en marge des textes sacrés les commentaires de Rachi dans une écriture cursive nouvelle … on l appelle l’écriture Rachi.





Quand L'Iran chiite rêve de la Perse

Il est évident que l Iran rêve de l ancienne Perse ...
BCH

Reconstituer l Empire en annexant l'Irak la Syrie le Liban  et reconstituer l Empire de Cyrus et de Darius

Sauf que ...  les chiites religieux sont au pouvoir , que les pasdarans brûlent les cadastres détruisent les offices notariaux et transplantent des populations entières vers l ouest ...

Poussant ainsi les sunnites vers la Turquie et surtout vers l Europe.c est un nettoyage ethnique qui 
s' opère ... Il affaiblit aussi l'Occident en les noyant de flux de migrants ... 

On ne parle que de la Bombe atomique iranienne ... çà les arrange car le but vous l'avez compris est la conquête des territoires ... un croissant vers la mer méditerranée ... et reconstituer deux mille ans après la grandeur de la Perse, mais d'une Perse non pas ouverte et libre comme du temps des zoroastres ... mais un iran chiite intégriste et dont la puissance est basée (pour combien de temps encore !!!) sur l autorité des mollahs ...  (Merci Giscard)    

les kurdes et Israel sont les seuls obstacles sur leur conquête l Europe les USA et la Russie restent passifs  et n ont peut être pas encore pris conscience ...

Je connais personnellement ce problème créé en  Afrique et particulièrement en Cote d Ivoire ou sous l égide de Sarkozy pour favoriser son ami Bolloré les musulmans venus du Mali de Guinée et du Burkina Faso ont tué des milliers de chrétiens et d animistes , détruit les cadastres et pris possession des terres ... depuis le 7éme siècle,  l Islam progresse de 6 km par an !!!






BCH



vendredi 6 octobre 2017

Israël Chine ... retrouvailles et résultats



Deux peuples qui existent depuis 5000 ans de retrouvent

Les percées diplomatiques d'Israël en Chine
S.Mregen / BCH

Depuis quelques années et plus précisément depuis l'avènement du troisième gouvernement Nethanyahou en 2015 la diplomatie israélienne connaît une certaine embellie. Ce processus a pris de l'élan avec l'entrée de Donald Trump à la Maison blanche et la nomination de la nouvelle ambassadrice américaine aux Nations unies,Nikki Haley.

Celle ci est bien déterminée à changer l'attitude résolument négative de l'Organisation vis à vis d'Israël, une tâche rendue particulièrement difficile, par la majorité anti israélienne automatique( composée des deux blocs des pays non alignés et islamo-arabe).

Cependant, c'est parmi les états émergents d'Asie et d'Afrique qu'Israël a fait ces derniéres années ses percées diplomatiques les plus significatives. Cet article portera sur le cas de la Chine.

Cette année Israël et la Chine ont célébré en grande pompe les 25 ans de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux états.L'histoire des relations entre les deux peuples, juif et chinois est bien plus ancienne et elle remonte au 10ème siècle lorsque des commercants juifs sont arrivés en Chine par la fameuse Route de la soie et ont même établi une communauté juive dans l'ancienne capitale impériale Kaifeng.

Bien plus tard, à la fin du 19ème siècle et le début du 20ème, des milliers de juifs fuyant les pogroms en Russie sont venus s'installer dans la ville de Harbin à l'extrême nord-est de la Chine et ont créé une communauté prospère qui a grandement contribué au développement de cette ville.

On ne peut clore ce bref rappel historique, sans mentioner les dixaines de milliers de juifs auquels la ville de Shangai a donné asile pendant la seconde guerre mondiale,et dont plusieurs milliers sont parvenus à sortir de l'enfer nazi grâce au Consul de Chine à Vienne, He Feng-Shan, nommé Juste parmi les nations par Yad Vashem.

Israël et le peuple juif n'oublieront jamais la décision des autorités de Shangai d'ouvrir leurs portes aus refugiés juifs et l'hospitalité dont ont fait preuve les habitants de la ville à leur égard dans leurs heures les plus sombres.

Plus de 70 années plus tard, les liens entre la Chine moderne et l'État d'Israël sont plus forts que jamais.

Depuis l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1992, tous les premiers ministres successifs d'Israël, à commencer par Rabin, ont effectué une ou plusieurs visites officielles en Chine. Mais c'est sous Binyamin Nethanyahou que les relations entre les deux pays ont connu leur plus grand essor.

Sous l'égide de ce dernier, tous les ministres du gouvernement israélien accordent à la coopération avec la Chine la plus grande priorité, absolument confiants que cette coopération sera bénéfique aux deux pays sur tous les plans.

Israël est trés attentif à la volonté des dirigeants chinois et aux besoins de ce pays en matiére d'innovation. L'économie chinoise, classée deuxième dans le monde, est basée et continuera de l'être dans les années à venir, sur l'innovation. Israël, avec ses capacités technologiques, est perçu comme un partenaire naturel.

C'est pour cette raison que le Président chinois et le PM Nethanyahou ont annoncé lors de la visite de ce dernier à Pekin au mois de mars de cette année, un surclassement (upgrading) des relations Chine-Israël au statut de Partenariat Innovateur Global(Comprehensive Innovative Partnership).

L'exode rural massif vers les nouvelles mégapoles créées de toutes pièces depuis le début de la libéralisation de l'économie chinoise dans les années 80 et la modernisation accélérée de son industrie, posent des défis énormes à l'agriculture chinoise. Le secteur agro-industriel israélien, connu pour son très haut niveau, profite de cette nouvelle donne pour exporter en Chine son savoir faire et ses technologies- comme celles de l'irrigation du goutte à goutte et d'élevage moderne de vaches laitières- secteur tout à fait nouveau dans les campagnes chinoises- les chinois n'ayant jamais été de grands consommateurs de lait et de ses dérivés.

Mais l'agriculture n'est qu'un des domaines de la coopération économique israélo-chinoise. Les dirigeants des deux gouvernements ont decidé de la création de deux mécanismes de consultation G2G( gouvernement à gouvernement)- le premier étant la Commission conjointe de l'innovation Israël-Chine et le deuxième, la Task Force économique spéciale Israel-Chine.

Comme mentionné plus haut, en mars dernier le PM Nethanyahou a visité Pékin, accompagné de quatre de ses ministres. Visite festive, pour marquer les 25 ans de relations diplomatiques. Et à cette occasion, il a presidé la troisième session de la Commission de l'innovation Israël-Chine.

Et il y a quelques mois, un plan d'action triennial a été signé entre les deux pays dans le cadre du deuxième mécanisme intergouvernemental- la Task Force économique.

Si bien qu'aujourd'hui, la Chine est devenue le partenaire commercial le plus important d'Israël en Asie, et le 3ème dans le monde. Le commerce entre les deux pays qui n'était que de quelques millions de dollars lors de l'établissement des relations diplomatiques il y a 25 ans, s'élevait en 2016 à près de 11 milliards de dollars. Les données pour le premier semestre montrent une augmentation de 11% par rapport à la même période l'année dernière.

Enfin, en 2016, les deux deux pays ont entamé des négociations pour la création d'une zone de libre échange entre eux, une démarche qui, nul doute va donner une nouvelle impulsion au volume de leurs échanges commerciaux. Dans le domaine du tourisme, l'ouverture d'une deuxième ligne aérienne entre Shangai et Tel Aviv par la compagnie chinoise Hainan Airlines- deux autres lignes sont assurées par El Al sur la ligne TA-Pékin et TA-Hong Kong- va "booster" le nombre de touristes chinois. Le développement spectaculaire du tourisme entre les deux pays a été facilité par un accord spécial promu par les deux gouvernements il y a 18 mois et qui permet l'obtention d'un visa multiple pour dix ans pour les touristes et hommes d'affaires israéliens et chinois.

Mais l'evolution la plus remarquable à mon sens dans les liens entre les deux pays se situe ailleurs, dans les domaines culturel et académique.

Malgre la difference de taille entre les deux pays et leurs populations, il existe une admiration mutuelle certaine entre les deux peuples anciens aux traditions millénaires. L'amour de l'étude et l'attachement aux valeurs de la familles font partie intégrante des patrimoines culturels des deux peuples.

Certes, un accord culturel officiel a été signé entre les deux pays dans les années qui ont suivi l'établissement des relations diplomatiques entre eux, mais l'évolution dans ce domaine va beaucoup plus loin que l'accord lui même et dépasse toutes les espérances.Exemples- toutes les grandes universités israéliennes ont des liens académiques avec des homologues chinoises.

Le Technion de Haifa vient d'ouvrir une succursale à l'Université de Shanto, dans l'importante province de Guandong.Le projet, d'un coût de 150 millions de dollars, est entièrement financé par le gouvernement local. À cette somme il faut ajouter un don de 130 million de dollars offert par l'homme d'affaires chinois le plus riche d'Asie, Li Ka Xin.

L'Université de Tel Aviv et l'Université Xin Center de Nanotechnologie ont créé un centre de recherche qui a coûté aussi 150 millions de dollars.

L'Université de Haifa a ouvert une succursale à Shangai.

Il existe un programme de bourses d'études qui bénéficie à des milliers d'étudiants des deux pays. La Chine contribute deux fois plus qu'Israël à ces programmes.

Du côté chinois, il existe déjà deux Centres Confucius en Israël, l'un situé à l'Université de TA et l'autre à Jerusalem, opérationnel depuis six ans.

En décembre prochain, un grand Centre culturel Chinois ouvrira ses portes en Israël.

Le mandarin est devenu une langue optionnelle dans les épreuves du bac en Israël et des centaines de lycéens israéliens le choisissent comme option.Cet engouement pour l'apprentissage du chinois est motivé par des facteurs économiques – pour ceux qui veulent faire du business en Chine et culturel.

En Chine, l'engouement pour l'apprentissage de la langue hebraïque et les études juives en général est aussi présent. Plusieurs universités chinoises importantes ont ouvert en leur sein des départements d'études juives,d'Israël et du Proche Orient.Les grands écrivains israéliens sont traduits en Chinois et un grand universitaire chinois, spécialiste d'études juives a même traduit le Talmud en chinois! et aujourd'hui il enseigne les études chinoises dans le départment éponyme de l'Université de Tel Aviv.

Similairement des dixaines d'universitaires israéliens enseignent les études juives et Israël dans les universités chinoises et d'autres y passent leur année sabbatique pour perfectionner leur chinois..

Tout le long de cet article, la question du conflit israélo-palestinien n'a pas ete abordée et pour de bonnes raisons. Si dans tous les autres domaines, les relations entre les deux pays sont florissantes comme on l'a vu, il existe des divergences de vue entre les gouvernements des deux pays concernant la solution au problème palestinien, divergences qui d'ailleurs ne sont pas propres à la Chine.

Pendant de longues années, la Chine a soutenu la cause palestinienne en entraînement et en fourniture d'armement.

Cette période est révolue, mais la politique chinoise via à vis du conflit au Proche orient n'a quant à elle pas changé substantiellement. La Chine s'oppose à la poursuite de la construction par Israël de logements dans en Cisjordanie et reconnaît le droit des Palestiniens à l'auto-détermination. Elle favorise une solution négociée de deux états pour les deux peuples vivant en paix et en sécurité cote à cote et l'application de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU- une attitude partagée par l'ensemble de la communauté internationale.

Un haut diplomate israélien en poste à Jérusalem m'a résumé ainsi la position de la Chine sur ce sujet :" aujourd'hui, la position de la Chine est beaucoup plus équilibrée que par le passé et leur moto est d'être l'ami de tout le monde".

Sur le terrain, la Chine et Israël concentrent leurs efforts sur le développement de leurs relations bilatérales, faisant abstraction des divergences de vue politiques qui peuvent exister entre deux pays amis et qui sont tout à fait légitimes.





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mercredi 27 septembre 2017

Isaac Adolphe Cremieux


 BCH

Boulogne, le 19 Mai 2005,


ADOLPHE CREMIEUX


SON CELEBRE DECRET – L’ALLIANCE ISRAELITE UNIVERSELLE

La Révolution française 1789 a permis aux juifs de France de sortir de leur état de paria ; elle
marque un tournant pour eux, présents en France depuis l’établissement des comptoirs
phéniciens et grecs puis se sédentarisant après la conquête romaine.

L'idéologie révolutionnaire prône leur intégration dans la nation française : «Il faut tout
refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus.» (Abbé
Grégoire) ; les Juifs de France sont principalement confinés outre Paris, à L’Alsace, au
Comtat Venaissin, et à Bayonne - Pont Saint Esprit.
L’Abbé Grégoire

Napoléon Ier

S’il faudra attendre Napoléon Bonaparte pour légiférer et proclamer l'émancipation des Juifs
de France, en 1806, en 1807 il crée le Grand Sanhédrin qui a conduit à la création du
Consistoire Central des Israélites de l’Empire ; par le Décret de Bayonne du 28 juillet 1808,
Napoléon imposa à tous les juifs de l’Empire de prendre un " nom définitif " !

Ce n’est qu en 1870 qu’ Adolphe Crémieux sera l homme qui symbolise leur émancipation,
en même temps que Rothschild et Disraeli pour ceux d'Angleterre.

Des régimes différents succèdent au Premier Empire, la Monarchie de Juillet, la Seconde
République, le Second Empire, et la Troisième République née le 4 Septembre 1870, après la
lourde défaite de Sedan.

En 1840, Crémieux part pour Damas ou il prend la défense des juifs de Syrie : un moine
italien, le père Tommaso, disparaît sans laisser de traces. Le consul de France à Damas accuse
des juifs de l'avoir assassiné pour utiliser son sang à des fins rituels. Sept notables juifs de
Damas sont arrêtés et torturés. James de Rotschild, consul honoraire d'Autriche à Paris,
s'empare de l'affaire, bientôt suivi par Moses Montefiore, sheriff de Londres et Adolphe
Crémieux. Crémieux et Solomon Munk se rendent ensuite en Égypte pour demander à
Méhémet Ali d'intercéder pour les juifs de Damas, ces derniers seront finalement libérés en
août 1840. Crémieux se lancera dans la création et le financement d'écoles pour les enfants
juifs en Égypte.

Dès 1842, des juifs nommés Crémieux, Godechaux Naquet et Fould sont élus à la Chambre
des Députés par le corps électoral français. Crémieux devient député de Chinon. En 1843 ; il
devient Président du Consistoire Central Israélite de Paris.
Godechaux

Isaac, Moïse Crémieux appelé Adolphe Crémieux est né à Nîmes (de parents modestes et
juifs descendus du comtat Vénaissin) le 30 Avril 1796, après de brillantes études, il devient
avocat puis agréé auprès de la Cour de Cassassion.

Entré en Franc- maçonnerie à 22 ans, il combat toute sa vie pour la défense des grands
principes de la Révolution de 1789, républicain, profondément universaliste, il fut appelé à
présider jusqu'à sa mort le Suprême Conseil Maçonnique de France.
Avocat puis député d'opposition sous la Monarchie de Juillet, il est Ministre de la Justice du
gouvernement provisoire de 1848. Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte à
la Présidence de la République.

Crémieux doué d'une mémoire et d'une vivacité d'esprit exceptionnelles, allait avoir un destin
hors du commun l'amenant à serrer la main de Napoléon Premier, à protéger la fuite de Louis-
Philippe, à signer la déchéance de Napoléon III, à diriger la France pendant quelques
semaines au nom du gouvernement de la Défense Nationale, à signer le décret auquel son
nom est resté attaché et à voter l'amendement Wallon qui créa la 3e République.

Il est élu à l'Assemblée Législative en 1849, mais il s'oppose plus tard à Louis-Napoléon, ce
qui lui vaut d'être emprisonné après le coup d'Etat perpétré par le premier Président de la
République française, le 2 décembre 1851. C’est l’avènement du second Empire. Victor
Hugo choisit à ce moment l’éxil. Crémieux s’efface de la vie politique jusqu’en 1860.
Louis Napoléon Bonaparte

Il est vrai que de la Restauration aux débuts de la IIIe République, les Juifs ont connu en
France une remarquable promotion sociale, en toute légalité, et sans rencontrer d’hostilité
organisée (seule l’Alsace connaît une agitation antijuive sporadique). Outre la banque et le
commerce, activités traditionnelles, ils entrent dans les divers rouages de la société,
notamment par voie de concours : nombre d’entre eux deviennent officiers, via l’École
Polytechnique. Fould crée le Crédit Mobilier avec les frères Pereire, en rivalité avec la banque
Rothschild

L’affaire Mortara (un enfant juif italien baptisé à l’insu de ses parents est soustrait à
l’éducation de ceux-ci par l’autorité catholique), en 1858, cette affaire provoque un véritable
feuilleton

Les Juifs de France, notamment ceux d'Alsace, durent mener une lutte âpre et incessante pour
obtenir l'abolition du serment "More judaïco" par lequel tout Juif déposant en jus tice était
présumé parjure jusqu'à preuve du contraire.

Le Serment
Au Moyen-Age, l’Alsace faisant partie de l’Allemagne, du point de vue juridique, les Juifs
sont considérés comme étant des serfs de l'empereur. En tant que tels, ils ne pouvaient être ni
spoliés, ni expulsés, ni gênés dans leur commerce et leur pratique religieuse. Cependant, dès
le 14e siècle, ils sont astreints au port du chapeau pointu, le Judenhut.

Une autre contrainte généralisée sous l’égide de l’Eglise dans toute l’Europe, est le serment
More judaïco, prêté sur la Tora, dans la synagogue la plus proche, souvent dans une position
humiliante, couronne d’épine sur la tête, téfilim sur le bras gauche, ce serment devait leur
éviter de prêter un faux serment, lors d'un litige avec un Chrétien.


A l'époque même où des savants et des hommes d'affaires juifs jouaient un rôle déjà
considérable dans la vie française, le maintien de ce serment apparaissait comme un défi lancé
aux idées libérales: il n'en fallut pas moins beaucoup de temps, d'efforts et de talent pour
obtenir son abolition.

En France, ce serment avait été aboli sous la Révolution, puis remis par Napoléon, dont le
rôle a pour le moins été ambigu. C’est Adolphe Crémieux, qui obtint de la Cour de Cassation
l'abolition de ce serment, le 3 mars 1848, il contribua ainsi à faire cesser la dernière
discrimination légale à l'égard des Juifs de France

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L ALLIANCE FRANÇAISE UNIVERSELLE  En 1860

Le 17 mai 1860, dix-sept jeunes juifs français se réunissent au domicile parisien de l'un
d'entre eux. Parmi eux, des médecins, des enseignants, des journalistes, des juristes, des
hommes d'affaires... : autant de représentants de la bourgeoisie juive libérale de la fin du
XIXe siècle, héritière des Lumières et de l'Emancipation, profondément patriote sans renier
pour autant ses origines.

A l'issue de cette rencontre, six d'entre eux rédigent l'Appel de l'Alliance, texte fondateur de la
nouvelle institution :

"Rassembler tous les coeurs généreux pour lutter contre la haine et les préjugés. Créer une
société de jeunes israélites idéalistes et militants qui se sentiraient solidaires de tous ceux
qui souffrent par leur condition de juifs ou tous ceux qui sont victimes de préjugés quelle
que soit leur religion. Faire enfin que la culture supplante l'ignorance de quelques
fanatiques, pour le bien de tous. [...] Si vous croyez que ce serait un honneur pour votre
religion, une leçon pour les peuples, un progrès pour l'humanité, un triomphe pour la
vérité et pour la raison universelle de voir se concentrer toutes les forces vives du judaïsme,
petit par le nombre, grand par l'amour et la volonté du bien, venez à nous, nous fondons,
nous fondons l'Alliance Israélite Universelle."

A la suite de la conversion de ses enfants au catholicisme, rongé par la peine et plongé dans
un chagrin personnel, Crémieux bien qu’étant l’instigateur de l’institut ion refuse d’en être
membre fondateur.

Le combat pour l'égalité des droits - non seulement pour les juifs - mais pour toutes les
minorités religieuses - figure parmi les priorités de l'Alliance.

Dès 1860, l'année même de sa fondation, elle intervient en faveur des chrétiens du Liban
victimes d'émeutes populaires. En 1863, elle intercède auprès du ministre de la Justice
espagnol pour des protestants emprisonnés auxquels on reproche leur propagande en faveur
de leur religion.

En octobre 1862, l'Alliance ouvre sa première école à Tétouan, au Maroc. La première pierre
est posée de ce qui va peu à peu devenir un réseau scolaire intense et rayonnant En novembre
1863, Adolphe Crémieux se rend à Istanbul, après son passage 11 écoles sont crées, grâce à
une donation d'un million de francs du baron Maurice de Hirsch. L’Alliance, dans la plupart
des pays d'Europe, tente d'obtenir la grâce ou le sursis pour des malheureux condamnés
injustement parce qu'ils n'étaient protégés par aucune juridiction, par aucune puissance.

A l'issue de la guerre russo-turque de 1877, une réunion des principales puissances est
convoquée à Berlin, en juin 1878. Considérant que cette réunion internationale peut fournir
l'occasion d'aborder en particulier la question des minorités juives dans toute la Turquie
d'Europe, l'Alliance décide d'envoyer une délégation à Berlin. Ainsi la question juive est-elle
introduite dans un ordre du jour que ne prévoyait pas le règlement. C'est une véritable
"première" en matière de relations internationales.

Le succès est inespéré : sur proposition de la délégation française, soutenue par l'Allemagne et
l'Angleterre, les conclusions suivantes sont adoptées : "La distinction des croyances
religieuses et des confessions ne pourra être opposée à personne comme un motif d'exclusion
ou d'incapacité en ce qui concerne la jouissance des droits civils et politiques, l'admission aux
emplois publics, fonctions et honneurs ou l'exercice des différentes professions et industries,
dans quelque localité que ce soit.

La liberté et la pratique extérieure de tous les cultes sont assurées à tous les ressortissants
nationaux aussi bien qu'aux étrangers ; et aucune entrave ne pourra être apportée soit à
l'organisation hiérarchique des différentes confessions, soit à leurs rapports avec leurs chefs
spirituels."

Aux yeux des dirigeants de l'Alliance, l'accès à la culture est aussi une condition sine qua non
de l'émancipation et participe du processus de "régénération" - terme compris dans l'acception
de l'époque - qui a pour but de faire des juifs des citoyens modernes et éclairés, partout à
travers le monde. La création d'écoles s'impose donc d'emblée comme corollaire
indispensable à l'action d'aide et de soutien aux juifs opprimés. Ce projet est déjà inscrit dans
l'Appel de l' Alliance de 1860:

"Si vous croyez qu'un grand nombre de vos coreligionnaires, encore accablés par vingt
siècles de misère, d'outrages et de proscriptions, peuvent retrouver leur dignité d'hommes,
conquérir leur dignité de citoyens ; si vous croyez qu'il faut moraliser ceux qui sont
corrompus, et non les condamner ; éclairer ceux qui sont aveuglés, et non les délaisser ;
relever ceux qui sont abattus, et non se contenter de les plaindre ; défendre ceux qui sont
calomniés, et non se taire. Israélites du monde entier, venez, écoutez notre appel, accordeznous
votre adhésion, votre concours."

Ainsi l'Alliance est-elle parvenue à articuler sous une forme moderne la tradition de solidarité
juive. L’Alliance ouvre des écoles en Afrique du Nord, au Proche-Orient, dans les Balkans.

Le Décret CREMIEUX

En 1869, Crémieux est élu député de la Drome, et le 24 octobre 1870, un décret du nom de
Crémieux donne la citoyenneté française aux 37.000 juifs d'Algérie. Dans la foulée, les colons
originaires d'Europe (Italie, Espagne, Malte,...) sont aussi francisés en bloc. Quant aux
musulmans d'Algérie, ils sont ramenés au statut d'indigène.

Le décret a été promulgué à Tours, où s'est réfugié le gouvernement de la Défense Nationale
qui a succédé à l'Empire après la défaite de Sedan.

Il peut être considéré comme l'une des premières grandes mesures de la IIIe République.
Sa paternité en revient au Ministre de la Justice qui n’est autre que Isaac Adolphe Crémieux,
Il a 74 ans et est devenu le Président de la nouvelle «Alliance Israélite Universelle» qu’il
avait initiée, succédant à Louis Jean Koenigswarter.

Alors que Napoléon III préconisait en Algérie l'instauration d'un royaume arabe sous
protectorat français, un peu comme il en ira plus tard avec le royaume du Maroc,
Ses successeurs républicains prennent le contre pied de cette politique. Ils décident d'intégrer
plus étroitement l'Algérie à la France.

Reste que, au cours de cette période, le courant assimilationniste s’est renforcé. Vers 1860, la
population juive est d’environ 80 000 en France. Nombreux sont ses membres qui ont pris
leurs distances vis-à-vis de leur communauté originelle : mariages mixtes, adoption de
prénoms français usuels, voire conversions au catholicisme (la fondation de Notre-Dame de
Sion par Théodore Ratisbonne a pour but la conversion des Juifs) sont de plus en plus
nombreux à mesure qu’on s’élève sur l’échelle sociale. Alfred Naquet, l’auteur de la loi sur le
divorce en 1884, qui a épousé une catholique, déclare en 1895 : « Pendant plus de trente ans,
je n’ai fréquenté à peu près que des non-Juifs. »

Les Juifs de France ont cessé d’être une entité homogène, s’ils l’ont jamais été. Entre une
masse importante restée fidèle au judaïsme et une forte minorité sortie du judaïsme, bien des
degrés de résistance ou d’assimilation existent, tandis que s’ouvre toujours davantage
l’éventail des activités professionnelles.

La France a pris pieds en Algérie en 1830, les juifs autochtones sont des Dhimmis, ils sont
pauvres, voire misérables, parce que lourdement imposés par le régime Turc, et le Dey
d’Alger.

L’arrivée de la France a été une véritable libération, les français traitant juifs et musulmans
indigènes sous un pied d’égalité. Les juifs vont plus loin que les musulmans, dès 1842, ils
acceptent que les tribunaux français remplacent les tribunaux rabbiniques pour les affaires
civiles, dès 1845, les rabbins, tout comme les prêtres et les pasteurs sont payés par l’état.
L’Algérie compte alors 2,9 millions d’habitants ; 2,6 millions de musulmans, 226 000
européens et 34 000 juifs (recensement de 1866)

En 1865, Napoléon III fait un voyage en Algérie, il fait accorder le titre et les droits civils aux
indigènes qui se sont battus en Crimée, en Italie et au Mexique, s’ils en font la demande…
Seulement 200 juifs y ont droit.


Elu député pour l’Assemblée du Corps législatif de 1869, Crémieux met de suite en avant la
naturalisation collective des juifs d’Algérie.

Le 24 octobre 1870, le gouvernement provisoire de la République, conduit à Tours par Léon
Gambetta, adopte donc le « décret Crémieux », Crémieux est alors Ministre de la Justice, ce
décret si célèbre assure la citoyenneté française collective aux 37 000 Juifs autochtones des
trois départements d’Algérie.

Ces derniers ont ainsi renoncé, comme ceux de la métropole, à un statut personnel (mariage,
divorce, héritage) au profit de la loi française ; le Consistoire central à Paris s’appelle
désormais « Consistoire central des israélites de France et d’Algérie ».

Émancipés, intégrés ou assimilés, les Juifs ont trouvé en France, depuis la Révolution, une
vraie patrie, une nouvelle Jérusalem, chantée par leurs poètes et leurs rabbins.
Mais avec le décret Crémieux, ils établissent une discrimination inédite entre les juifs, élevés
au rang de citoyens français, et les musulmans.

Une partie de ces juifs étaient établis en Afrique du Nord depuis la première diaspora, au
Vème siècle avant JC et ils étaient à l'origine d'une langue aujourd'hui perdue, le judéoberbère.
Les autres étaient originaires d'Espagne d'où ils avaient été chassés en...1492.

Les musulmans, très majoritaires, étaient issus soit des populations kabyles, soit des
envahisseurs arabes ou encore des esclaves enlevés sur les côtes européennes jusqu'au XVIIIe
siècle et convertis de force.

Le décret consacre en Algérie la rupture entre colonisateurs (juifs indigènes et immigrants de
tous les pays d'Europe occidentale) et colonisés (musulmans). Les musulmans ayant toujours
refusé de se plier aux exigences pointilleuses de la Loi Républicaine, et voulaient garder le
Droit Coranique appelé Charia.

La défaite de la France face à la Prusse, et la « décadence de la France » donnent un prétexte
de révoltes aux musulmans au début de l'année suivante, sous la conduite d'un notable, le
bachagha El Mokrani, qui rassemble derrière lui 250 tribus et 150 000 hommes en arme.

Le 8 avril 1871 sur la proclamation de la « Guerre Sainte ou Djihad » par le grand Maître
d'une confrérie musulmane, Cheikh EL HADDAD. Un tiers de la population musulmane entre
alors en rébellion. El Mokrani

Le nouveau chef du gouvernement provisoire, Adolphe Thiers, dépose le 21 juillet un projet
d'abrogation du décret Crémieux, pour apaiser les Musulmans, car la frange anti-sémite de
droite, en France impute la révolte au décret Crémieux, … c’est encore de la faute aux juifs !
mais celui-ci est repoussé sous la pression du banquier Alphonse de Rothschild. La France
doit payer à l’Allemagne un tribut de 5 milliards de francs-or … et a besoin de la caution de
ce dernier.

Adolphe Thiers

En France, où toute forme d'antisémitisme avait disparu sous la Restauration monarchiste et le
Second Empire, le décret va paradoxalement entraîner une mise en lumière des juifs.
L'antisémitisme apparaîtra avec force sous la IIIe République, à la faveur du scandale de
Panama, qui précèdera de peu l'affaire Dreyfus, puis du vote la Loi de 1905 sur la laïcité dont
nous fêtons cette année le centenaire.

Quant aux juifs d’Algérie, ils sont devenus citoyens français à part entière, après avoir été
dominés pendant des siècles par les Arabes, leur destin est scellé à celui des pieds noirs, et au
début des années 1960, presqu’un siècle après ils rejoindront en grande partie la France avec
la douloureuse sortie de la Guerre d’Algérie.

Crémieux est élu Sénateur en 1875, Il décède en 1880 à Paris et est enterré au Cimetière
Montparnasse.

Sous le régime de Vichy, le Décret est abrogé le 7 octobre 1940 par décision du maréchal
Pétain, et les Juifs d'Algérie redeviennent des indigènes. Un numerus clausus est instauré dans
les Ecoles et Lycées de l’Etat français. Le 21 octobre 1943 le Comité français de libération
nationale, présidé par le général De Gaulle, légalise à nouveau le décret Crémieux.

Adolphe Crémieux restera dans l’Histoire comme le français juif qui a été à l’origine de la
naissance de l’Alliance Israélite Universelle, et du décret donnant aux juifs d’Algérie la
Nationalité française.