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vendredi 17 octobre 2025

Gerhard Richter à la Fondation Vuitton JBCH N° 520

Si la Fondation Vuitton a choisi de présenter plus de 250 oeuvres de cet énorme artiste une présentation complète de Gerhard Richter, les raisons du choix de la Fondation Louis Vuitton de lui consacrer six mois d'exposition, ce n'est pas par hasard, ce peintre un des plus grand contemporain manie l'espace, la photo, la couleur et ses pinceaux d'uneavec une précision magique. Gerhard Richter est le peintre de l’incertitude et de la mémoire.


Né à Dresde en 1932, Gerhard Richter grandit dans l’Allemagne de l’Est, au cœur d'une ville rasée par la guerre et ravagée avec des centaines de milliers de morts civils, il a vécu dans un monde communiste strict marqué par la guerre et les idéologies totalitaires. 


Formé à l’École des Beaux-Arts de Dresde, il apprend la rigueur académique et les canons du réalisme socialiste, avant de ressentir l’étouffement d’un art au service d’un État. En 1961, à l’aube de la construction du mur de Berlin, il fuit la République démocratique allemande pour rejoindre Düsseldorf, ville de liberté artistique où il s’imprègne des avant-gardes occidentales.



Devenu élève de Karl-Otto Götz et proche de Sigmar Polke et Blinky Palermo, Richter s’inscrit dans une génération d’artistes allemands qui veulent, au lendemain du nazisme et de la division du pays, réinventer le langage de la peinture. Ce déplacement géographique et spirituel marque toute son œuvre : entre Est et Ouest, figuration et abstraction, mémoire et effacement.


Du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026, la Fondation Louis Vuitton consacre à Gerhard Richter une rétrospective d’une ampleur exceptionnelle : 275 œuvres couvrant plus de soixante ans de création. Après Basquiat, Rothko, Mitchell ou Hockney, Richter s’impose comme une figure essentielle du panthéon artistique moderne et contemporain.




Cette exposition, dirigée par Dieter Schwarz et Nicholas Serota, n’est pas seulement un hommage ; c’est une redécouverte. Richter avait déjà été présenté dès l’ouverture de la Fondation en 2014, mais jamais une institution française n’avait offert une vision aussi complète de son œuvre, de ses premières peintures d’après photographies jusqu’à ses dernières abstractions et sculptures de verre. La Fondation célèbre ainsi un artiste qui incarne à lui seul la complexité du XXᵉ siècle : le rapport à l’image, la mémoire collective, le hasard, la couleur, la destruction et la beauté.


La rétrospective suit un parcours chronologique qui met en lumière les ruptures et continuités de sa recherche : des premiers tableaux flous inspirés de photographies familiales (comme Onkel Rudi ou Tante Marianne), à ses Nuanciers de couleurs, jusqu’aux grandes toiles abstraites des années 2000 (Cage, Birkenau). La peinture devient pour Richter un champ d’expérimentation presque scientifique : il ne représente pas le monde, il observe comment l’image advient, se brouille, se dissout, renaît.



Gerhard Richter refuse les étiquettes : il n’est ni abstrait, ni figuratif, ni conceptuel. Il s’intéresse avant tout à la peinture comme langage — à sa capacité de montrer et de dissimuler à la fois. Dans ses toiles figuratives des années 1960, il reprend des images banales de journaux ou de photographies d’amateurs qu’il reproduit en floutant les contours. Ce flou, devenu sa signature, traduit le doute : le doute sur la mémoire, sur la vérité de l’image, sur notre rapport à la réalité.


Dans ses séries d’abstractions (Abstraktes Bild), la couleur s’étale, se racle, s’efface sous les coups du racloir. Richter ne cherche pas à exprimer une émotion personnelle mais à laisser émerger le hasard. Comme il le dit lui-même :

« Les toiles abstraites mettent en évidence une méthode : ne pas avoir de sujet, ne pas calculer, mais développer, faire naître. »

La peinture devient un espace de méditation, une expérience de la liberté. Ses Nuanciers de couleurs, ses Panneaux de verre, ou encore son œuvre monumentale 4900 Farben (2007), sont autant de tentatives pour confronter le spectateur à la pure présence de la couleur, sans récit ni émotion imposée.

Richter, sans être un peintre politique au sens militant, est profondément marqué par l’histoire de son pays. Sa série 18 octobre 1977, prêtée pour l’exposition par le MoMA, évoque le groupe de la Fraction Armée rouge (Bande à Baader-Meinhof) et la violence idéologique des années 1970. Dans Birkenau (2014), il aborde indirectement la Shoah à partir de photographies prises dans un camp d’extermination, qu’il transforme en abstractions : le visible s’efface devant l’irreprésentable.


Son œuvre aborde souvent des thèmes liés à la mémoire, à la culpabilité collective allemande et à la Shoah — notamment dans des tableaux comme Onkel Rudi ou Birkenau — ce qui explique peut-être pourquoi certains associent son travail à des réflexions sur l’histoire juive et la tragédie du XXe 


Son œuvre est ainsi traversée par une tension entre mémoire et effacement, douleur et transcendance. Dans ses paysages, ses bougies ou ses crânes, Richter revisite la tradition picturale occidentale — celle du memento mori, de la fragilité de la lumière — tout en la projetant dans la modernité.


« L’art est la plus haute forme de l’espoir », écrivait-il lors de la Documenta de 1982.
Cette phrase résume l’essence de sa démarche : faire de la peinture un lieu de résistance face au chaos du monde.

Gerhard Richter est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands peintres vivants. En 2012, il est devenu l’artiste contemporain le plus cher du monde, mais sa valeur dépasse de loin les chiffres du marché. Son œuvre interroge le rapport entre l’image et la vérité, la mémoire et le temps, la beauté et le désastre.



Pour la Fondation Louis Vuitton, mettre en avant Richter, c’est affirmer la continuité entre les grands maîtres du XXᵉ siècle et la création contemporaine. C’est aussi rappeler que la peinture, loin d’être un art du passé, demeure un laboratoire de pensée et de perception.


Richter incarne une posture éthique et poétique : celle d’un artiste qui doute, qui cherche, qui n’impose rien mais révèle la fragilité du regard humain. 


Sa peinture, oscillant entre figuration et abstraction, entre technique et hasard, entre souvenir et effacement, nous renvoie à notre propre expérience du monde : floue, fragmentaire, mais obstinément vivante.


Faites moi plaisir, et rendez-vous dans ce monument situé dans le Bois de Boulogne, vos yeux et vos sens vibreront à la vue de ces ouvres. Le Monde entier nous envie cette exposition.





Une nouvelle vague de départ vers Israël ? JBCH N° 519

 Le Figaro Magazine a édité hier un article signé Carl Meeus, intitulé : « La place d’un Juif n’est plus en France » : face à la montée de l’antisémitisme, ces jeunes Français choisissent Israël ... J ai été interpellé par ce titre ..; est-ce vrai, analyse : 


Depuis le 7 octobre 2023, un basculement profond s’est produit dans la conscience juive française. Les attentats commis par le Hamas, suivis d’une explosion d’actes antisémites en Europe, ont ravivé un sentiment d’insécurité que beaucoup croyaient enfoui. 


La France, qui fut longtemps un modèle d’intégration républicaine, voit aujourd’hui nombre de ses jeunes juifs douter de son attachement à leur sécurité. Les slogans anti-israéliens tolérés dans certaines manifestations, le relativisme de la classe politique et la diplomatie ambiguë de l’Élysée nourrissent ce malaise.


L’article de Carl Meeus met des visages sur cette réalité. Sacha, David, Shany — trois jeunes Français de 19 à 21 ans — incarnent une génération en rupture silencieuse avec la France. Ils ne fuient pas par peur, mais par conviction. Ils ne partent pas en exil, mais vers un horizon qu’ils estiment plus cohérent avec leur identité. Ce ne sont pas des déracinés : ce sont des jeunes Européens lucides, qui voient un pays qu’ils aiment s’éloigner d’eux.



« Je me sens moins en sécurité ici, à Paris, que là-bas », confie Sacha, avant de s’envoler pour Tel-Aviv. Dans cette phrase résonne tout le paradoxe de la situation : Israël, malgré ses guerres, lui apparaît plus sûr que la France en paix. Ce basculement psychologique est inédit. 



Il traduit non seulement la montée de l’antisémitisme dans les rues, mais aussi la perte de confiance envers les institutions françaises — État, médias, universités — qui semblent parfois minimiser la peur des Juifs.


Les mots du président Macron, mettant sur un pied d’égalité les otages israéliens et les prisonniers palestiniens, ont marqué une ligne rouge morale pour beaucoup. Ce « lâchage », selon l’expression courante dans la communauté, a fissuré un lien affectif déjà fragile. La France paraît hésitante, empêtrée dans ses crises économiques et politiques, et incapable de défendre avec constance ses citoyens juifs, pourtant partie intégrante de son histoire.



Face à ce désenchantement, Israël apparaît comme un pays de renaissance. Les jeunes du programme Mahal, décrit dans l’article, symbolisent cette fierté retrouvée. Ce dispositif accueille les volontaires juifs de la diaspora de moins de 24 ans désireux de servir Israël. 


Leur motivation dépasse le simple devoir civique  et faire l'armée là bas, représente un acte d’appartenance, une volonté d’intégration pleine et entière dans une société perçue comme forte, unie et juste.




Pour ces jeunes Français, Israël n’est pas seulement un refuge : c’est un modèle. Un pays en paix relative, au lendemain de la libération des otages, dont l’économie reste parmi les plus dynamiques du monde occidental. L’innovation technologique, la cohésion nationale, le service militaire partagé entre hommes et femmes, offrent une image de dignité et de force qui contraste avec la désillusion française. Là où la France semble douter d’elle-même, Israël avance avec certitude.





Beaucoup de ces jeunes espèrent, à terme, y construire leur vie : travailler dans la high-tech, fonder une famille, participer à l’édification d’un pays qu’ils considèrent désormais comme le leur. En choisissant l’armée, ils veulent s’intégrer plus vite, partager les risques et les valeurs du peuple israélien. C’est un engagement de cœur et de raison.


Le phénomène dépasse la simple réaction émotionnelle : il révèle une transformation silencieuse du rapport entre la France et sa jeunesse juive. Celle-ci, autrefois viscéralement attachée à la République, regarde désormais vers Jérusalem avec admiration et confiance. Si la France continue à douter d’Israël, beaucoup de ses enfants cesseront, peu à peu, de croire en elle.


Cette migration idéologique et identitaire n’est pas un rejet de la France, mais le constat d’un éloignement. Les jeunes juifs français, longtemps parmi les plus fervents défenseurs de l’idéal républicain, se sentent trahis par un pays qui hésite à nommer le mal et à protéger les siens. Israël, fort, stable et économiquement rayonnant, leur tend la main.



Leur départ sonne comme un avertissement : si la France continue à confondre neutralité et abandon, elle risque de perdre une part de son âme, celle de ses enfants qui l’aimaient tant. Et n'oubliez pas ce que me disait ma grand-mère : Après le Samedi ... c'est le Dimanche! .


Alors sonnons ce signal d'alarme, car notre République est au bord de la rupture, et les extrêmes risquent de s'emparer du pouvoir ... et pour longtemps.




La fin de la Guerre ? JBCH N° 518



Israël a-t-il remporté une victoire amère ou une victoire totale ? Près de 8 jours après la libération des vingt derniers otages vivants, la question se pose : Victoire totale ou amère victoire ? 



La guerre de Gaza n’est pas née d’un malentendu. En 2006, lors des élections législatives palestiniennes, près de 80 % des Gazaouis ont voté pour le Hamas. Ce n’était pas une erreur de jeunesse ni un acte de désespoir : c’était un choix conscient, idéologique, fait au nom de la revanche, de la religion et du rejet d’Israël.



Beaucoup voyaient alors dans le Hamas une alternative à la corruption du Fatah. Mais ils savaient que ce mouvement, dès sa charte fondatrice de 1988, prônait la destruction pure et simple d’Israël et la mort des Juifs. Ce vote n’a donc pas seulement porté un parti au pouvoir : il a légitimé une idéologie totalitaire.


Ce choix s’est ensuite figé dans la peur et dans la haine. Après le coup de force de 2007, le Hamas a instauré un régime de fer : opposants exécutés, journalistes muselés, tribunaux religieux, endoctrinement dès l’école. Et pourtant, même après quinze ans d’arbitraire, de pauvreté et d’enfermement, le soutien populaire ne s’est pas effondré.


Les sondages, jusqu’à la veille du 7 octobre 2023, montraient encore une majorité relative de sympathie pour le Hamas à Gaza. Une fidélité suicidaire à un régime qui faisait de la mort une promesse politique.



Mais après le massacre du 7 octobre, aucun sursaut moral n’a eu lieu. Pas un seul Gazaoui n’a tenté de libérer un otage, pas une voix ne s’est élevée pour dénoncer la barbarie. Aucun juste, aucun courage isolé. Ni un homme, ni une femme, ni un chef religieux n’a eu la force de dire : « Cela est mal ».







Cette absence absolue de conscience civique ou morale a marqué un point de rupture. Beaucoup en Israël, et ailleurs ont compris que le Hamas n’était pas une excroissance étrangère au peuple de Gaza, mais son reflet déformé et monstrueux.


Il faut néanmoins comprendre la mécanique de ce silence. Gaza est une prison à ciel ouvert, mais une prison avec des geôliers issus du peuple lui-même.

Certains Gazaouis se taisent par peur : quiconque est soupçonné de sympathie pour Israël ou de désaccord avec le Hamas est exécuté sans procès, souvent en pleine rue.

D’autres se taisent par habitude : vingt ans d’endoctrinement ont produit des générations d’enfants convaincus que le martyre est une victoire et que la mort d’un Juif est une offrande. L’idéologie du Hamas a pénétré les foyers, les écoles, les mosquées, jusqu’à anesthésier le jugement moral.


Mais il faut aussi nommer une vérité plus dérangeante : une partie du peuple a collaboré activement. Certains ont caché des terroristes, d’autres ont empêché des otages de fuir. Des foules ont applaudi les tueurs rentrant à Gaza après le massacre. Ces gestes ne sont pas le fruit de la peur : ils sont la marque d’une adhésion.


Il y a donc à Gaza un triple enfermement : la terreur imposée par les armes, la propagande imposée par la foi, et la complicité imposée par la haine. Cette combinaison tragique a fait de la bande de Gaza non seulement une victime, mais aussi un acteur de sa propre ruine.




C’est ici que se joue la différence entre une victoire militaire et une victoire morale.

Militairement, Israël a détruit l’essentiel du Hamas : ses tunnels, ses brigades, ses arsenaux, ses chefs. Diplomatiquement, il a conservé le soutien de Washington, et l’appui tacite de plusieurs pays arabes qui redoutent eux aussi l’islamisme radical.

Mais moralement, le défi demeure : comment distinguer le complice du prisonnier, l’endoctriné du criminel, l’enfant manipulé du fanatique convaincu ?



L’armée israélienne a mené la guerre la plus surveillée du monde : avertissements avant frappes, couloirs humanitaires, hôpitaux protégés, distribution d’aide par drones. Pourtant, ses soldats ont vu des civils cacher des armes ou filmer leurs positions pour le Hamas.


Cette ambiguïté a pesé lourdement sur le moral des troupes : combattre un ennemi qui se fond dans la population, c’est devoir douter de toute main tendue.


Et pourtant, Israël n’a pas cédé. Ce pays, souvent divisé, a retrouvé une unité nationale inédite. Des jeunes laïcs et religieux, des Juifs orientaux et ashkénazes, des Druzes, des Bédouins, des volontaires venus de partout ont combattu côte à côte. Ils savaient pourquoi : parce que cette guerre n’était pas seulement défensive, elle était existentielle.

Elle visait à détruire non seulement une armée ennemie, mais un mensonge millénaire : celui qui prétend que les Juifs sont des intrus, que leur présence sur leur terre est illégitime, que leur mort est une offrande divine.





Aujourd’hui, Gaza est en ruines, son peuple souffre, et beaucoup dans le monde accusent Israël. Mais que serait devenue l’humanité si Israël avait cédé à la peur, à la pression, ou à la culpabilité ?

Les « voix morales » d’Europe, qui condamnent Israël sans voir le Hamas exécuter en pleine rue ses opposants sous le regard des observateurs de l’ONU, ont perdu toute crédibilité.



Le Hamas, acculé, tire encore sur son propre peuple. Il abat par dizaines ceux qui réclament des vivres, exécute sans jugement les « traîtres » qui veulent la paix, empêche les enfants de fuir les zones de combat. 


Ce n’est pas une armée, c’est une secte cannibale. Tant que cette bête féroce ne sera pas écrasée totalement, aucune paix durable ne pourra être déclarée.


Mais la victoire israélienne ne pourra être complète que si elle s’accompagne d’un projet moral : reconstruire non seulement les villes, mais les consciences. Former, à Gaza, une génération nouvelle — délivrée du fanatisme et du culte de la mort.



La victoire d’Israël n’est donc ni amère ni totale : elle est nécessaire et inachevée.


Nécessaire, parce qu’elle a brisé une machine de mort, sauvé la dignité d’un peuple qui refuse de disparaître, et probablement montrer à un occident fragile le chemin à suivre sous peine d'être dominé.


Inachevée, parce qu’elle n’a pas encore libéré les esprits de Gaza de la tyrannie religieuse et de la haine héréditaire.


Tant qu’aucun "juste" gazaoui ou arabe de palestine ne se lèvera pour dire non au Hamas, tant qu’aucune mère arabe ne pleurera la mort d’un Israélien comme celle d’un homme, la paix restera un mot vide.


Mais le jour où, dans les ruines, un seul enfant gazaoui apprendra que son ennemi est aussi un être humain, alors, peut-être, Israël aura remporté la seule victoire qui vaille : celle de la vérité sur le mensonge, de la vie sur la mort.





L'argent liquide va manquer selon le BCE. JBCH N° 517

Il est évident que nous sommes entrés dans une guerre hybride, déclenchée contre notre civilisation par le régime de Poutine, une guerre qui touche à notre société, avec des tags antisémites sur nos murs, à nos administrations avec des virus informatiques atteignant nos mairies, nos hopitaux, à notre sécurité avec des survols de drônes, etc... 


Depuis le 1er Octobre, la Banque Centrale Européenne (BCE) nous alerte sur une paralysie totale de nos services bancaires en Europe, et la BCE nous demande de prévoir une réserve en argent liquide ... 

Le 1er octobre 2025, la Banque centrale européenne (BCE) a publié une recommandation inhabituelle : conserver de l’argent liquide chez soi. Ce message, relayé dans une étude intitulée « Restez calmes et gardez de l’argent liquide », marque un tournant stratégique. Il ne s’agit pas seulement d’une consigne économique, mais d’une alerte sécuritaire.


La BCE, habituellement tournée vers la stabilité monétaire, évoque désormais les scénarios de crise – pandémie, conflit armé, cyberattaque, catastrophe naturelle – qui pourraient paralyser les systèmes électroniques de paiement.



Ce signal s’inscrit dans un contexte où les menaces dites « hybrides » se multiplient : sabotages, manipulations de l’information, intrusions informatiques. La BCE reconnaît que la dépendance excessive aux paiements numériques fragilise la résilience des sociétés européennes. 


En cas de coupure d’électricité, de piratage massif ou d’attaque coordonnée sur les réseaux bancaires, les cartes bleues, les virements et même les retraits seraient inopérants.


Le constat est clair : malgré la progression de l’euro numérique et des paiements sans contact, la demande d’espèces reste élevée, presque instinctive. Entre 2005 et 2024, la valeur des billets en circulation a triplé. Durant la pandémie de Covid-19, les Européens ont retiré 140 milliards d’euros supplémentaires par précaution. L’argent liquide a servi de bouclier psychologique et matériel.


Aujourd’hui, face aux risques de guerre hybride et à l’instabilité géopolitique, le cash redevient un outil de souveraineté individuelle. La BCE recommande même de conserver entre 70 et 100 euros par personne à domicile, de quoi tenir 72 heures en cas de paralysie des systèmes.


Depuis 2022, l’Europe subit une série d’attaques invisibles, attribuées à la Russie dans le cadre d’une guerre hybride. Ce conflit sans front défini mêle cyberattaques, désinformation, espionnage et déstabilisation sociale. Vladimir Poutine a compris qu’affaiblir une démocratie ne passe plus nécessairement par les chars, mais par les réseaux.


Les campagnes de fake news, les tags haineux sur les murs des villes, les financements occultes de partis extrémistes, les drones d’observation, ou encore les virus informatiques introduits dans les services publics européens font partie d’une même logique : désorganiser les sociétés de l’intérieur. Le chaos social et la perte de confiance dans les institutions deviennent des armes.



Or, un des prochains maillons faibles pourrait bien être le système bancaire européen. Une cyberattaque coordonnée contre les infrastructures critiques – serveurs bancaires, systèmes interbancaires, distributeurs automatiques de billets (DAB) – pourrait provoquer un blocage généralisé des paiements.


Les distributeurs cesseraient de fonctionner, les virements seraient suspendus, les cartes refusées. Dans les grandes villes, où le cash a presque disparu, les citoyens se retrouveraient sans moyen d’acheter eau, nourriture ou médicaments. L’économie réelle s’arrêterait en quelques heures.



C’est précisément ce scénario que la BCE cherche à prévenir : une crise de confiance immédiate, où la monnaie physique redeviendrait la seule forme de valeur tangible. Dans un tel contexte, l’argent liquide ne serait plus un anachronisme, mais une question de survie.


Les États européens doivent dès maintenant renforcer la sécurité de leurs réseaux bancaires, multiplier les canaux alternatifs de paiement et garantir l’accès permanent aux espèces. Une panne volontaire ou accidentelle du système financier ne serait pas seulement un désagrément technique : ce serait une attaque directe contre la stabilité politique et sociale de l’Union.






La BCE a tiré la sonnette d’alarme. Dans un monde où la guerre se mène désormais par les données et les écrans, le billet de banque redevient un instrument de liberté. Il incarne la continuité de la vie quotidienne face à la fragilité du numérique.


Si l’Europe veut rester souveraine, elle doit protéger à la fois ses infrastructures numériques et ses citoyens. Et chacun doit comprendre cette vérité simple : dans une société ultra-connectée, le cash reste la seule monnaie qui ne s’éteint pas quand la lumière s’éteint.



NB L'Euro Numérique ... 


En octobre 2020, la Banque centrale européenne (BCE) a publié un rapport sur l’euro numérique (en anglais) visant à consulter les parties prenantes, y compris le grand public, sur son projet d’euro numérique.


Lancée à terme dans la zone euro, cette forme de monnaie serait disponible pour les paiements de détail (c’est-à-dire pour les dépenses courantes des particuliers et des entreprises). Elle s’inscrit dans le contexte de développement de projets similaires, notamment en Suède (lancement d’un projet-pilote de e-krona en février 2021), aux États-Unis (réflexions de la Federal Reserve) et en Chine (le e-yuan est désormais opérationnel sur les téléphones depuis le mois de mars 2021, où le projet a évidemment des motivations géopolitiques), mais aussi aux Bahamas, au Cambodge, etc.


Ce projet répond au développement des « cryptomonnaies » et au projet Libra/Diem de Facebook, qui soulève depuis 2019 une forte réticence des régulateurs financiers. La création d’une « monnaie numérique de banque centrale » permettrait de concurrencer, pour les usages numériques innovants, les « cryptomonnaies »  (appelées, à tort, « monnaies privées » car il s’agit plutôt de jetons numériques enregistrés dans un compte privé et échangeables contre de véritables monnaies dans certaines conditions).

La BCE part également du constat du déclin des paiements en espèces au profit des solutions de paiement numériques dans nombre de pays européens. Pour autant, la mise au point d’un euro numérique ne serait pas un substitut, mais un complément aux espèces. A ce jour, l'Euro Numérique n a pas été mis en place ...