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mardi 18 novembre 2025

Rafales sur l'Ukraine : Blog d'Hervé Kabla. JBCH N° 644

Rafales sur l’Ukraine

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J’étais, dans ma jeunesse, un grand fan des BDs de Tanguy et Laverdure. Mais pas de Buck Danny, que je trouvais vieillot et ringard. Alors que je trouvais aux histoires racontées par Charlier et dessinées par Uderzo un charme et un réalisme dingue. Je crois avoir lu tous les épisodes, et même relu des dizaines de fois certain d’entre eux. Et bien entendu, celui intitulé Mirage sur l’Orient.

On y parlait de la vente de Mirage III au jeun état d’Israel, ce qui ne relevait plus de la fiction, à l’époque où je lisais ces BDs, mais de la réalité. Je vous passe les mésaventures, les épisodes de drague et de complot contre ce marché entre deux nations qui faisaient face aux mêmes ennemis.

Et bien je ne sais pas pourquoi, mais en écoutant ce midi le discours d’Emmanuel Macron en compagnie de Volodymir Zelensky, j’ai eu l’impression de me retrouver plongé dans un nouvel épisode de la série Tanguy et Laverdure, une sorte de Rafale sur L’Ukraine, version 2021 de ma vieille BD. 100 Rafales pour l’Ukraine, mazette, ce n’est pass une mince affaire ! En voilà du soutien ferme et décidé, aurait-on envie de dire. À un détail près, cependant : l’engagement de ce midi semble encore loin d’être une réalité.

Car comme le rappelle avec justesse la newsletter TTSO de ce soir, le deal annoncé n’est pas encore un contrat, mais une lettre d’intention. D’ailleurs, on se demande comment l’Ukraine, en guerre depuis bientôt quatre ans, trouvera les moyens de payer sa facture. Et puis, le carnet de commande est déjà rempli, du côté de Dassault Aviation, qui ne peut produire qu’une quarantaine d’appareils par an, et qui doit au préalable honorer ses commandes en cours, dont celle pour nos forces aériennes…

Bref, les Rafale ukrainiens devraient arriver en 2032 ou 2033.

D’ici là, on souhaite bien du courage à nos amis ukrainiens, qui devront se défendre contre les forces russes avec ce dont ils disposent. Ils pourront toujours tuer le temps en se repassant la version Cornillac et Magimel de la mythique série de notre jeunesse…

https://youtu.be/XtR89U8-mpk

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Toledot : De génération en génération JBCH N° 643

De génération en génération, l'histoire du peuple juif se transmet, de génération en génération, cette histoire se répète, heureusement ou malheureusement, le temps s'écoule, mais les hommes se succèdent et  transmettent leurs valeurs...


La Paracha "Toledot" c'est le récit fondateur du peuple d'Israël; cette paracha  est fondamentale pour comprendre la genèse du peuple juif et les forces opposées qui ont façonné son destin.


Rebecca, après des années de stérilité, donne naissance à des jumeaux : Yaakov et Essav. 



Dans le ventre, les frères se heurtent violemment, et Rebecca s’inquiète : « Les enfants se disputaient en elle. » Elle va consulter l’Éternel et reçoit une réponse qui définit toute l’histoire future : « Deux nations sont dans ton ventre… et le plus grand servira le plus jeune » (Genèse 25,23). 


Cette révélation divine n’est pas seulement une anticipation des trajectoires personnelles des enfants, mais une métaphore de la lutte spirituelle et morale entre deux visions du monde, devant Isaac qui est vieux et aveugle (devant les manigances de sa femme)


Essav incarne l’homme des champs, le chasseur, de la force brute et de l’instinct immédiat. Yaakov, lui, est attaché à la tente, à l’étude, à la spiritualité et à la justice intérieure. L'un incarne le "Youd" l'être, la spiritualité, la sagesse, l'autre le "Beth", la possession, l'avoir, le comportement brut de l'Homme.



Leur rivalité, qui s’amplifie au fil des épisodes de la vie familiale – l’achat du droit d’aînesse contre un simple plat de lentilles, la bénédiction volée à Isaac est le reflet d’une tension universelle entre la matérialité et la valeur spirituelle. Ce dualisme se retrouve dès les premiers récits bibliques avec Caïn et Abel : le conflit fraternel devient le terrain d’un affrontement moral et ontologique, qui se prolonge tout au long de l’histoire d’Israël.


Dans ce cadre,  Amalek apparaît comme la figure récurrente de l’attaque contre Israël. Le Talmud (Sanhédrin 96b) précise que Sennachérib fils de Sargon a dispersé la semence d’Amalek parmi les nations, et depuis, cette force du mal se manifeste sous différents noms et dans différentes époques. 


Dès l’attaque traîtresse des bébés et des enfants d’Israël à Rééim,  Amalek frappe les faibles, les retardataires et les vulnérables non armés, . Plus tard, Haman l’Agagite tente d’anéantir le peuple juif dans l’histoire de Pourim, et d'Esther,  illustrant que le cycle de violence et de haine se répète à travers les générations.



L’histoire juive est jalonnée de ces réapparitions : la destruction du Temple par Rome, les croisades, les bourreaux de l’Inquisition, les pogroms cosaques de 1648, la Shoah et le génocide de six millions de Juifs. Chaque épisode reflète le même schéma : une force extérieure tente d’éradiquer le peuple juif, ciblant particulièrement les innocents et les faibles. La constance de ce mal souligne la nécessité du commandement divin : « Tu effaceras la mémoire d’Amalek… tu ne l’oublieras pas » (Deutéronome 25,17-19). Ce n’est pas seulement un avertissement historique, mais un guide moral pour chaque génération.


Le 7 octobre 2023 illustre tragiquement cette continuité. Le Hamas, dans un acte de cruauté extrême, a attaqué des civils désarmés, ciblant enfants et vieillards. Ce comportement reflète la signature d’Amalek, la haine gratuite de l’existence juive. Comme dans les épisodes bibliques, le mal se manifeste en utilisant la surprise, la perfidie et la violence contre ceux qui sont vulnérables. Et comme dans le récit de Rebecca, la question « lama zeh anokhi ? » Pourquoi moi ? surgit naturellement dans la conscience collective israélienne et juive.



La lecture de Toledot en 2025, deux ans après cet événement tragique, nous rappelle que la lutte n’est jamais terminée. Rebecca, dans sa grossesse douloureuse, illustre l’importance de la vigilance et de la détermination. Yaakov et Essav sont déjà en conflit dans le ventre maternel : il n’y a pas de hasard, la confrontation est inscrite dans la nature humaine et spirituelle. Israël, aujourd’hui, incarne Yaakov : il doit protéger la vie, la morale et la continuité de la communauté, même quand le monde semble favoriser la voie de la force brute et de l’injustice.


Cette paracha enseigne également l’importance de la stratégie et de la clairvoyance. Rebecca ne renonce pas face à la difficulté : elle agit, planifie et guide Yaakov pour qu’il reçoive la bénédiction. De même, Israël ne peut se contenter de subir l’histoire ; il doit agir, préserver son avenir et celui de ses enfants, et comprendre que le mal, même lorsqu’il semble omniprésent, peut être contenu et surmonté. 


Cette leçon est renforcée par les événements historiques : la vigilance, l’unité et la sagesse sont des armes contre la répétition des tragédies.



Enfin, Toledot nous montre que le combat est à la fois collectif et intérieur. La lutte entre Yaakov et Essav est à la fois une bataille familiale et une métaphore de la lutte spirituelle entre le bien et le mal. Elle se manifeste à chaque étape de l’histoire juive, et la réapparition d’Amalek rappelle que la haine et la destruction ciblant Israël ne sont jamais anodines. La mémoire de ces événements, et la conscience de ce combat, sont essentielles pour la survie et la force du peuple juif.


La paracha Toledot, tout en racontant l’histoire d’une famille, éclaire l’histoire du peuple juif. Elle révèle le rôle permanent de l’antagonisme fraternel, de la lutte spirituelle et de l’hostilité d’Amalek à travers les âges. La compréhension de ce texte nous permet de relier la Bible aux tragédies historiques et contemporaines, de la Shoah au 7 octobre 2023. 


Elle nous enseigne que la vigilance, l’unité et le choix de la voie de Yaakov sont essentiels. Comme Rebecca, nous devons porter l’avenir, guider les forces de la vie sur celles de la haine, et rester conscients que רק יחד ננצח – seulement ensemble nous vaincrons.





lundi 17 novembre 2025

La corail va être sauvé grâce aux technologies israéliennes. JBCH N° 642

Après avoir réussi a sauver des kilomètres carrés de Corail au large d'Eilat en Mer Rouge, dans les eaux du Pacifique, un projet israélien innovant redonne vie à des récifs coralliens menacés, illustrant comment technologie et savoir-faire peuvent restaurer des écosystèmes fragiles. 


Dirigée par le biologiste Professeur Nadav Levy et son équipe du Technion, cette initiative utilise des structures en argile imprimées en 3D pour créer un habitat favorable à la croissance des coraux et à la biodiversité marine. 


La méthode combine expertise scientifique, design avancé et implication des communautés locales, notamment à Fidji, où les habitants participent activement à la mise en place des unités coralliennes.

Levy explique que la complexité des structures est cruciale : plus elles imitent les récifs naturels, plus elles attirent une variété d’espèces marines. L’équipe a initialement testé la méthode à Eilat, dans la mer Rouge, avant de l’adapter à la réalité de l’océan Pacifique. 


Les structures sont conçues pour résister aux courants et fournir un support solide aux coraux, tout en respectant les conditions locales de température, de salinité et de lumière. L’énergie solaire alimente les installations, et l’eau de pluie collectée assure l’approvisionnement nécessaire à certaines étapes de préparation.


L’un des aspects clés du projet est l’implication communautaire. Les chercheurs ont travaillé avec neuf chefs de villages fidjiens, montrant comment les habitants peuvent cultiver et entretenir les structures coralliennes sans recourir à l’électricité ni à des techniques complexes. 


Des ateliers ont permis aux villageois de façonner l’argile locale et d’assembler les modules, créant un sentiment de responsabilité et d’appropriation du projet. Cette approche a non seulement renforcé les liens sociaux mais a aussi augmenté le taux de survie des coraux, qui atteint désormais près de 100 % sur les structures implantées.


Le projet est également un exemple de coopération internationale. Aux côtés des chercheurs israéliens, des scientifiques allemands et des représentants d’ONG américaines ont contribué à l’évaluation et à l’optimisation des structures coralliennes. 


L’objectif n’est pas seulement de restaurer les récifs existants, mais de créer un modèle reproductible, pouvant être appliqué à d’autres communautés dépendantes des récifs. Selon Levy et ses collaborateurs, l’avenir de la conservation marine repose sur l’alliance de la technologie de pointe et de la participation locale.


L’innovation israélienne repose sur l’utilisation de matériaux naturels et locaux. L’argile imprimée en 3D reproduit fidèlement la structure des récifs coralliens et favorise l’installation spontanée de coraux et de faune marine. Le projet a montré que la science moderne peut s’adapter aux traditions locales et à l’environnement, et que la restauration écologique peut coexister avec le respect des savoir-faire ancestraux.


Enfin, cette initiative démontre qu’Israël ne se limite pas à ses frontières et qu’il peut exporter ses solutions durables à l’échelle mondiale. 


En combinant recherches scientifiques, technologie innovante et éthique de collaboration avec les communautés locales, ce projet offre un modèle de conservation marine qui pourrait transformer la manière dont le monde protège ses récifs coralliens, tout en offrant des bénéfices écologiques, économiques et sociaux à long terme.



Le Douanier Rousseau JBCH N° 641

Henri Rousseau, surnommé le « Douanier », reste l’un des peintres les plus énigmatiques et fascinants de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Autodidacte, il découvre la peinture tardivement tout en travaillant comme percepteur à Paris. 


Pour apprendre, il s’inspire des maîtres anciens au Louvre et des collections naturalistes, dessinant et peignant à partir de plantes et d’animaux naturalisés. Retraité de son emploi en 1893, il se consacre pleinement à sa peinture et développe un univers unique, où le réel et le fantastique s’entremêlent. 


Sa technique, souvent qualifiée de naïve, révèle en réalité une maîtrise subtile du détail, de la lumière et de la couleur, qui confère à ses œuvres un charme et une poésie inimitables.




Ses tableaux, peuplés de figures lilliputiennes, d’animaux menaçants et de végétation luxuriante, créent des scènes à la fois mystérieuses et magiques. Dans Carnival Evening, deux personnages sortent des bois sous un ciel saumoné, tandis qu’un observateur menaçant se tient à l’écart, illustrant l’équilibre constant entre danger et protection dans ses compositions. 



Dans Rendezvous in the Forest ou Woman Walking in an Exotic Forest, Rousseau met en scène des personnages pris au piège dans des paysages luxuriants et gigantesques, où les fruits et les plantes semblent avoir leur propre volonté. Son fameux The Sleeping Gypsy illustre parfaitement cette fusion entre rêve et réalité : une femme endormie, presque lévitante, est observée par un lion dans un désert illuminé par une lune argentée, offrant une vision suspendue entre poésie et tension dramatique.



Rousseau excelle à rendre crédibles des mondes fantastiques. Ses personnages, parfois maladroits ou disproportionnés, paraissent pourtant habiter pleinement leur environnement. Ses portraits dégagent une présence intense, rappelant Goya, tandis que ses paysages lumineux évoquent la délicatesse des arbres de Claude Lorrain et la lumière de Fra Angelico. 


Il mêle observation minutieuse de la nature et imagination libre, créant des œuvres qui préfigurent le surréalisme et inspirent des générations d’artistes, dont Picasso et Kandinsky. Ses thèmes exotiques, ses jungles imaginaires et ses scènes oniriques ont su séduire et influencer la scène artistique malgré le scepticisme de ses contemporains.




L’exposition Henri Rousseau: A Painter’s Secrets à la Barnes Foundation offre un panorama exceptionnel de son œuvre, rassemblant cinquante-cinq peintures et une lithographie, mettant en lumière sa sophistication, sa créativité et son sens de la magie. L’exposition explore à la fois la dimension poétique de ses compositions et les aspects méconnus de sa personnalité, incluant son opportunisme, ses pratiques parfois douteuses et sa carrière marquée par une reconnaissance tardive. 





Les visiteurs peuvent y découvrir des œuvres majeures comme Unpleasant Surprise et The Snake Charmer, où des figures humaines et animales interagissent dans des paysages de rêve, défiant les proportions et la logique classique pour créer des scènes à la fois inquiétantes et fascinantes.


Rousseau, longtemps moqué pour son style naïf, est aujourd’hui célébré pour la profondeur et la subtilité de son imagination. Il parvient à transformer l’ordinaire en extraordinaire, faisant coexister le réalisme et l’exotisme, la lumière et l’ombre, la sérénité et le danger. Son influence sur le modernisme et le surréalisme est indéniable, et son œuvre, riche en inventions visuelles et narratives, continue de captiver le public. 


La magie de ses tableaux réside dans leur capacité à créer des univers où l’observateur est à la fois spectateur et acteur, immergé dans un monde où l’imaginaire devient tangible, et où chaque détail révèle la minutie et l’inventivité d’un maître autodidacte hors du commun. 


L’exposition permet de revisiter cette œuvre monumentale et de mieux comprendre pourquoi Henri Rousseau demeure un peintre incontournable de l’histoire de l’art.






Les leaders de la Tech aux USA sont indiens ... L'inde avance à Haïfa ... JBCH N° 640

Le pays le plus peuplé du monde avec 1,7 milliards d'habitants monte au créneau, Alors que la Chine ne mise que sur l'industrie, l'Inde privilègie la matière grise ... sans perdre de vue son lien commercial avec le Moyen Orient (Haïfa et l'Europe) 


Aucune autre nation au monde ne "forme" autant de citoyens de cette manière, de façon gladiatorienne, que l'Inde", déclare R. Gopalakrishnan, ancien PDG de Tata Sons et co-auteur de The Made in India Manager.



Les hauts dirigeants d’origine indienne dominent aujourd’hui plusieurs géants technologiques mondiaux. Parmi eux : Satya Nadella, ancien ingénieur devenu PDG de Microsoft, qui a transformé l’entreprise autour du cloud et de l’intelligence artificielle. Sundar Pichai, né à Chennai, dirige Google et sa maison-mère Alphabet, et joue un rôle clé dans la stratégie IA du groupe. 



À la tête d’Adobe, Shantanu Narayen incarne l’élite technologique indienne : il a guidé l’entreprise vers un modèle d’abonnement très rentable. Enfin, Arvind Krishna, diplômé de l’IIT Kanpur, est CEO d’IBM, où il a piloté des acquisitions majeures comme Red Hat.


La formation d’ingénieurs en Inde est massive : environ 1,5 million de jeunes obtiennent chaque année un diplôme d’ingénierie.  Pourtant, une grande partie de ces diplômés ne sont pas jugés “employables” par les entreprises : selon certaines études, seuls 7 % répondraient aux exigences techniques et de savoir-être.  


Cette situation pose un dilemme : d’un côté, l’Inde dispose d’un vivier immense de talents potentiels ; de l’autre, une partie de ces diplômés peine à être absorbée dans l’industrie technologique.



Dans une logique géoéconomique plus large, l’Inde multiplie désormais les investissements stratégiques à l’étranger. 


Le groupe Adani, dirigé par le milliardaire indien Gautam Adani, a acquis 70 % du port de Haïfa en Israël pour 1,2 milliard de dollars.  Ce port méditerranéen devient pour l’Inde un hub stratégique entre l’Asie et l’Europe, dans le cadre d’un corridor commercial appelé IMEC (India-Middle East-Europe Corridor).  



L’objectif : diversifier les routes d’exportation, réduire la dépendance aux routes maritimes traditionnelles — souvent soumises à des points de blocage — et renforcer l’influence économique de l’Inde dans une région cruciale. 


Cette acquisition reflète aussi l’ambition géopolitique de New Delhi : contrôler des infrastructures essentielles pour peser dans les flux mondiaux, tout en affirmant ses liens avec Israël.



dimanche 16 novembre 2025

Revenir sur la guerre des 12 jours .... JBCH N° 639

La guerre des Douze Jours a couronné Israël vainqueur absolu et incontestable face à un Iran réduit à l’impuissance stratégique, révélant au grand jour l’effondrement d’une dissuasion jadis vantée comme un rempart infranchissable.


Tout commence par l’humiliation d’avril 2024, quand Téhéran lance une pluie de drones et de missiles balistiques en riposte à la frappe sur son consulat à Damas, mais plus de quatre-vingt-quinze pour cent des projectiles sont pulvérisés en vol par les boucliers israéliens, soutenus par Washington et ses alliés, ne laissant qu’un impact militaire dérisoire et une image de faiblesse irrémédiable pour l’arsenal iranien.


Puis vient le coup de grâce en juin 2025, avec des frappes chirurgicales israélo-américaines qui martèlent les sanctuaires nucléaires de Fordow, Natanz et Isfahan lors de l’opération Midnight Hammer, confirmant que Téhéran ne peut plus protéger ses joyaux stratégiques, retardant son rêve atomique de plusieurs années sans que quiconque ne puisse contester la réalité de cette neutralisation.


Les piliers de la puissance iranienne s’écroulent les uns après les autres, les missiles Shahab, Ghadr ou Sejjil peinent à percer les défenses multicouches d’Israël, les drones Shahed ne saturent rien du tout, à peine un millier lancés en douze jours, et les lanceurs mobiles fondent comme neige au soleil sous les assauts précis de l’aviation hébraïque, tandis que le bouclier antiaérien Bavar ou S-300, censé défier les cieux, s’effondre dès les premières heures face aux chasseurs furtifs et aux missiles antiradar.



L’arc chiite, ce réseau de proxies qui devait étendre la menace iranienne, se brise net, le Hezbollah reste muet malgré les supplications de Téhéran, terrassé par l’explosion des pagers en septembre 2024 et l’élimination de Nasrallah une semaine plus tard, la chute d’Assad en décembre coupe les vivres, les milices irakiennes hésitent sous le regard américain, et seuls les Houthis osent quelques tirs symboliques depuis leur lointain Yémen, sans ébranler quiconque.



Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu avec le chef de l’État iranien, Masoud Pezeshkian, dans un contexte de tensions extrêmes après les attaques menées contre l’Iran. 


Selon un communiqué relayé par les médias officiels de Téhéran, le dirigeant français aurait adressé ses condoléances pour les victimes des frappes israéliennes, un geste immédiatement mis en avant par les autorités iraniennes qui cherchent à montrer que la communauté internationale reconnaît leur vulnérabilité.

D’après cette même source, Emmanuel Macron aurait rappelé que la France fut parmi les premiers pays à condamner les attaques israéliennes ainsi que les frappes américaines qui ont suivi. Cette affirmation, largement exploitée par les médias iraniens, vise à présenter Paris comme un acteur critique de l’escalade militaire conduite par Israël et Washington durant les douze jours de confrontation.


Cet échange téléphonique survient alors que les Européens tentent de retrouver une marge diplomatique dans une crise qui les place dans une situation délicate : tout en réaffirmant leur attachement à la sécurité d’Israël, ils cherchent à éviter une conflagration régionale et à préserver un canal de dialogue avec Téhéran.


Pour l’Iran, la mise en avant de ces « condoléances » françaises constitue une victoire symbolique, montrant que même des alliés traditionnels des États-Unis reconnaissent la gravité des pertes subies.Israël, lui, danse sur les ruines de cette stratégie adverse avec une maîtrise totale, infiltrant le territoire ennemi pour assembler des drones sur place, localisant généraux et scientifiques avec une précision chirurgicale, semant la panique par un simple appel téléphonique menaçant, et frappant sans relâche grâce à un commandement unifié qui contraste avec la paralysie iranienne sous l’œil du Guide suprême.



Post-sept octobre 2023, la doctrine israélienne a muté en machine préemptive, acceptant l’escalade pour éradiquer les menaces existentielles, transformant le traumatisme en force motrice, et validant en douze jours une supériorité technologique, informationnelle et opérationnelle qui laisse Téhéran isolé, suspicieux et épuisé.

Pour Israël, les fruits de cette victoire absolue sont immenses, un programme nucléaire iranien repoussé dans l’ombre, une dissuasion retrouvée qui dicte les règles régionales, des alliances sunnites renforcées face à la menace chiite affaiblie, et une légitimité internationale pour frapper d’abord et fort.


Israël restaure légitimement la confiance d’une nation ébranlée et projetant une ombre dissuasive sur tout adversaire potentiel, tandis que l’Iran, État rationnel mais prévisible, doit tout repenser pour survivre dans un Moyen-Orient redessiné par la main de fer de Tsahal.




La Géopolitique du Carbone JBCH N° 638

La géopolitique du carbone repose aujourd’hui sur un triangle de puissances  : la Chine, les États-Unis et l’Union européenne – dont les trajectoires énergétiques diffèrent au point de redessiner l’ordre mondial. 


La Chine, forte de 30 % des émissions globales, demeure le premier pollueur de la planète, mais cela ne l’empêche pas d’être en même temps la championne mondiale des énergies renouvelables et du nucléaire. 


Elle installe plus de panneaux solaires, de batteries et de réacteurs que le reste du monde réuni, au point que sa baisse de 2,7 % des émissions en 2024 reflète autant un ralentissement économique qu’un changement de modèle. Cette stratégie planifiée lui permet surtout de dominer l’industrie mondiale du bas carbone, de contrôler l’accès aux métaux critiques et de capter la valeur économique de la transition énergétique.




À l’autre bout du spectre, l’Union européenne ne représente que 6 % des émissions mondiales, mais continue de se considérer comme le moteur moral de la lutte climatique. Elle s’est dotée d’objectifs ambitieux, a instauré un Pacte vert très exigeant et se veut exemplaire dans sa décarbonation. Pourtant, en 2024, ses émissions ont augmenté de 4,6 %, révélant une contradiction profonde entre ses ambitions réglementaires et ses fragilités industrielles. 


L’Europe importe massivement ses panneaux solaires de Chine, son gaz liquéfié des États-Unis, et ses métaux critiques d’Afrique ou d’Asie. Elle ne domine ni la technologie, ni les chaînes de production, ni l’énergie — elle domine seulement la norme. Ce positionnement l’isole parfois, en particulier lorsque ses réglementations sont perçues comme punitives par ses propres citoyens et handicapantes pour son industrie.


Les États-Unis évoluent encore dans une autre direction. Malgré leur poids de 11 % dans les émissions mondiales, ils oscillent depuis une décennie entre ambition climatique et climatoscepticisme assumé. Le retour de l’administration Trump a consacré une stratégie claire : maximiser la production d’hydrocarbures, déréguler les normes environnementales, réduire les financements scientifiques et relancer le nucléaire uniquement pour répondre aux besoins colossaux des data centers. 



Ces infrastructures numériques consomment déjà plus de 4 % de l’électricité nationale et leur expansion, tirée par l’intelligence artificielle, pousse Washington à privilégier des solutions rapides plutôt qu’une transition bas carbone cohérente. Une étude du site Carbon Brief estime que cette orientation pourrait ajouter jusqu’à 4 milliards de tonnes supplémentaires de CO₂ dans les années à venir, un bond considérable qui confirme la position américaine comme puissance fossile.



Cette divergence des stratégies nourrit une compétition mondiale où chacun tente d’imposer sa vision. La Chine exporte massivement ses technologies d’énergie propre, les États-Unis exportent leur gaz naturel liquéfié devenu indispensable à l’Europe, et l’Union européenne exporte des normes climatiques rigoureuses qui, faute d’assise industrielle, fragilisent parfois davantage les entreprises européennes que leurs concurrentes étrangères.



Dans ce jeu global, les gagnants sont faciles à identifier : la Chine, qui vend les outils de la transition ; les États-Unis, qui vendent l’énergie elle-même ; et, dans une moindre mesure, les grandes entreprises technologiques dont l’appétit énergétique structure désormais la politique nationale.


L’Europe apparaît comme le maillon faible. Sa transition repose largement sur la taxation, du carbone au carburant, en passant par les quotas payants et la taxe carbone aux frontières. Pour beaucoup de ménages et de PME, l’écologie devient synonyme de coûts supplémentaires, de restrictions et d’obligations sans alternatives viables. Cette perception d’« écologie punitive » ne cesse de grandir, nourrie par le sentiment que les efforts imposés aux citoyens contrastent avec la dépendance technologique extérieure et l’incapacité du continent à produire lui-même l’énergie ou les équipements dont il a besoin.



Dans ce contexte, une question traverse toute réflexion sur la géopolitique du carbone : une politique climatique peut-elle réussir si elle repose principalement sur la contrainte, sans souveraineté énergétique, sans innovation domestique et sans compétitivité industrielle ? Les faits montrent que non. 


Là où la Chine associe planification, production et stratégie d’exportation, où les États-Unis privilégient puissance énergétique et domination numérique, l’Union européenne peine à concilier vertu écologique, cohésion sociale et efficacité économique. 


La transition mondiale, loin d’être un processus uniforme et consensuel, devient ainsi un terrain de rivalités où la capacité à produire, plutôt qu’à taxer, dictera les rapports de force de demain.