Rechercher dans ce blog

lundi 27 octobre 2025

Blog d'Hervé Kabla : Les CVCB JBCH N° 561

Connaissez-vous les CVCB ?

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?

L’enfer est pavé de bonnes intentions, c’est bien connu. Et en matière de bonnes intentions foireuses, j’aimerais vous faire part d’une de celles qui m’a le plus étonné : la CVCB.

Si vous ne connaissez-pas encore la CVCB, pas d’inquiétude, il y a de fortes chances que vous ayez à peu près mon âge, ou que vous ayez passé le permis de conduire il y a plus de vingt ans. 


Car – j’ai fait le test auprès de mes plus jeunes enfants – la CVCB est un concept récent, enseigné dans les écoles de conduite pour une raison évidente : c’est une adaptation de nos bonnes vieilles routes départementales pour leur adjoindre des pistes cyclables là où il paraît trop onéreux de mener des travaux de voiries trop poussés.

La route qui vous veut du mal

La CVCB – aussi appelée Chaussée à Voie Centrale Banalisée – permet donc aux automobiles et aux vélos de cohabiter paisiblement. Seul problème : je suis rentré en mode panique dès que j’ai posé les roues sur une CVCB. Vous allez aisément comprendre pourquoi.

La CVCB, comme le montre l’illustration précédente, consiste donc à intégrer deux voies de cyclistes virtuelles, et à remplacer la bonne vieille route à deux voies par une route … à une voie, sans ligne pointillée permettant de distinguer les deux sens de circulation.

Je ne sais pas quel est le débile mental qui a eu l’idée de ce type d’habillage, mais si vous le connaissez, donnez moi son adresse et je me ferai un plaisir de lui envoyer un exemplaire du livre Nudge, de Richard Thaler et Cass Sunstein. Ils y trouveront une liste d’exemples de dispositifs mal conçus, dans laquelle la CVCB pourrait obtenir une place respectable.

Car quand vous vous trouvez sur une CVCB, le premier réflexe qui vous prend, c’est de rouler au centre, et non sur les côtés. C’est normal, il vous avez l’impression visuelle de rouler sur route à sens unique, avec deux bandes cyclables, une dans votre sens, et une en sens inverse, comme dans Paris, en fait… Pire que ça, en cas de ralentisseur avec un dos d’âne, on ne trouve souvent qu’un seul bloc central, et non deux blocs. Génial non ?

Mais attention, car lors du premier usage, vous n’allez probablement pas vous rendre compte que c’est une route à deux sens de circulation. Et si un autre véhicule vient en sens inverse, vous n’aurez que quelques secondes pour vous rabattre. Je vous laisse imaginer le résultat au détour d’un virage, ou si plusieurs cyclistes se trouvent effectivement sur la piste cyclable virtuelle…

La CVCB, c’est le résultat d’une bonne idée – développer plus de pistes cyclables en France – combinée avec une architecture qui ne le permet pas – la bonne vieille route départementale à deux voies.

Vive le chaucidou…

Il paraît que l’appellation CVCB ne passe pas si bien, et que des petits génies du nudge à la française lui ont trouvé un joli nom : le chaucidou, pour « Chaussée à circulation douce ». Il existe même un panneau de signalisation pour les repérer, je défie quiconque d’être capable de les déchiffrer tout en conduisant.

Bref, si conduire dans Paris est déjà devenu un calvaire, avec la CVCB ou Chaucidou, vous allez atteindre un niveau supérieur…

Pour les amateurs qui aimeraient tester ce type de route, il suffit de faire un tour peu après la sortie Vélizy-Villacoublay, sur la route qui longe Joisy en Josas. Si vous vous y rendez en voiture, faites attention aux vélos…

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?

Revolut, la start up qui a mis dix ans pour arriver au sommet ! JBCH N° 560

J'ai connu Revolut il y a plus de dix ans, puisque les cartes de banque françaises taxaient de 3 à 4 % les transactions,  hors de l'Union Européenne ...  mais  pas Revolut , cette carte de débit était gratuite. 


Je continue toujours à me servir ce cette carte comme porte monnaie, par sécurité pour des achats en ligne, et pour les cadeaux d'anniversaire, ou les remboursements personnels immédiats d'achats effectués par mes enfants ou mes avis


Depuis dix ans je demande à mes amis de prendre cette carte. Un seul de mes amis a été refractaire , il l'est toujours. Revolut, c'est l’irrésistible ascension d’une fintech devenue géante mondiale




En à peine dix ans, Revolut s’est imposée comme l’une des plus impressionnantes success stories de la finance mondiale. Née à Londres en 2014 de l’initiative de Nikolay Storonsky, ancien trader chez Credit Suisse, et de Vlad Yatsenko, ingénieur en systèmes de paiement, la jeune pousse britannique n’était au départ qu’une application mobile permettant d’éviter les frais de change à l’étranger


Dix ans plus tard, elle revendique plus de 65 millions de clients dans 70 pays, et une valorisation de 45 milliards de dollars, la plaçant au sommet des fintechs européennes.


Des débuts modestes à la conquête planétaire : Le pari initial de Revolut repose sur une idée simple : rendre les services financiers instantanés, transparents et sans frontières. En supprimant les frais de change et en proposant des paiements multidevises à partir d’une carte unique, la fintech séduit très vite les grands voyageurs, les étudiants et les indépendants.



Entre 2015 et 2020, elle attire 10 millions d’utilisateurs en partant de rien — un rythme de croissance inédit dans l’histoire bancaire.


Mais la véritable révolution survient avec la diversification de ses services : trading d’actions et de cryptomonnaies, comptes enfants, outils de gestion de budget, produits d’épargne, assurances et bientôt crédits à la consommation. Revolut devient une super-app financière, concentrant dans une interface intuitive toutes les fonctions d’une banque, d’un courtier et d’un gestionnaire de patrimoine.


L’entreprise se distingue aussi par son modèle sans agence, 100 % numérique, et sa stratégie d’expansion mondiale rapide. Dès 2020, Revolut transfère ses clients européens sous une licence bancaire lituanienne, anticipant les effets du Brexit, avant de se lancer à la conquête des États-Unis, du Japon, de l’Australie, du Brésil, de Singapour ou encore de la Suisse.


Une croissance portée par la technologie et la data, Revolut ne se contente pas de reproduire les services bancaires traditionnels : elle les réinvente grâce à la technologie.


L’intelligence artificielle optimise les processus de sécurité et de crédit, les transactions sont instantanées, les virements internationaux quasi gratuits, et l’expérience utilisateur pensée comme celle d’un réseau social.


Son modèle repose sur la puissance de la donnée : chaque transaction, chaque dépense, chaque profil utilisateur nourrit un système capable d’affiner les offres et de réduire les coûts. Ce levier technologique explique la rentabilité fulgurante du groupe : en 2023, Revolut affiche un bénéfice net de 395 millions d’euros, porté à 1,4 milliard de dollars de bénéfice avant impôts en 2024.


Le défi de devenir une vraie banque, Pourtant, le dernier obstacle reste de taille : obtenir partout le statut de banque à part entière. Revolut possède déjà une licence bancaire en Lituanie, ce qui lui permet d’opérer dans toute l’Union européenne. En 2024, elle a enfin obtenu sa licence bancaire au Royaume-Uni, après cinq ans d’attente et d’interrogations du régulateur britannique sur ses procédures de contrôle des risques et de conformité.



Cette reconnaissance change tout : elle permet à Revolut de recevoir des dépôts, accorder des crédits et garantir les fonds de ses clients. Le groupe prépare ainsi le lancement de ses premières offres de crédit en France, en Irlande et en Lituanie, avec des promesses d’octroi 100 % numérique en moins de 24 heures, dopées à l’intelligence artificielle.


Mais cette évolution impose aussi un changement de culture. Pour convaincre les régulateurs, Revolut s’entoure désormais de figures du secteur bancaire traditionnel : Béatrice Cossa-Dumurgier, ex-BNP Paribas, dirige la filiale France ; Frédéric Oudéa, ancien patron de Société Générale, préside le conseil d’administration. Un signal fort envoyé au monde financier : Revolut veut devenir une banque régulée, prudente, et non plus seulement une fintech audacieuse.


Un modèle qui bouscule la finance mondiale qui avec 6 000 employés et une présence dans plus de 35 pays, Revolut symbolise le nouveau visage de la finance mondiale : mobile, décentralisée et transnationale.


Son application « One app, all things money » traduit une philosophie simple : centraliser tout ce qui touche à l’argent — paiements, placements, crédits, devises, assurances — dans un seul écosystème.




Les chiffres donnent le vertige : plus de 4 milliards de dollars de revenus en 2024, 11,5 milliards d’euros d’investissements prévus sur cinq ans, et un objectif affiché de 100 millions de clients d’ici 2027. En France, le pays où sa croissance est la plus forte, Revolut compte déjà plus de 5 millions d’utilisateurs et a fait de Paris son siège pour l’Europe de l’Ouest, après un investissement de plus d’un milliard de dollars.


De la start-up à la banque du futur, Revolut n’est plus une start-up. C’est désormais une puissance financière mondiale capable de rivaliser avec les banques historiques. Sa force réside dans son agilité, sa capacité d’innovation et son sens du timing : elle a su profiter du Brexit, de la digitalisation accélérée par la pandémie et du désamour du public envers les banques traditionnelles.


Loin de se limiter à une simple carte sans frais, Revolut est devenue une banque universelle du XXIe siècle, pilotée depuis un smartphone. Mais son défi ultime reste à venir : prouver qu’une banque née de la technologie peut aussi maîtriser la rigueur du crédit, la gestion du risque et la confiance des régulateurs.


Si elle y parvient, Revolut pourrait bien devenir la première “big bank” mondiale née d’une application mobile — symbole d’un monde où l’argent circule aussi librement que les données. J'ai été un des premiers utilisateur, et je n'ai jamais eu le moindre problème.



dimanche 26 octobre 2025

Sifflez au Marché de Tunis JBCH N° 559


Les Sifflets des Familles : Mélodies Secrètes de Tunis à La Goulette (Années 1950)


Dans les ruelles étroites de la Hara de Tunis, au cœur des années 1950, le sifflet n'était pas qu'un son fugace porté par le vent salé de la Méditerranée. C'était un héritage vivant, un fil invisible tissé entre les générations, une signature, un code qui transcendait les murs épais des maisons des rues, des ruelles, du marché, au milieu des cris des marchands ambulants.


Les Juifs tunisiens, ces Twensa aux racines profondes, présents depuis 2 800 ans sur cette terre, avaient transformé cette habitude en rituel familial.


Le sifflet : chaque lignée adoptait un air spécifique, matérialisé par une musique naturelle de sept notes, parfois cinq, ou un trille ascendant, vacillait encore ; le sifflet était le messager infaillible, reconnaissable entre mille dans la cacophonie cosmopolite de la ville.




Inspiré des ombres reconstruites dans Sifflez pour Moi, ce roman d'un enfant du 3 rue d’Alger, de dix ans, où le sifflet du père : trois notes montantes, quatre descendantes devenait le fil rouge de la survie, cette coutume qui perdure, s'épanouit dans les années 50, quand Tunis renaissait, mêlant indistinctement Juifs, Arabes, Maltais Siciliens et Corses dans le bouillon de la vie quotidienne, et avant la chute … dans un nouvel univers inconnu dès 1960 (Bizerte)


Imaginez les après-midi brûlants de 1955, quand le soleil cognait sur les terrasses surchargées de linge, au milieu des buanderies, .Un garçon comme moi, narrateur de Sifflez pour Moi, debout sur la terrasse devant les clochers de la cathédrale, revenu de Paris, vingt ans plus tard, pour régler des affaires familiales, et qui errait dans le souk situé après la porte de France essayant de retrouver les airs fantômes de tous ces sifflets !


1 Les odeurs d'épices, de cuir tanné et de jasmin flottaient, rappelant le marché central d'octobre 1942 décrit dans le roman : cette "mer vivante" de couleurs et de cris, ce marché toujours présent n’a plus l’agitation des veilles de fêtes juives,


Soudain, un sifflet perçait le tumulte – do-ré-mi ascendant, puis fa-mi-ré-do descendant en cascade joyeuse. C'était l'air des Valensi, une famille Grana aux origines italiennes livournaises, prospères marchands de tissus.


Le siffleur, un oncle bedonnant nommé Raymond, appelait ses neveux dispersés aux étals voisins. "C'est pour nous réunir sans un mot," expliquait-il plus tard, assis sur un tabouret bancal, un verre de thé la menthe aux pignons à à la main. En effet, sous l'occupation, un cri pouvait attirer les miliciens ; le sifflet, lui, glissait comme un djinn invisible. ll est vrai que les djnouns hantaient les maisons …


Les enfants Valensi répondaient instinctivement, leurs lèvres pincées imitant l'air ancestral, hérité de grands-pères qui l'avaient utilisé pour chercher ses enfants ou sa femme … ou fuir les rafles des hommes habillés en noir de Vichy.


Non loin, dans la ruelle des forgerons, un autre sifflet résonnait : cinq notes rapides, comme un oiseau moqueur – sol-la-si bémol-la-sol. Celui des Guez, la lignée héroïque de Paul Guez, l'avocat décoré de la Grande Guerre, pilier du Comité des Douze pendant les mois sombres de 1942-1943.


Dans Sifflez pour Moi, Guez négociait avec le colonel Rauff , le boucher de Salonique, inventeur des camions à gazer, pour les travailleurs forcés, notant noms et dispenses sous la menace inquiétante voire mortelle des SS.


Le sifflet, en 1950, était transmis à ses descendants tous s'en servaient pour coordonner les livraisons, pour se contacter, tout ça a été remplacé par les iPhones .


2 Une nièce, prénommée Esther en hommage à une aïeule, sifflait depuis la terrasse pour rameuter ses frères rentrant de l'école de l'Alliance Israélite.


"Chaque famille avait son motif unique," confiait-elle, les yeux pétillants sous son foulard coloré.


"Les De Paz, ces fabricants de halwa et de bonbons optaient pour un trille doux, comme du sucre filé : mi-fa-sol-fa-mi-ré-do" C'était une reconnaissance instantanée : dans les fêtes interconfessionnelles à La Goulette, où Juifs et musulmans jouaient au foot comme avant la guerre, un sifflet familial coupait court aux quiproquos.


Un Arabe voisin, entendant l'air des Borgel – un descendant de Moïse Borgel, le "roi sage" arrêté en novembre 1942 , souriait et répondait d'un clin d'œil, glissant un morceau de pain italien frais et une tranche de boutargue de thon par la grille.


Cette habitude, est née de la nécessité de communiquer secrètement sous l'occupation, un code pour rassembler les frères au milieu du chaos d'El Aouina ou des camps de Mornag , s'était muée en symbole de résilience. Il permettait de contourner la pression exercée par les nazis.


En 1952, lors des tensions post-indépendance naissante, quand Habib Bourguiba murmurait déjà les vents du changement, les sifflets servaient aussi à signaler les réunions communautaires secrètes.


Elie Cohen-Hadria, médecin au regard d'acier du comité de recouvrement, sifflaient un air grave, descendant comme un soupir : ré-do-si bémol-la-sol-fami. Il appelait les notables à débattre des dettes de guerre, ces soixante-trois millions hypothéqués pour amendes et STO, encore en suspens dans les archives.


3 "C'était notre téléphone portable avant l'heure," riait un vieux forgeron, sculptant une menorah pour Hanoukkah. Les enfants l'apprenaient dès le berceau : imiter l'air paternel pour rentrer avant le couvre-feu imaginaire des parents inquiets.


Mais au-delà de l'utilité, le sifflet portait l'âme cosmopolite de Tunis. Dans les cafés comme le Paris-Bar sous le Cinéma Colisée, , où l'on sirotait des granités sous les regards de Pietri le Corse, un sifflet familial qui déclenchait des récits.


Un Maltais pro-Mussolini repenti sifflait l'air des Soria – magnats des minoteries, donateurs forcés de sept cent mille francs en décembre 1942, pour commander un café, intégrant le code juif par amitié.


Les femmes, souvent exclues des décisions communautaires, avaient leurs variantes : un trille plus aigu pour les mères appelant les filles du balcon, évitant les ragots des voisines comme Fatma la cuisinière fidèle du roman.


En 1956, avec l'exode naissant vers la France et dans une moindre mesure Israël les sifflets devinrent adieux déchirants.


Pendant des années, le même tableau, si triste : sur les quais du port, devant le Ville de France ou le Ville d’Oran, en partance pour Marseille, un père sifflait son air familial une dernière fois, et les enfants, dispersés dans la foule, lui répondaient en chœur, larmes aux yeux.


Comme dans l'épilogue de Sifflez pour Moi, où le narrateur, devenu homme, siffle pour ses enfants : « nos mélodies personnelles, un refus chanté de l’exil »


4 Dans les années d’après-guerre , ce n'était pas qu'une habitude ; c'était l'écho de la survie, un pont entre les ombres de 1942 et l'aube d'une Tunisie indépendante arabe dans laquelle les juifs présents à Carthage qu’ils ont construit avec les Phéniciens et la reine Didon, puis à Djerba, apportant les pierres du Temple de Salomon, ont été chassés.


Chaque famille, par son air unique, se reconnaissait, se protégeait, se perpétuait – un sifflet naturel, éternel, contre l'oubli.


Cent cinquante mille juifs quittaient la Tunisie, en quelques années, sans pouvoir vendre leurs maisons, sans aucun bien (les comptes en banque étaient bloqués), la majorité partaient pour la France, une petite minorité en Israël et au Canada.


Une idée qui me hante …


A ce jour personne n’a parlé de ce phénomène spécifique, aucun sociologue, aucun historien, et pourtant !!! Qui aurait la patience de récolter, d’enregistrer tous ces airs il doit y en avoir des milliers, et de monter un « Musée du Sifflet tunisien » ???


A vous de transmettre vos idées … sur JBCH Échanges

La Bataille de Lépante. JBCH N° 558


Le 7 octobre 1571, dans le golfe de Patras, au large de la Grèce, se joue l’un des affrontements navals les plus décisifs de l’histoire méditerranéenne : la bataille de Lépante


Ce choc titanesque oppose la flotte ottomane, alors puissance dominante de la Méditerranée orientale, à la Sainte Ligue chrétienne, coalition formée à l’initiative du pape Pie V et réunissant les forces de Venise, de l’Espagne de Philippe II, des États pontificaux, de Gênes et de Malte.


L’enjeu dépasse le simple contrôle maritime : c’est la confrontation entre deux mondes, deux civilisations et deux conceptions de la mer — l’une héritée des antiques galères à rames, l’autre déjà tournée vers la modernité navale et la navigation océanique.




La flotte du sultan Sélim II, commandée par Ali Pacha, comprend plus de 250 galères, vaisseaux allongés, bas sur l’eau, mus par des rameurs esclaves, souvent chrétiens capturés lors de razzias. Leur force réside dans la rapidité d’approche et dans l’abordage, où les janissaires excellent. Mais à Lépante, cette tactique révèle ses limites :

les galères ottomanes sont lourdes, difficiles à manœuvrer, vulnérables au vent et aux courants. Leur artillerie, disposée à l’avant, ne peut tirer que dans un angle étroit. Face à des adversaires mieux équipés, elles deviennent des proies.


En face, la Sainte Ligue aligne environ 200 galères et 6 galéasses vénitiennes, ces immenses navires hybrides, à la fois à rames et à voiles, armés de canons latéraux et de ponts surélevés. Leur puissance de feu, leur stabilité et leur hauteur les rendent redoutables. Ces galéasses vont jouer un rôle déterminant : disposées à l’avant du dispositif chrétien, elles pulvérisent les premiers rangs ottomans avant même que ceux-ci n’aient pu engager le combat rapproché.


La supériorité tactique et technologique des Espagnols : L’autre avantage décisif des forces chrétiennes réside dans leur expérience de la haute mer. Les Espagnols et les Génois, aguerris par les traversées atlantiques et les batailles contre les corsaires barbaresques, disposent de vaisseaux plus robustes, mieux conçus pour affronter les éléments. Inspirés des caravelles et galions océaniques, leurs navires supportent mieux le vent et les vagues.



Leur artillerie, mieux distribuée, permet un feu croisé meurtrier. Tandis que les Ottomans s’obstinent à ramer pour aborder, les Espagnols tirent à distance, dévastant ponts et rameurs. L’infanterie espagnole, les fameux tercios, embarquée à bord, est disciplinée, expérimentée, redoutable dans les combats rapprochés. Lorsque les navires se heurtent enfin, ce sont eux qui prennent le dessus, transformant la bataille en massacre.



Une coordination chrétienne exceptionnelle Pour une fois, les intérêts divergents des puissances chrétiennes s’effacent. Sous le commandement de Don Juan d’Autriche, demi-frère du roi Philippe II, la coalition agit avec une cohésion rare. Les Vénitiens, dirigés par Sebastiano Venier, et les Génois de Gianandrea Doria, manœuvrent en ordre. L’amiral Venier, figure hiératique, se distingue par son calme et sa détermination, incarnant l’engagement inébranlable de la République de Venise.



À l’inverse, du côté ottoman, la coordination fait défaut. Ali Pacha, à bord de sa galère amirale, tente en vain de maintenir la ligne de bataille. Ses capitaines agissent souvent isolément. Lorsque sa propre galère est prise d’assaut et qu’il est tué d’une balle, la flotte ottomane s’effondre : les rameurs chrétiens se soulèvent, les bannières de la croix remplacent celles du croissant.


Des alliés inattendus et oubliés : le comte de Naxos : Parmi les combattants de Lépante, on compte un personnage souvent méconnu : le comte de Naxos, Joseph Nasi, frère de la célèbre Dona Gracia Nasi, surnommée La Señora, mécène et bienfaitrice de la diaspora juive séfarade. 

Bien qu’ayant été proche du pouvoir ottoman par opportunisme politique, Joseph Nassi, homme d’une intelligence remarquable et fin stratège, comprend la portée symbolique de cette bataille. Son nom apparaît dans plusieurs récits comme ayant joué un rôle d’intermédiaire et d’observateur informé, témoin du basculement de l’histoire méditerranéenne.


Joseph Nassi Comte de Naxos

La présence de cette famille de savants et de diplomates juifs rappelle à quel point la Méditerranée de la Renaissance était un espace complexe, mêlant alliances politiques, intérêts économiques et fidélités mouvantes.


Une défaite lourde de conséquences : La bataille de Lépante marque la première grande défaite navale de l’Empire ottoman. Plus de 30 000 morts et 200 galères détruites ou capturées signent la fin du mythe de l’invincibilité turque en mer. Même si l’Empire se reconstitue rapidement, il ne retrouvera jamais son hégémonie maritime d’antan.




Pour les Européens, la victoire de Lépante est bien plus qu’un succès militaire : c’est une victoire morale, spirituelle et symbolique. Dans toute l’Europe, des cloches sonnent, des processions se forment, et des artistes – comme Le Tintoret ou Andrea Vicentino à Venise – immortalisent l’événement sur les murs des palais et des églises.


Lépante, une mémoire vivante, Lépante n’est pas seulement une bataille : c’est le tournant d’un monde. Elle marque le passage d’une Méditerranée dominée par les rameurs esclaves et les galères de guerre à une ère nouvelle, celle des grands voiliers et de la puissance atlantique.




La défaite des Turcs révèle le retard technologique d’un empire encore tourné vers les modèles du passé, face à une Europe qui s’ouvre déjà aux océans et à la modernité.


Et dans ce tumulte, entre les flammes, les cris et les prières, un monde ancien s’éteint, tandis qu’un autre – celui des empires modernes, des échanges globaux et de la science navale – prend définitivement son essor.



Lego évolue ... pour les adultes ! ... JBCH N° 557


On se pasionne !!!  c'est aussi addictif ... Dans un monde saturé d’écrans et de notifications, d'applications, d'Intelligence Artificielle comme Chat GPT,  Lego invite les adultes à ralentir à réfléchir et à reprendre le contrôle, avec un set émouvant inspiré du chef-d’œuvre de Pixar, Wall-E. 


Composé de 811 pièces, le coffret rend un hommage fidèle et poétique au petit robot éboueur amoureux d’une planète qu’il rêve de sauver.


On y retrouve Wall-E, avec son regard attendrissant et ses chenilles articulées, ainsi qu’Eve, toute en courbes et élégance futuriste. Le coffret inclut aussi M-O, le maniaque du nettoyage, et Hal, le cafard indestructible. 


Chaque détail est pensé : Eve cache la fameuse plante, Wall-E transporte ses déchets, et leurs bras s’animent pour recréer les scènes cultes du film. L’ensemble oscille entre design déco et hommage écologique, reflétant l’esprit du long-métrage de 2008.

Destiné avant tout aux adultes en quête de calme et de créativité, ce set offre une expérience de construction relaxante. Les techniques de montage sont variées et les pièces ingénieusement conçues, aboutissant à un rendu final d’une finesse remarquable


Lego a compris que les grands ne construisent plus seulement pour jouer, mais aussi pour exposer et contempler. Une fois assemblé, le duo Wall-E et Eve devient une pièce de décoration idéale pour un bureau ou un salon moderne.


Grâce à l’application Lego Builder, il est même possible de partager l’expérience à plusieurs, en construisant ensemble ce symbole d’amour et d’écologie.







Les plus :

  • Fidélité au film Pixar, jusque dans les expressions des personnages.

  • Expérience de montage fluide et agréable.

  • Résultat final élégant et décoratif.

  • Conçu pour les adultes, apaisant et immersif.

  • Excellent rapport qualité-prix (moins de 60 € sur Amazon).


Les moins :

  • Pas de motorisation ni d’effets lumineux.

  • Exige un peu de patience pour les petits détails.

Plus qu’un simple jouet, le Lego Disney Pixar Wall-E et Eve (43279) est une véritable capsule émotionnelle. Il capture la tendresse et la mélancolie du film, tout en incarnant la philosophie Lego : construire pour rêver, exposer et préserver


Un cadeau idéal pour les fans de Pixar, les nostalgiques et les rêveurs qui pensent encore qu’on peut sauver la Terre… une brique à la fois.



Dior mise sur les USA, une histoire hors du commun. JBCH. N° 556

Ayant habité près du Métro Havre-Caumartin, je descendais via la rue Caumartin vers les Grands Boulevards, passais par la rue Cambon, et me retrouvais rue du Fg Saint Honoré ...


J'ai ainsi fait connaissance avec les noms des grands couturiers qui ont fait et font la gloire et la renommée de la France: Hermes, Lanvin, Balanciaga, Givenchi, Balmain, Chanel, et bien d'autres ...


Les vitrines de Dior m'intriguaient, mais mon attention se portait le plus souvent sur les clients qui rentraient et sortaient ...


Diriger Dior est une chance et une grande responsabilité. Dirigeante de la maison depuis 2023, Delphine Arnault détaille les récents investissements du groupe outre-Atlantique et revient sur la nomination du créateur Jonathan Anderson.

Christian Dior ouvre sa maison le 16 décembre 1946 au 30 avenue Montaigne. Le défilé du 12 février 1947 présente le New Look : taille cintrée, jupes corolle, rupture avec l’austérité post-guerre. En 1948, première boutique à New York. À la mort de Dior en 1957, la maison emploie 1 200 personnes, réalise 160 millions de francs de chiffre d’affaires et représente 13 % des exportations françaises de mode.

Sous l’Occupation, Dior est styliste chez Lucien Lelong de 1938 à 1946. Il habille des épouses de dignitaires allemands, pratique courante dans la mode parisienne. Sa sœur Catherine, résistante, est arrêtée en 1944, torturée et déportée à Ravensbrück.



Dior n’a jamais collaboré activement mais le compromis pragmatique fut critiqué après-guerre. Il s’en défend dans ses mémoires : « Je dessinais pour survivre ; ma sœur risquait sa vie. »

En 1984, Bernard Arnault rachète le groupe Boussac en faillite, incluant Dior endetté. Sidney Toledano arrive en 1994 pour relancer la maroquinerie, devient PDG de Dior Couture en 1998. La maison souffre d’une image vieillie, de licences galvaudées et d’une couture moribonde (moins de 100 robes par an).



Toledano redresse Dior en quatre axes : recentrage sur la haute couture avec John Galliano directeur artistique dès 1996, développement de la maroquinerie avec les sacs Saddle (2000) et Lady Dior, nettoyage drastique des licences (400 ruptures sur 600 contrats), expansion retail contrôlée avec des flagships à Tokyo (2004) et Shanghai (2007). Résultat : chiffre d’affaires multiplié par 15 (1,2 milliard € en 1998 à 18 milliards € en 2017), 250 boutiques, part des États-Unis passant de 12 % à 25 % des ventes mondiales.


Galliano modernise l’image avec des défilés théâtraux. En octobre 2010, première altercation raciste au bar La Perle à Paris. Le 24 février 2011, une vidéo le montre ivre déclarant « J’aime Hitler » à une cliente juive. Le 25 février, Toledano et Arnault le licencient immédiatement. Procès en juin 2011 : Galliano invoque addiction et burn-out. Condamné le 8 septembre 2011 à 6 000 € d’amende avec sursis. Toledano nomme Raf Simons (2012-2015) puis Maria Grazia Chiuri (2016) sans rupture de croissance.


Le marché américain est-il plus important pour le secteur du luxe et pour Dior en particulier ? Il est fondamental. Nous y avons ouvert deux flagships à New York et Los Angeles. Le magasin de New York, à l’angle de la 57e Rue et de Madison Avenue, remplace un ancien point de vente entièrement repensé : 1 300 m², vitrines monumentales signées Peter Marino, végétation omniprésente en hommage aux jardins chers à Christian Dior.


Un Diorama expose des pièces emblématiques dans le grand escalier ; un spa propose soins, maquillage et parfums – une première mondiale. Toutes les gammes sont présentes : prêt-à-porter féminin et masculin, maroquinerie, joaillerie, souliers, salons VIP sur rendez-vous.

Les boutiques sont un élément clé de notre modèle économique. Elles nous mettent en contact direct avec les clients. Nous analysons données et environnements pour choisir les meilleurs emplacements. Chez Dior, chaque magasin exprime l’esprit de la maison, ses valeurs, ses codes.


Le développement international était déjà une évidence pour Christian Dior dès 1947. Son premier voyage aux États-Unis – New York, Texas, Californie – est raconté dans Christian Dior et moi. À New York, son souhait était d’ouvrir à l’angle de la 57e Rue et de la 5e Avenue. Le marché américain recèle encore un fort potentiel. Il représente un quart des ventes globales de LVMH.

Jonathan Anderson, nommé en mars 2025 unique directeur artistique pour toutes les collections féminines et masculines, est un visionnaire moderne, ancré dans sa génération. Son premier défilé femme printemps-été 2026 a présenté le sac Cigale, potentiel futur icône. Créer des produits capables de traverser les époques est l’essence de Dior. La maroquinerie reste cruciale.

Le traitement personnalisé garde toute son importance. L’histoire de Dior commence avec la haute couture : robes uniques, réalisées à la main. Le sur-mesure perdure grâce aux ateliers de l’avenue Montaigne, où certaines petites mains forment les plus jeunes depuis des décennies.


En parcourant les livres et les revues , je suis surpris par les chiffres donnés : Dior en chiffres : 290 boutiques mondiales dont 45 aux États-Unis, 2 concept-stores, 7 magasins inaugurés depuis fin juin 2025, 13 000 salariés. Face à la stagnation chinoise, les États-Unis deviennent plus convoités.


Delphine Arnault (la fille de Bernard Arnault) parie sur l’extension du réseau et la désirabilité de la marque. Le modèle actuel – 80 % maroquinerie et accessoires, 20 % couture et prêt-à-porter – est l’héritage de Sidney Toledano. Bravo M Arnault et merci M Tolédano.



samedi 25 octobre 2025

Israël Egypte : une collaboration honnête JBCH N° 555

Israël–Égypte : de la coordination sécuritaire à la coopération stratégique


Ce soir, des experts egptiens sont entrés dans la bande de Gaza, pour retrouver les dernières dépouilles des otages assassinés par les terroristes du Hamas.


La rencontre discrète du 21 octobre 2025 entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le chef du renseignement égyptien Hassan Rashad marque un tournant significatif dans les relations entre Israël et l’Égypte. 


Après des mois de coordination tacite autour de la guerre de Gaza, ce dialogue s’oriente désormais vers une coopération stratégique structurée visant à définir « le jour d’après » : la reconstruction de Gaza, la démilitarisation du territoire, et la redéfinition des rapports de sécurité le long de la frontière commune.


L’Égypte, traditionnellement médiatrice entre Israël et les acteurs palestiniens, adopte une ligne de diplomatie pragmatique et discrète. Selon Samir Ragheb, directeur de la Arab Foundation for Development and Strategic Studies, cette approche illustre la capacité du Caire à équilibrer ses relations : préserver la paix avec Israël tout en ménageant une opinion publique souvent hostile, et maintenir sa stature de puissance régionale modératrice.



Ce retour à un dialogue stratégique intervient dans un contexte délicat : le sommet de Sharmel-Sheikh sur Gaza avait suscité des tensions diplomatiques, plusieurs dirigeants arabes refusant d’y participer en présence de Netanyahu. En renonçant officiellement pour cause de fête religieuse, le Premier ministre israélien a évité une confrontation frontale, laissant la voie libre à un canal bilatéral plus confidentiel mais plus productif.



De la coordination tactique à la vision stratégique, selon le chercheur israélien Ofir Winter (INSS – Institute for National Security Studies), Israël et l’Égypte ont maintenu tout au long du conflit une coordination sécuritaire continue, même en l’absence de contacts directs entre le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi et Netanyahu. Cette coopération, menée essentiellement par les services de renseignement, a permis d’éviter des malentendus et des incidents le long de la frontière.


L’enjeu désormais est de passer d’une logique de gestion de crise à une planification politique et sécuritaire de long terme. Cette transformation suppose plusieurs étapes  La reconstruction de Gaza, sous supervision internationale. 


La réouverture du passage de Rafah, essentiel pour le commerce et l’aide humanitaire. La démilitarisation progressive du Hamas et la création d’une force palestinienne alternativeLa redéfinition du rôle de Tsahal dans le territoire et la formation d’un gouvernement palestinien réformé, excluant le Hamas.


Ces propositions s’inscrivent dans la continuité du plan Trump et des discussions récentes à Washington sur une stabilisation internationale combinant présence palestinienne et supervision étrangère.$


La sécurité frontalière : enjeu majeur du redéploiement : Au centre du débat figure la sécurisation du corridor de Philadelphie et du passage de Rafah. Israël soupçonne que l’arsenal militaire du Hamas avant l’attaque du 7 octobre provenait en partie de trafics via l’Égypte. Pour éviter une répétition, Winter suggère d’actualiser les annexes militaires des accords de Camp David (1979), afin de permettre une présence accrue des armées égyptienne et israélienne des deux côtés de la frontière.


Cette proposition, bien que sensible, témoigne d’une volonté de reconstruire la confiance bilatérale, érodée par les soupçons mutuels. Des technologies de surveillance avancée, des inspections conjointes et un contrôle numérique des flux pourraient être instaurés, tout en respectant le cadre du traité de paix.


Le rôle central du Caire : médiateur et gardien de la stabilité régionale :Pour l’Égypte, cette coopération n’est pas un simple calcul stratégique mais une nécessité diplomatique. Le pays entend conserver sa position de médiateur privilégié entre Israël, les factions palestiniennes et les puissances internationales. Comme le souligne Ragheb, le Caire pratique une diplomatie de l’équilibre : dialoguer avec tous, éviter les provocations publiques, mais maintenir une réelle influence dans les coulisses.


Cette influence se manifeste particulièrement à travers le contrôle du passage de Rafah, levier crucial sur le Hamas. Contrairement au Qatar ou à la Turquie, qui soutiennent le maintien du mouvement islamiste dans le jeu politique palestinien, l’Égypte partage avec Israël la conviction que le Hamas constitue un facteur d’instabilité régional. Néanmoins, un désaccord subsiste sur la réintégration de l’Autorité palestinienne (AP) à Gaza : Israël souhaite un retour encadré d’une AP réformée, tandis que l’Égypte redoute que cela fragilise son rôle de pivot diplomatique.


Conditions d’un partenariat durable


Pour Israël, la priorité reste la démilitarisation de Gaza et la neutralisation du Hamas. Mais pour obtenir la pleine coopération égyptienne, Netanyahu devra offrir en échange une « perspective politique crédible » : relancer un processus vers une solution à deux États, même de façon progressive. C’est le prix pour maintenir l’adhésion du Caire et rassurer les alliés occidentaux, notamment Washington.


Du côté égyptien, ce partenariat reste politiquement risqué. La coopération ouverte avec Israël demeure impopulaire auprès de la population et de nombreux médias arabes. C’est pourquoi le Caire privilégie la diplomatie discrète, en dehors des forums publics, pour préserver son influence sans s’exposer à des critiques internes.


Analyse : un tournant stratégique mais fragile


Cette rencontre marque une évolution qualitative des relations israélo-égyptiennes : du simple maintien de la paix à une coopération stratégique active. Elle révèle aussi une convergence d’intérêts autour de la sécurité et de la stabilité régionale.


Mais ce rapprochement reste fragile. Plusieurs scénarios d’escalade demeurent possibles : une reprise des combats à Gaza, un projet israélien perçu comme hostile par l’Égypte (comme l’émigration forcée de Gazaouis vers le Sinaï), ou encore une tentative d’annexion territoriale. Ces initiatives constitueraient, selon Winter, de véritables « lignes rouges » pour Le Caire.


Le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel, 

Mais Israël et l'Egypte viennent de signer un contrat énorme : Israël va fournir dès le mois de Janvier 2026 pour plus de 36 milliards de US $ de gaz à l'Egypte . C'est signé !


Ainsi, cette diplomatie silencieuse illustre une nouvelle géopolitique du réalisme au Proche-Orient : un Israël plus conscient de ses dépendances régionales, et une Égypte cherchant à convertir sa position frontalière en influence politique. 


Si les deux pays parviennent à transformer leur coordination sécuritaire en un cadre institutionnel durable, ils pourraient poser les bases d’un modèle de coopération pragmatique pour l’après-guerre — un modèle où la stabilité de Gaza deviendrait le point d’équilibre d’un Moyen-Orient en recomposition.