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vendredi 12 septembre 2025

L'Ile de Socotra base israélienne et Emirati en Mer Rouge (FR, EN, ES). JBCH N° 381

J'ai appris qu'avec la permission du gouvernement légal du Yemen, chassé de Saana par les Houtis et les iraniens, on assiste depuis quelques années à l’occupation par les Émirats arabes unis (EAU) et Israël d’îles au sud du Yémen situation stratégique, informations confirmées . 


C est un véritable porte-avion qu'utilise Israël et leurs alliés Emirati et Saudis dans le cadre du CentCom, dont les trois pays font parti. C'est l'Archipel de Socotra, habité par 45 000 personnes.










Socotra et Abd al-Kuri : contexte et enjeux : L'archipel de Socotra : groupe de quatre îles (Socotra principale, Abd al-Kuri, Samha, Darra), est situé dans l’océan Indien, à environ 350-400 km au sud-est du Yémen, proche du Golfe d’Aden et non loin du Bab el-Mandeb.  


L'importance géostratégique : contrôle des routes maritimes, surveillance possible du Golfe d’Aden et du détroit de Bab el-Mandeb (point crucial pour le trafic entre la mer Rouge et l’océan Indien) en est la raison.


Israêl possède aussi une autre base d'observation en Erythrée au  sommet du Mont Amba Mossino,  La base navale située sur l’archipel érythréen de Dahlak, en mer Rouge, est le résultat d’un accord signé en 1995. Le pays africain a donné les îles à Israël en échange de son aide dans l’occupation de l’île d’al-Hunaysh au Yémen. Dahlak abrite la plus grande base de la marine israélienne à l’étranger : des dizaines d’avions de chasse de différents types y sont stationnés



Les Émirats ont pris pied à Socotra via leur soutien au Conseil de transition du Sud (Southern Transitional Council, STC). En juin 2020, le STC, appuyé par les EAU, s’est imposé sur l’archipel, y compris sur l’île de Socotra, avec la complicité de l'arabie.  



Sur l’île d’Abd al-Kuri (deuxième plus grande de l’archipel après Socotra), les Émirats sont accusés de construire une base militaire ou d’aménagement stratégique (piste d’atterrissage, infrastructure) et d’expulser des habitants pour cela.  


Plusieurs médias iraniens  rapportent que les  israéliens  coopèrent  avec les EAU pour créer une base militaire et de renseignements sur Abd al-Kuri et  d’autres parties de l’archipel de Socotra seraient pris par l'Arabie Saoudite, sous le même commandement du CentCom.





Ces affirmations parlent de construction de bases, de surveillance maritime, d’intelligence, de capteurs, etc. Evidemment cela n'a rien d' officiel. Israël lui-même garde le silence sur l'existence de cette base militaire permanente sur Abd al-Kuri ou Socotra. 


Elle aurait permis à l'aviation israélienne d'effectuer des ravitaillement dans l'attaque de la guerre des 12 Jours menée contre l'Iran. Les rapports restent bien sûr souvent fondés sur des allégations, des images satellites non confirmées, des sources anonymes.  


Souveraineté reconquise ? Le gouvernement yéménite, complice et anti iranien a protesté à plusieurs reprises, affirmant que les EAU violent la souveraineté yéménite. Les drapeaux locaux, l’administration sur place sont devenus affiliés au STC, mais cela reste un statut très contesté.  



Vue de satellite de la base de Socotra


Fonctions des installations : il y a des preuves qu’une piste d’atterrissage est en construction sur Abd al-Kuri. Satellite images montrent des infrastructures grandissantes. Mais est-ce une base militaire pleine et entière ? Est-elle partagée ou occupée par des forces israéliennes en permanence ? Cela reste non confirmé.  


Les accords d'Abraham ont permis cette collaboration, Ces îles, éloignées du territoire envahi  par les Houtis sont d'une importance primordiale pour les trois pays et pour l'Alliance. 





© 2025 JBCH. Tous droits réservés. Reproduction du texte interdite sans autorisation


Cet article est personnel, je ne prétends pas être ni un scientifique, ni un historien, ni un professionnel du journalisme...
 

C'est  délicat de témoigner quand on est un profane, mais dans ce blog,  j'exprime en général un coup de coeur 

d'après l'actualité , et la lecture de ma revue de presse internationale quotidienne


🇬🇧 English 


I have learned that, with the permission of the legitimate government of Yemen—driven out of Sanaa by the Houthis and the Iranians—there has been, for several years, an occupation by the United Arab Emirates (UAE) and Israel of islands in the south of Yemen. This is a strategic situation, and the information has been confirmed.

It is a real aircraft carrier that Israel and its Emirati and Saudi allies are using within the framework of CENTCOM, of which the three countries are part. This is the Socotra Archipelago, inhabited by 45,000 people.

Socotra and Abd al-Kuri: context and stakes: The Socotra Archipelago, a group of four islands (main Socotra, Abd al-Kuri, Samha, Darra), is located in the Indian Ocean, about 350–400 km southeast of Yemen, near the Gulf of Aden and not far from the Bab el-Mandeb.

Geostrategic importance: control of maritime routes and the possible monitoring of the Gulf of Aden and the Bab el-Mandeb strait (a crucial point for traffic between the Red Sea and the Indian Ocean) explain this focus.

Israel also possesses another observation base in Eritrea at the top of Mount Amba Mossino. The naval base located on the Eritrean Dahlak Archipelago in the Red Sea is the result of an agreement signed in 1995. The African country gave the islands to Israel in exchange for its help in the occupation of Yemen’s al-Hunaysh Island. Dahlak hosts the largest Israeli naval base abroad: dozens of fighter jets of different types are stationed there.

The UAE established a foothold in Socotra through its support for the Southern Transitional Council (STC). In June 2020, the STC, backed by the UAE, took control of the archipelago, including the island of Socotra, with Saudi complicity.

On the island of Abd al-Kuri (the second largest of the archipelago after Socotra), the UAE has been accused of building a military or strategic facility (airstrip, infrastructure) and expelling inhabitants to do so.

Several Iranian media outlets report that the Israelis are cooperating with the UAE to create a military and intelligence base on Abd al-Kuri, while other parts of the Socotra Archipelago would be taken by Saudi Arabia, all under the same CENTCOM command.

These claims refer to the construction of bases, maritime surveillance, intelligence, sensors, etc. Obviously, nothing is official. Israel itself remains silent on the existence of this permanent military base on Abd al-Kuri or Socotra.

It is said that this would have allowed Israeli aviation to carry out refueling during the 12-Day War against Iran. Reports, however, often rely on allegations, unverified satellite images, and anonymous sources.

Sovereignty reclaimed? The Yemeni government, complicit but anti-Iranian, has repeatedly protested, claiming that the UAE is violating Yemeni sovereignty. Local flags and administration on the ground are now affiliated with the STC, but this status remains hotly contested.

Satellite view of the Socotra base

Functions of the facilities: there is evidence that an airstrip is under construction on Abd al-Kuri. Satellite images show growing infrastructure. But is this a fully operational military base? Is it permanently shared or occupied by Israeli forces? This remains unconfirmed.

The Abraham Accords made this collaboration possible. These islands, far from the territory invaded by the Houthis, are of vital importance to both countries.


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This article is personal. I do not claim to be a scientist, historian, or professional journalist… It is delicate to testify as a layperson, but in this blog, I usually share a heartfelt reaction based on current events and my daily international press review.


🇪🇸 Español


He sabido que, con el permiso del gobierno legítimo de Yemen—expulsado de Saná por los hutíes y los iraníes—, desde hace algunos años se asiste a la ocupación por parte de los Emiratos Árabes Unidos (EAU) e Israel de islas en el sur de Yemen. Se trata de una situación estratégica, información confirmada.

Es un verdadero portaaviones el que utilizan Israel y sus aliados emiratíes y saudíes en el marco del CENTCOM, del que los tres países forman parte. Se trata del Archipiélago de Socotra, habitado por 45.000 personas.

Socotra y Abd al-Kuri: contexto y desafíos: El Archipiélago de Socotra, un grupo de cuatro islas (la principal Socotra, Abd al-Kuri, Samha y Darra), se encuentra en el Océano Índico, a unos 350–400 km al sureste de Yemen, cerca del Golfo de Adén y no lejos de Bab el-Mandeb.

Importancia geoestratégica: el control de las rutas marítimas y la posible vigilancia del Golfo de Adén y del estrecho de Bab el-Mandeb (punto crucial para el tráfico entre el mar Rojo y el océano Índico) explican esta ocupación.

Israel también posee otra base de observación en Eritrea, en la cima del monte Amba Mossino. La base naval situada en el archipiélago eritreo de Dahlak, en el mar Rojo, es el resultado de un acuerdo firmado en 1995. El país africano cedió las islas a Israel a cambio de su ayuda en la ocupación de la isla yemení de al-Hunaysh. Dahlak alberga la mayor base naval israelí en el extranjero: decenas de aviones de combate de distintos tipos están estacionados allí.

Los EAU se establecieron en Socotra mediante su apoyo al Consejo de Transición del Sur (STC). En junio de 2020, el STC, respaldado por los EAU, se impuso en el archipiélago, incluida la isla de Socotra, con la complicidad de Arabia Saudí.

En la isla de Abd al-Kuri (la segunda más grande del archipiélago después de Socotra), los EAU han sido acusados de construir una base militar o instalación estratégica (pista de aterrizaje, infraestructuras) y de expulsar a los habitantes para ello.

Varios medios iraníes informan de que los israelíes cooperan con los EAU para crear una base militar y de inteligencia en Abd al-Kuri, mientras que otras partes del archipiélago de Socotra serían tomadas por Arabia Saudí, bajo el mismo mando del CENTCOM.

Estas afirmaciones hablan de construcción de bases, vigilancia marítima, inteligencia, sensores, etc. Evidentemente, nada de esto es oficial. El propio Israel guarda silencio sobre la existencia de esta base militar permanente en Abd al-Kuri o Socotra.

Se afirma que esto habría permitido a la aviación israelí efectuar reabastecimientos durante la guerra de los 12 Días contra Irán. Sin embargo, los informes suelen basarse en alegaciones, imágenes satelitales no verificadas y fuentes anónimas.

¿Soberanía recuperada? El gobierno yemení, cómplice pero anti-iraní, ha protestado en varias ocasiones, afirmando que los EAU violan la soberanía yemení. Las banderas locales y la administración en el lugar están ahora afiliadas al STC, pero ese estatus sigue siendo muy controvertido.

Vista satelital de la base de Socotra

Funciones de las instalaciones: hay pruebas de que se está construyendo una pista de aterrizaje en Abd al-Kuri. Imágenes satelitales muestran infraestructuras en crecimiento. Pero ¿se trata de una base militar plenamente operativa? ¿Está compartida o permanentemente ocupada por fuerzas israelíes? Esto sigue sin confirmarse.


Los Acuerdos de Abraham han hecho posible esta colaboración. Estas islas, alejadas del territorio invadido por los hutíes, son de una importancia primordial para ambos países.


© 2025 JBCH. Todos los derechos reservados. Se prohíbe la reproducción de este texto sin autorización.


Este artículo es personal. No pretendo ser ni científico, ni historiador, ni periodista profesional… Es delicado testimoniar cuando uno es profano, pero en este blog expreso en general una reacción personal, basada en la actualidad y en la lectura de mi prensa internacional diaria.


L'aube de notre civilisation se trouve en Mésopotamie (FR, EN, ES). JBCH N° 380

Dominique Charpin m'a offert un panorama clair de cette civilisation fascinante.

C'est dans ce qu'on appelle "Le Croissant fertile" que coulent les deux grands fleuves source de vie le Tigre et l'Euphrate.

C'est en effet en travaillant sur la naissance de l'écriture que j'ai découvert que Sumer, et toute la Mésopotamie avaient été la source de notre cibvilisation, D'ailleurs c'est de Ur qu'est parti Abraham (Leh Lekha) pour la Terre promise. 



La Mésopotamie, centrée sur l’actuel Irak mais s’étendant aussi à la Syrie, à la Turquie et à l’Iran, est souvent décrite comme le « berceau de la civilisation ». C’est là qu’ont émergé deux innovations majeures qui marqueront l’humanité : l’écriture cunéiforme et la ville.



Vers 3500 av. J.-C., apparaissent les premiers systèmes numériques pour la gestion des denrées. Un siècle plus tard, vers 3200 av. J.-C., les signes d’écriture voient le jour : une véritable révolution conceptuelle, comparable au passage de la société villageoise à la société urbaine. 


La civilisation mésopotamienne invente alors l’outil qui permet de fixer la mémoire, d’administrer l’espace et de transmettre le savoir.


Les textes les plus anciens sont sumériens. Puis, vers 2350 av. J.-C., l’akkadien langue sémitique apparentée à l’hébreu s’impose. Le sumérien disparaît de la langue parlée vers 2000 av. J.-C., mais conserve un immense prestige, devenant langue savante, religieuse et juridique, comparable au latin en Occident.




Cette tradition écrite, abondamment préservée grâce aux tablettes d’argile, a laissé des centaines de milliers de documents. L’argile, résistante à l’eau et au feu, a permis la survie d’archives entières, parfois retrouvées intactes après des millénaires. Ce legs est considérable : on dispose de plus de textes mésopotamiens que de documents grecs ou romains pour leurs époques respectives. Malheureusement, il y a une dizaine d'année, des fondamentalistes islamiques ont détruit des dizaines de milliers de documents et d'objets d'art.



La civilisation mésopotamienne est marquée par une forte imbrication du religieux et du politique. Chaque cité possède son dieu tutélaire, et l’autorité du roi se fonde sur un mandat divin. Les temples jouent un rôle central, à la fois spirituel, économique social et médical : certains abritaient par exemple des chiens sacrés dont la salive était réputée guérir des maladies.



Le panthéon, très diversifié, connaît des évolutions : le dieu du soleil devient aussi dieu de la justice, Enki/Ea élargit ses prérogatives à la sagesse, et Marduk, simple dieu de l’orage à l’origine, devient roi des dieux avec la montée en puissance de Babylone. Certains courants hénothéistes — qui privilégient une divinité sans nier l’existence des autres — annoncent déjà une forme de proto-monothéisme.




La religion inspire aussi les récits littéraires. L’épopée de Gilgamesh, les versions mésopotamiennes du Déluge ou les récits mythologiques sont transmis, parfois réécrits au fil des siècles. 


La Bible, rédigée bien plus tard, a repris plusieurs motifs mésopotamiens, comme l’histoire du Déluge ou certains modèles de traités d’alliance, en les adaptant à sa propre théologie. 



La Mésopotamie est le lieu de grandes innovations juridiques et sociales. Le Code d’Hammurabi (XVIIIe siècle av. J.-C.) demeure le plus célèbre, même s’il fut précédé par d’autres textes législatifs. Il organise la vie familiale, commerciale et pénale, et illustre la volonté d’établir une justice stable.



Politiquement, l’histoire mésopotamienne n’est pas linéaire mais rythmée par des cycles de centralisation et de décomposition. L’empire d’Akkad   (vers 2350 av. J.-C.) inaugure une première unification. La troisième dynastie d’Ur développe ensuite les ziggurats, ces temples à étages. 




Babylone devient un centre majeur sous Hammurabi, puis surtout sous Nabuchodonosor II, dont la mémoire marquera durablement les Hébreux déportés.


Mais aucun empire ne dure : la puissance assyrienne s’effondre en -610, suivie par Babylone conquise en -539 par Cyrus le Perse. La région entre ensuite dans l’orbite perse, grecque et romaine, avant de voir sa culture s’éteindre au Ier siècle de notre ère.


Cyrus libère les hébreux et leur rend les trésors du Temple, il leur permet de reconstruire le Temple à Jérusalem. Zerubabel, Noémi et Eszra le scripe retournent protégés par les Perses, car les Samaritains, nouveaux arrivés sur la Judée,  tentent de s'y opposer (l'histoire nous démontre que ce moment est à nouveau mis à l'ordre du jour par les arabes de la palestine mandataire,  aujourd'hui)


L’usage de l’écriture dépasse largement la comptabilité. Dès 2400 av. J.-C., apparaissent les premières lettres, d’abord très sobres, puis plus riches et nuancées vers 1800 av. J.-C. La correspondance devient un espace d’expression presque intime : un chef de montagne écrit ainsi à un correspondant qu’en lisant sa lettre, il a eu l’impression d’être « côte à côte » avec lui. Ce témoignage donne une impression de modernité étonnante, comparable à l’effet produit par l’invention du courrier électronique.





L’organisation des villes révèle aussi un sens pratique : certaines réservaient des espaces agricoles intramuros — vergers, jardins irrigués — pour assurer la subsistance en cas de siège. Ces découvertes nuancent notre vision des villes antiques comme lieux exclusivement minéraux.



La Mésopotamie n’a pas légué à l’humanité un modèle de progrès continu. Au contraire, ses habitants considéraient que la perfection appartenait aux origines et qu’il fallait sans cesse revenir à cet âge d’or. Cette idéologie conservatrice explique pourquoi les grandes innovations surviennent surtout au IIe millénaire av. J.-C., alors que le Ier millénaire est marqué par une culture plus figée.



Pourtant, l’héritage est immense. La Bible a intégré des éléments mésopotamiens, en les transformant pour construire une nouvelle vision religieuse. Le judaïsme lui-même, dans son exil à Babylone au contact des autres peuples, a puisé des thèmes qui nourriront sa tradition écrite et sa pensée (le scribe Ezra)


Plus largement, notre écriture et nos systèmes administratifs trouvent leur source dans ce monde antique. Comme l’a écrit l’assyriologue Jean Bottéro : « La Mésopotamie, ce sont nos plus vieux papiers de famille. »



Enfin, cette histoire invite à réfléchir à nos propres illusions : croire qu’un passé glorieux peut être restauré tel quel est un mirage. Les Mésopotamiens s’y sont heurtés en cherchant à figer leur culture dans la tradition, et nous-mêmes, aujourd’hui, pouvons y voir une leçon sur la nécessité d’accepter les transformations et les métissages culturels.



Pour moi, étudier la Mésopotamie, c’est se plonger dans une civilisation qui a inventé la ville, l’écriture et une organisation sociale complexe, mais qui a aussi connu ses limites, ses contradictions et ses effondrements. 


C’est comprendre que la modernité ne réside pas seulement dans les techniques mais aussi dans la conscience de nos origines et de nos héritages. 


Cette modernité mésopotamienne continue de nous interpeller, car elle met en lumière l’universalité de nos questions : comment transmettre, comment organiser la société, comment concilier mémoire et innovation ?



© 2025 JBCH. Tous droits réservés. Reproduction du texte interdite sans autorisation


Cet article est personnel, je ne prétends pas être ni un scientifique, ni un historien, ni un professionnel du journalisme...
 

C'est  délicat de témoigner quand on est un profane, mais dans ce blog,  j'exprime en général un coup de coeur 

d'après l'actualité , et la lecture de ma revue de presse internationale quotidienne


English 


Dominique Charpin offered me a clear overview of this fascinating civilization.

It is in what is called “The Fertile Crescent” that the two great rivers, sources of life—the Tigris and the Euphrates—flow.

Indeed, while studying the origins of writing, I discovered that Sumer, and all of Mesopotamia, were the source of our civilization. Moreover, it was from Ur that Abraham (Leh Lekha) set out for the Promised Land.

Mesopotamia, centered on present-day Iraq but also extending into Syria, Turkey, and Iran, is often described as the “cradle of civilization.” It was here that two major innovations emerged that would shape humanity: cuneiform writing and the city.

Around 3500 BCE, the first numerical systems appeared for managing provisions. A century later, around 3200 BCE, writing signs were developed—a true conceptual revolution, comparable to the transition from village society to urban society.

Mesopotamian civilization thus invented the tool that allows memory to be fixed, space to be administered, and knowledge to be transmitted.

The oldest texts are Sumerian. Then, around 2350 BCE, Akkadian, a Semitic language related to Hebrew, became dominant. Sumerian disappeared from spoken language around 2000 BCE but retained immense prestige, becoming a scholarly, religious, and legal language, comparable to Latin in the West.

This written tradition, abundantly preserved on clay tablets, has left hundreds of thousands of documents. Clay, resistant to water and fire, allowed entire archives to survive, sometimes intact after millennia. The legacy is considerable: we have more Mesopotamian texts than Greek or Roman documents for their respective eras. Unfortunately, about ten years ago, Islamic extremists destroyed tens of thousands of documents and artworks.

Mesopotamian civilization was marked by a strong intertwining of religion and politics. Each city had its patron deity, and the king’s authority was based on a divine mandate. Temples played a central role, spiritually, economically, socially, and medically; some even housed sacred dogs whose saliva was believed to heal illnesses.

The pantheon, highly diverse, evolved over time: the sun god also became a god of justice, Enki/Ea expanded his domains to wisdom, and Marduk, originally a storm god, became king of the gods with Babylon’s rise. Some henotheistic currents—favoring one deity without denying the others—already hint at proto-monotheism.

Religion also inspired literary narratives. The Epic of Gilgamesh, Mesopotamian flood stories, and mythological tales were transmitted and sometimes rewritten over the centuries. The Bible, written much later, adopted several Mesopotamian motifs, such as the Flood story or certain treaty models, adapting them to its own theology.

Mesopotamia was also a place of major legal and social innovations. The Code of Hammurabi (18th century BCE) remains the most famous, even if preceded by other legislative texts. It organized family, commercial, and criminal life, illustrating the desire for stable justice.


Politically, Mesopotamian history was not linear but punctuated by cycles of centralization and disintegration. The Akkadian Empire (around 2350 BCE) inaugurated the first unification. The Third Dynasty of Ur then developed ziggurats, these multi-tiered temples.

Babylon became a major center under Hammurabi and especially under Nebuchadnezzar II, whose memory would leave a lasting impression on the exiled Hebrews. But no empire lasts forever: Assyrian power collapsed in 610 BCE, followed by Babylon’s conquest in 539 BCE by Cyrus the Great. The region then entered the Persian, Greek, and Roman spheres before its culture disappeared in the 1st century CE.

The use of writing far exceeded accounting. As early as 2400 BCE, the first letters appeared, initially very simple, then richer and more nuanced by 1800 BCE. Correspondence became an almost intimate space of expression: a mountain chief wrote to a correspondent that reading his letter made him feel “side by side” with him. This testimony gives a surprisingly modern impression, comparable to the effect of email.

City organization also revealed practical sensibilities: some reserved intramural agricultural spaces—orchards, irrigated gardens—to ensure subsistence in case of siege. These discoveries nuance our vision of ancient cities as exclusively stone-built spaces.

Mesopotamia did not bequeath to humanity a model of continuous progress. On the contrary, its inhabitants believed perfection belonged to the origins and that one must constantly return to this golden age. This conservative ideology explains why major innovations mainly occurred in the 2nd millennium BCE, while the 1st millennium saw a more rigid culture.

Yet, the legacy is immense. The Bible incorporated Mesopotamian elements, transforming them to build a new religious vision. Judaism itself, during its exile in Babylon, drew on themes that nourished its written tradition and thought. More broadly, our writing systems and administrative practices have their roots in this ancient world. As the Assyriologist Jean Bottéro wrote: “Mesopotamia is our oldest family paperwork.”

Finally, this history invites reflection on our own illusions: believing that a glorious past can be fully restored is a mirage. The Mesopotamians encountered this while trying to preserve their culture in tradition, and today we can see a lesson in the need to accept transformations and cultural mixing.

For me, studying Mesopotamia means immersing oneself in a civilization that invented the city, writing, and complex social organization, but also faced limits, contradictions, and collapses. It means understanding that modernity lies not only in technology but in awareness of our origins and heritage. This Mesopotamian modernity continues to challenge us, highlighting universal questions: how to transmit knowledge, organize society, and reconcile memory with innovation.


Spanish 


Dominique Charpin me ofreció un panorama claro de esta fascinante civilización.

Es en lo que se llama “El Creciente Fértil” donde fluyen los dos grandes ríos, fuentes de vida: el Tigris y el Éufrates.

De hecho, al trabajar sobre el nacimiento de la escritura, descubrí que Sumeria y toda Mesopotamia fueron la fuente de nuestra civilización. Además, fue desde Ur que Abraham (Lej Lejá) partió hacia la Tierra Prometida.

Mesopotamia, centrada en el actual Irak pero extendiéndose también a Siria, Turquía e Irán, es a menudo descrita como la “cuna de la civilización”. Allí surgieron dos innovaciones principales que marcarían a la humanidad: la escritura cuneiforme y la ciudad.

Hacia 3500 a.C., aparecieron los primeros sistemas numéricos para la gestión de alimentos. Un siglo más tarde, hacia 3200 a.C., surgieron los signos de escritura: una verdadera revolución conceptual, comparable al paso de la sociedad villageña a la sociedad urbana.

La civilización mesopotámica inventó así la herramienta que permite fijar la memoria, administrar el espacio y transmitir el conocimiento.

Los textos más antiguos son sumerios. Luego, hacia 2350 a.C., el acadio, lengua semítica emparentada con el hebreo, se impuso. El sumerio desapareció del habla hacia 2000 a.C., pero conservó un enorme prestigio, convirtiéndose en lengua culta, religiosa y jurídica, comparable al latín en Occidente.

Esta tradición escrita, preservada abundantemente gracias a las tablillas de arcilla, ha dejado cientos de miles de documentos. La arcilla, resistente al agua y al fuego, permitió la supervivencia de archivos enteros, a veces encontrados intactos tras milenios. El legado es considerable: disponemos de más textos mesopotámicos que de documentos griegos o romanos de sus respectivas épocas. Desafortunadamente, hace una década, fundamentalistas islámicos destruyeron decenas de miles de documentos y obras de arte.

La civilización mesopotámica se caracterizó por una fuerte interrelación entre religión y política. Cada ciudad tenía su dios tutelar, y la autoridad del rey se basaba en un mandato divino. Los templos desempeñaban un papel central, espiritual, económico, social y médico; algunos incluso albergaban perros sagrados cuya saliva se creía curaba enfermedades.

El panteón, muy diverso, experimentó evoluciones: el dios sol también se convirtió en dios de la justicia, Enki/Ea amplió sus prerrogativas a la sabiduría, y Marduk, originalmente dios de la tormenta, se convirtió en rey de los dioses con la ascensión de Babilonia. Algunos corrientes henoteístas —que privilegian una divinidad sin negar la existencia de las demás— ya anuncian un proto-monoteísmo.

La religión también inspiró relatos literarios. La epopeya de Gilgamesh, las versiones mesopotámicas del Diluvio y los relatos mitológicos fueron transmitidos y a veces reescritos a lo largo de los siglos. La Biblia, redactada mucho más tarde, retomó varios motivos mesopotámicos, como la historia del Diluvio o ciertos modelos de tratados, adaptándolos a su propia teología.

Mesopotamia también fue el lugar de grandes innovaciones jurídicas y sociales. El Código de Hammurabi (siglo XVIII a.C.) sigue siendo el más famoso, aunque precedido por otros textos legislativos. Organiza la vida familiar, comercial y penal, ilustrando la voluntad de establecer una justicia estable.

Políticamente, la historia mesopotámica no fue lineal, sino marcada por ciclos de centralización y descomposición. El Imperio acadio (alrededor de 2350 a.C.) inauguró la primera unificación. La Tercera Dinastía de Ur desarrolló posteriormente los zigurat, estos templos escalonados.

Babilonia se convirtió en un centro importante bajo Hammurabi y especialmente bajo Nabucodonosor II, cuya memoria dejaría una huella duradera en los hebreos deportados. Pero ningún imperio perdura: el poder asirio colapsó en el 610 a.C., seguido por la conquista de Babilonia en el 539 a.C. por Ciro el Grande. La región entró luego en la órbita persa, griega y romana antes de que su cultura se extinguiera en el siglo I d.C.

El uso de la escritura superó ampliamente la contabilidad. Desde 2400 a.C., aparecen las primeras cartas, primero muy sobrias y luego más ricas y matizadas hacia 1800 a.C. La correspondencia se convirtió en un espacio casi íntimo de expresión: un jefe de montaña escribía a un corresponsal que, al leer su carta, sintió estar “codo a codo” con él. Este testimonio da una impresión sorprendentemente moderna, comparable al efecto del correo electrónico.

La organización de las ciudades también revela sentido práctico: algunas reservaban espacios agrícolas intramuros —huertos, jardines irrigados— para garantizar la subsistencia en caso de asedio. Estos hallazgos matizan nuestra visión de las ciudades antiguas como lugares exclusivamente minerales.

Mesopotamia no legó a la humanidad un modelo de progreso continuo. Por el contrario, sus habitantes consideraban que la perfección pertenecía a los orígenes y que había que regresar constantemente a esa edad de oro. Esta ideología conservadora explica por qué las grandes innovaciones se producen principalmente en el II milenio a.C., mientras que el I milenio está marcado por una cultura más rígida.

Sin embargo, el legado es inmenso. La Biblia incorporó elementos mesopotámicos, transformándolos para construir una nueva visión religiosa. El judaísmo mismo, durante su exilio en Babilonia, tomó temas que nutrirían su tradición escrita y pensamiento. Más ampliamente, nuestra escritura y sistemas administrativos tienen su origen en este mundo antiguo. Como escribió el asiriólogo Jean Bottéro: “Mesopotamia es nuestro papel de familia más antiguo.”

Finalmente, esta historia invita a reflexionar sobre nuestras propias ilusiones: creer que un pasado glorioso puede restaurarse tal cual es un espejismo. Los mesopotámicos se encontraron con ello al tratar de fijar su cultura en la tradición, y nosotros hoy podemos ver allí una lección sobre la necesidad de aceptar transformaciones y mestizajes culturales.

Para mí, estudiar Mesopotamia es sumergirse en una civilización que inventó la ciudad, la escritura y una organización social compleja, pero que también conoció límites, contradicciones y colapsos. Es entender que la modernidad no reside solo en las técnicas, sino también en la conciencia de nuestros orígenes y herencias. Esta modernidad mesopotámica sigue interpelándonos, ya que ilumina la universalidad de nuestras preguntas: cómo transmitir, cómo organizar la sociedad, cómo conciliar memoria e innovación.

Pissaro ce peintre juif impressioniste sépharade (FR, EN, ES) JBCH N° 379

Camille Pissarro : un maître impressionniste et l’éclat d’une identité séfarade


Camille Pissarro (1830–1903) est une figure fondatrice de l’impressionnisme, mais aussi l’un des premiers peintres juifs à s’imposer au cœur de l’art moderne européen. Né à Saint-Thomas, dans les Antilles danoises, au sein d’une famille juive séfarade d’origine portugaise, il porte en lui une double identité : celle d’un homme issu de la diaspora juive et celle d’un créateur universel, ouvert au monde.


Pissarro ne s’est jamais défini comme un peintre « juif » au sens religieux, mais son identité séfarade l’a façonné en profondeur. Son héritage juif se ressent dans sa vision humaniste et universaliste de la société : il place la dignité humaine au cœur de son œuvre et adopte une posture d’ouverture, de tolérance et de curiosité.


Dans une époque marquée par l’antisémitisme (notamment au moment de l’affaire Dreyfus), Pissarro défend des valeurs de justice et de vérité, en cohérence avec l’éthique juive de la responsabilité et du regard critique. Sa sensibilité à la condition des plus modestes – paysans, ouvriers, artisans – reflète une compassion qui dépasse l’esthétique pour toucher au spirituel.


Comme fondateur de l’impressionnisme aux côtés de Monet, Renoir, Cézanne ou Degas, Pissarro a bouleversé la manière de représenter le monde. Son approche de la lumière et de la nature était en rupture avec l’académisme : il ne peignait pas seulement un paysage, il traduisait le mouvement de la vie, les variations fugitives de l’air et des saisons, l’éclat du soleil sur les champs ou les toits de Paris.




Ses séries sur les boulevards parisiens, ses vues de Pontoise ou d’Éragny témoignent d’une recherche constante : saisir l’instant, la respiration de la nature, l’énergie du quotidien. C’est cette quête de l’éphémère et du vivant qui fait de Pissarro un peintre « spirituel », même si son langage n’était pas religieux.


Aujourd’hui encore, Pissarro est célébré comme le « patriarche de l’impressionnisme ». Son influence sur Cézanne, Gauguin et d’autres fut décisive. Mais au-delà de son rôle technique, son art incarne une vision profondément juive de l’histoire : une célébration de la vie, de la lumière et de la dignité de l’homme face au temps qui passe.



Son œuvre continue d’être exposée dans les plus grands musées du monde – du Musée d’Orsay à Paris au MoMA de New York – et inspire des générations d’artistes et de spectateurs. À travers ses toiles, il nous rappelle que peindre, c’est aussi témoigner de la beauté du monde et de la valeur de chaque existence.

Camille Pissaro

Le pointillisme de Pissarro marque une étape expérimentale de son œuvre, où il adopte la technique néo-impressionniste de Seurat et Signac pour explorer la lumière et la couleur par petites touches juxtaposées. Bien que plus rigide que son impressionnisme libre, cette période témoigne de sa curiosité artistique et de son rôle de pionnier.


Camille Pissarro a marqué son époque par sa révolution esthétique, et le pointillisme mais aussi par la profondeur humaniste héritée de sa culture juive séfarade

Sa peinture reste célébrée aujourd’hui parce qu’elle nous parle encore, à la fois comme œuvre d’art et comme témoignage de foi en l’humanité. 





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Cet article est personnel, je ne prétends pas être ni un scientifique, ni un historien, ni un professionnel du journalisme...
 

C'est  délicat de témoigner quand on est un profane, mais dans ce blog,  j'exprime en général un coup de coeur 

d'après l'actualité , et la lecture de ma revue de presse internationale quotidienne



English :


Camille Pissarro: A Master of Impressionism and the Radiance of a Sephardic Identity


Camille Pissarro (1830–1903) was a founding figure of Impressionism, but also one of the first Jewish painters to assert himself at the heart of modern European art. Born in Saint Thomas, in the Danish West Indies, into a Sephardic Jewish family of Portuguese origin, he carried a dual identity: that of a man from the Jewish diaspora and that of a universal creator, open to the world.

Pissarro never defined himself as a “Jewish” painter in a religious sense, but his Sephardic identity deeply shaped him. His Jewish heritage can be seen in his humanistic and universalist vision of society: he placed human dignity at the center of his work and embraced openness, tolerance, and curiosity.

In an era marked by anti-Semitism (notably during the Dreyfus Affair), Pissarro upheld values of justice and truth, in line with the Jewish ethic of responsibility and critical reflection. His sensitivity to the plight of the humble—peasants, workers, artisans—reflects a compassion that goes beyond aesthetics and touches the spiritual.

As a founder of Impressionism alongside Monet, Renoir, Cézanne, and Degas, Pissarro revolutionized the way the world was represented. His approach to light and nature broke with academic traditions: he did not merely paint landscapes, he conveyed the movement of life, fleeting changes in air and seasons, and the sparkle of sunlight on fields or Parisian rooftops.

His series on Parisian boulevards, and his views of Pontoise and Éragny, demonstrate a constant quest: capturing the moment, the breath of nature, and the energy of everyday life. It is this pursuit of the ephemeral and the living that makes Pissarro a “spiritual” painter, even if his language was not religious.

Today, Pissarro is celebrated as the “patriarch of Impressionism.” His influence on Cézanne, Gauguin, and others was decisive. Beyond his technical role, his art embodies a deeply Jewish vision of history: a celebration of life, light, and human dignity in the face of the passing of time.

His work continues to be exhibited in the world’s greatest museums—from the Musée d’Orsay in Paris to the MoMA in New York—and inspires generations of artists and viewers. Through his canvases, he reminds us that painting is also a testimony to the beauty of the world and the value of every human life.

Pissarro’s Pointillism

Pissarro’s pointillism represents an experimental phase of his work, adopting the Neo-Impressionist technique of Seurat and Signac to explore light and color through small juxtaposed strokes. Although more rigid than his free Impressionism, this period reflects his artistic curiosity and pioneering role.

Camille Pissarro marked his era through aesthetic revolution, pointillism, and the humanistic depth inherited from his Sephardic Jewish culture. His painting remains celebrated today because it still speaks to us, both as works of art and as a testimony to faith in humanity.


Español :


Camille Pissarro: Un Maestro del Impresionismo y el Resplandor de una Identidad Sefardí

Camille Pissarro (1830–1903) fue una figura fundadora del impresionismo, pero también uno de los primeros pintores judíos en imponerse en el corazón del arte moderno europeo. Nacido en Saint Thomas, en las Antillas danesas, en el seno de una familia judía sefardí de origen portugués, llevaba una doble identidad: la de un hombre de la diáspora judía y la de un creador universal, abierto al mundo.

Pissarro nunca se definió como un pintor “judío” en un sentido religioso, pero su identidad sefardí lo moldeó profundamente. Su herencia judía se percibe en su visión humanista y universalista de la sociedad: colocaba la dignidad humana en el centro de su obra y adoptaba una postura de apertura, tolerancia y curiosidad.

En una época marcada por el antisemitismo (notablemente durante el caso Dreyfus), Pissarro defendió valores de justicia y verdad, en coherencia con la ética judía de responsabilidad y reflexión crítica. Su sensibilidad hacia la condición de los más humildes—campesinos, trabajadores, artesanos—refleja una compasión que va más allá de lo estético y toca lo espiritual.

Como fundador del impresionismo junto a Monet, Renoir, Cézanne y Degas, Pissarro revolucionó la forma de representar el mundo. Su enfoque de la luz y la naturaleza rompía con la tradición académica: no pintaba solo paisajes, sino que transmitía el movimiento de la vida, los cambios fugaces del aire y las estaciones, y el brillo del sol sobre los campos o los tejados de París.

Sus series sobre los bulevares parisinos y sus vistas de Pontoise y Éragny muestran una búsqueda constante: captar el instante, la respiración de la naturaleza y la energía de la vida cotidiana. Es esta búsqueda de lo efímero y lo vivo lo que hace de Pissarro un pintor “espiritual”, aunque su lenguaje no fuera religioso.

Hoy, Pissarro es celebrado como el “patriarca del impresionismo”. Su influencia sobre Cézanne, Gauguin y otros fue decisiva. Más allá de su papel técnico, su arte encarna una visión profundamente judía de la historia: una celebración de la vida, la luz y la dignidad humana frente al paso del tiempo.

Su obra continúa siendo expuesta en los museos más importantes del mundo—desde el Musée d’Orsay en París hasta el MoMA en Nueva York—e inspira a generaciones de artistas y espectadores. A través de sus lienzos, nos recuerda que pintar también es testimoniar la belleza del mundo y el valor de cada existencia humana.

El Puntillismo de Pissarro

El puntillismo de Pissarro representa una fase experimental de su obra, adoptando la técnica neoimpresionista de Seurat y Signac para explorar la luz y el color mediante pequeñas pinceladas yuxtapuestas. Aunque más rígido que su impresionismo libre, este período refleja su curiosidad artística y su papel pionero.


Camille Pissarro marcó su época mediante la revolución estética, el puntillismo y la profundidad humanista heredada de su cultura judía sefardí. Su pintura sigue siendo celebrada hoy porque aún nos habla, tanto como obra de arte como testimonio de fe en la humanidad.