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samedi 2 août 2025

Le Maître d'El Salvador. (FR). JBCH N° 175


El Salvador

Nayib Bukele : vers un président à vie ? Héritages politiques et ambitions illimitées



Le 29 juillet 2025, l’Assemblée législative du Salvador, dominée par le parti Nouvelles Idées de Nayib Bukele, a approuvé des réformes constitutionnelles majeures : réélection présidentielle indéfinie, allongement du mandat à six ans, et suppression du second tour électoral. 


Une rupture démocratique profonde pour ce pays d’Amérique centrale, où la Constitution interdisait historiquement toute reconduction immédiate à la tête de l’État, par crainte des dictatures passées.





Ce glissement vers un modèle de pouvoir fort ne s’explique pas seulement par des considérations politiques. Il plonge ses racines dans l’histoire familiale et culturelle de Bukele, né à San Salvador en 1981, d’un père d’origine palestinienne, Armando Bukele Kattán. 


Ce dernier, homme d’affaires influent et imam autoproclamé, converti à l’islam après un parcours chrétien, était une figure intellectuelle et religieuse majeure dans le pays. Il exerçait une autorité forte sur sa famille, à la fois morale, religieuse et idéologique. L’éducation de Nayib Bukele fut marquée par cette discipline et cette verticalité du pouvoir, qui transparaissent aujourd’hui dans son style de gouvernance.





Dès son arrivée au pouvoir en 2019, Bukele a progressivement consolidé les institutions autour de sa personne. Le remplacement de la Cour suprême, la prise de contrôle du parquet et des organes électoraux, puis la réforme constitutionnelle de 2025, forment un projet cohérent : l’installation d’un pouvoir personnel, inspiré d’un leadership patriarcal et centralisé, très semblable à celui de figures régionales comme Chávez, Maduro, ou Ortega. 


Le culte de la personnalité et la concentration des pouvoirs se justifient, aux yeux de ses partisans, par une efficacité indéniable dans la lutte contre l’insécurité.




La prison comme vitrine : autorité, humiliation et contrôle total




Le second pilier de l’autorité de Bukele est la politique sécuritaire radicale qu’il a engagée depuis 2022 contre les gangs criminels, notamment la MS-13 et le Barrio 18. L’instauration de l’état d’exception, reconduit sans interruption, a permis l’arrestation de plus de 80 000 personnes en trois ans, souvent sans procès, ni preuves, ni défense légale.


La figure de la prison-miroir, et en particulier le CECOT (Centro de Confinamiento del Terrorismo), incarne ce nouvel ordre. Dans cet immense complexe carcéral, les prisonniers sont déshumanisés, entassés, privés de lumière naturelle et exposés dans des vidéos de propagande, torse nu, enchaînés, la tête baissée. 





Ce rituel d’humiliation publique n’est pas sans rappeler certains procédés des régimes autoritaires religieux du Moyen-Orient, où le contrôle passe aussi par la domestication des corps et des identités.


Ce n’est pas un hasard si la rhétorique d’ordre et d’obéissance que Bukele déploie évoque, dans ses codes implicites, une forme d’autorité paternelle, religieuse, quasi-sacrée. 


L’influence de son père, imam charismatique au discours vertical et normatif, semble transparaître dans cette mise en scène d’un chef absolu, chef spirituel et temporel de la nation.


Mais cette stratégie a un coût humain : plus de 200 morts en détention, selon les ONG, des milliers de détenus innocents, des enfants séparés de leurs familles, et une société sous surveillance. Les journalistes critiques sont poursuivis, les avocats menacés, et les juges indépendants ont disparu. Le système judiciaire devient un instrument de coercition au service du pouvoir, comme c’est le cas dans des régimes à forte teinte théocratique.








La fascination de l’ordre, l’effacement du droit



Bukele jouit encore d’un immense soutien populaire, souvent renforcé par sa capacité à livrer des résultats tangibles. Le taux d’homicides a chuté, les extorsions ont reculé, et des quartiers jadis interdits aux forces de l’ordre sont aujourd’hui pacifiés. Ce bilan, largement médiatisé, alimente le récit d’un leader salvateur, visionnaire et incorruptible.


Mais cette narration, soigneusement orchestrée, masque une érosion profonde de l’État de droit. La concentration des pouvoirs, la marginalisation des partis d’opposition, le contrôle de la presse et des ONG, ainsi que l’usage systématique de la religion ou des valeurs morales pour légitimer l’autoritarisme, rappellent les régimes hybrides entre démocratie électorale et pouvoir personnel sacralisé.


Bukele ne gouverne plus seulement comme un président élu : il agit comme un père spirituel, un gardien moral, qui décide du juste et de l’injuste, du pur et de l’impur, dans une logique quasi religieuse. Son héritage familial, et notamment le modèle d’autorité rigide transmis par son père imam, s’incarne aujourd’hui dans un État où l’ordre prime sur le droit, et où le peuple est appelé non à débattre, mais à suivre.


Le Salvador devient un modèle inquiétant pour d’autres pays en crise, attirés par des solutions simples et radicales aux problèmes complexes de la violence et de la corruption. Face à cela, la communauté internationale, notamment les États-Unis, reste ambiguë. Tant que Bukele maintient la stabilité et coopère sur les questions migratoires, peu semblent vouloir s’opposer à ce virage autoritaire. Il a récemment rencontré Trump, qui l'a facilité pour sa politique de répression!!






Loin d’être un simple populiste efficace, Nayib Bukele est le fruit d’une trajectoire personnelle où l’héritage culturel palestinien, la rigueur religieuse paternelle et l’obsession de l’ordre se mêlent à une ambition politique sans frein. 


Le Salvador devient le théâtre d’une transformation silencieuse en régime autoritaire, fondé sur la peur, l’humiliation, et le culte du chef. Le “président à vie” n’est plus une hypothèse, c’est une réalité en marche.


© 2025 JBCH. Reproduction interdite sans autorisation.




Ca bouge à Téhéran (FR). JBCH N° 174


L’échec stratégique du régime des Mollah : 

un tournant régional


Iran : Depuis le fin de la guerre des 12 jours, l'armée et les gardiens de la Révolution ont perdu de leur superbe, après la victoire écrasante de l'armée de l'air israélienne.

Le peuple comprend qu'il est temps de se débarrasser de la "Mollarchie", et les manifestations se déroulent tous les jours dans les toutes villes du pays. La répression est cruelle et barbare, les exécutions  par pendaison sont quotidiennes.

L'occident ne s'en soucie guère, il a décidé de mettre le problème des arabes de palestine sur le devant de la scène : Ministres, ambassadeurs, Institutions internationale, Presse Réseaux sociaux, TV ne se soucient que de Gaza, laissant complètement tomber la très grave situation en Iran.


Ayatollah Kamenei



Depuis plus de quatre décennies, le régime théocratique iranien — fondé sur l’idéologie chiite révolutionnaire des ayatollahs — a construit un réseau d’influence géopolitique visant à encercler Israël et à renforcer sa domination régionale. 


Ce réseau, souvent qualifié par les analystes comme l’« arc chiite », s’étendait du Liban (Hezbollah) à la Syrie, en passant par l’Irak, le Yémen (via les Houthis) et Gaza (Hamas) . Le but final : éliminer Israël.


Croissant Chiite autour d'Israël


Cependant, les événements récents, rapportés de manière fragmentaire par certains médias occidentaux, marquent un tournant majeur : Israël aurait, en une opération militaire éclair de 12 jours, porté un coup sévère et probablement mortel à moyen terme au programme nucléaire iranien, en neutralisant ses capacités militaires essentielles et en anéantissant ses relais régionaux. 


Même si certaines sources officielles restent discrètes, les rumeurs insistantes, les signaux faibles et les silences du régime iranien eux-mêmes en disent long.


F 35 Israël



L’intervention israélienne représente une défaite stratégique retentissante pour les Gardiens de la Révolution, et un déshonneur pour le régime.


Le rêve d’une dissuasion nucléaire s’effondre. Le « cercle d’étouffement » de l’État hébreu est brisé. L’Iran apparaît plus isolé que jamais, affaibli diplomatiquement et démoralisé sur le plan militaire.





Cette victoire israélienne ne serait pas seulement tactique, mais géopolitique : elle rééquilibre les rapports de force au Moyen-Orient, elle redonne espoir aux peuples arabes et perses qui rejettent la tyrannie religieuse, et elle envoie un signal clair à d’autres puissances : Israël reste déterminé, autonome, et capable d’agir avec une précision chirurgicale dans la défense de ses intérêts existentiels.




Centrales nucléaires souterraines iraniennes anéanties



Iran : l’étincelle d’un soulèvement populaire ?



Mais l’événement encore plus saisissant — et largement ignoré des médias occidentaux — est ce qui se passe au cœur même de l’Iran : le peuple perse commence à se soulever. Depuis des années, des manifestations sporadiques secouent Téhéran, Ispahan, Chiraz ou Machhad. Mais le climat actuel semble différent. Plus profond. Plus résolu.


Le mécontentement est généralisé :


  • Économie effondrée, inflation galopante, jeunesse sans avenir.
  • Répression religieuse, notamment contre les femmes (le mouvement « Femme, Vie, Liberté » reste vivace malgré la répression).
  • Corruption des élites, contrastant avec la pauvreté grandissante des classes moyennes.
  • Et maintenant, l’humiliation militaire, face à Israël, est vécue par certains comme une preuve supplémentaire de l’incapacité du régime à assurer la sécurité nationale.



Il ne s’agit plus seulement de revendications ponctuelles. C’est une remise en cause radicale du régime. La jeunesse perse ne rêve plus d’un califat chiite ou d’une révolution islamique exportée ; elle rêve de liberté, de culture, de dignité. Elle aspire à renouer avec l’héritage pré-islamique de la Perse — celui de Cyrus, de la tolérance et du raffinement.


Ce réveil iranien, s’il se confirme, pourrait bien rejoindre d’autres mouvements populaires dans le monde musulman désabusé par le fondamentalisme religieux, qu’il soit sunnite ou chiite. Et ce serait un signal d’espoir considérable pour le peuple iranien d’abord, mais aussi pour les minorités opprimées du pays (Kurdes, Baloutches, Azéris), et même pour l’ensemble de la région.





Il est encore trop tôt pour parler de révolution, mais les ingrédients sont là :


  • une dictature affaiblie,
  • un peuple excédé,
  • une jeunesse connectée et globalisée,
  • une défaite stratégique cuisante,
  • et une soif de normalité.



Téhéran devient une poudrière, certes, mais une poudrière de liberté potentielle. L’Histoire nous dira si cette étincelle s’éteint… ou embrase tout.



Silences médiatiques et hypocrisie occidentale : 

Gaza comme écran de fumée ?



Face à cette situation inédite, on pourrait s’attendre à ce que les médias européens, et notamment français, s’en fassent l’écho. Et pourtant, ils regardent ailleurs.


Où ? Vers Gaza, exclusivement. Les chaînes d’info, les tribunes, les reportages dramatisés multiplient les angles accusateurs contre Israël, le présentant comme une puissance occupante, « génocidaire » selon certains mots irresponsables, et isolée diplomatiquement. 


L’effondrement du régime iranien, pourtant bien plus significatif géopolitiquement et humainement, est passé sous silence.


Pourquoi ? Plusieurs hypothèses se cumulent :


  • Un tropisme pro-palestinien devenu obsessionnel dans certains milieux intellectuels.
  • Un antisionisme de posture, souvent maquillé en « critique d’Israël » mais qui, en pratique, nie à l’État hébreu le droit de se défendre.
  • Une ignorance crasse des dynamiques moyen-orientales, où l’on confond bourreaux et victimes.
  • Et parfois, une peur de critiquer l’Iran, par naïveté idéologique ou prudence diplomatique.



Cette fixation unilatérale sur Gaza empêche de voir les vraies lignes de faille historiques :


  • L’effondrement possible du plus grand régime islamiste du monde.
  • L’éveil démocratique d’un peuple persécuté.
  • L’échec d’une politique impérialiste fondée sur la haine d’Israël et des Juifs.
  • Le potentiel d’une nouvelle donne régionale, où Israël pourrait devenir un allié tacite de peuples arabes et perses en quête de libération.



En négligeant l’Iran, les médias français — et une partie de la classe politique — trahissent les véritables combats des droits humains. Ils feignent de se soucier du sort des Palestiniens (en oubliant le rôle destructeur du Hamas), mais ignorent la jeunesse iranienne qui brave la torture, les viols, la mort, pour une idée : la liberté.






Conclusion : un moment de vérité


Oui, ça bouge.

L’Iran est en ébullition.

Israël, loin d’être acculé, montre une résilience impressionnante.

Et le peuple perse — ce grand peuple au passé glorieux — pourrait bien redevenir maître de son destin.


Le monde libre, s’il veut rester digne de ce nom, doit soutenir ce mouvement. Non pas par des déclarations creuses ou des hashtags creux, mais par une attention sincère, une pression diplomatique, et un relais médiatique équitable.


Ce n’est pas seulement le régime des Mollahs qui vacille. C’est toute une époque qui pourrait prendre fin.


© 2025 JBCH. Reproduction interdite sans autorisation.

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Un Russe avec une Américaine et un Japonais ont quitté la terre ensemble (FR). JBCH N° 173

Un souffle nouveau dans l’orbite terrestre : l’humain avant tout


Space X 



La scène pourrait presque sembler banale à l’ère de SpaceX et des lancements réguliers vers la Station spatiale internationale (ISS). 


Et pourtant, le vol habité qui a quitté Cap Canaveral ce vendredi est tout sauf anodin. Après une année de blocage, de retards techniques et de reconfigurations, quatre astronautes — un Américain, un Japonais, un Russe et une Américaine commandante de mission — reprennent le flambeau d’une coopération spatiale fragile mais persistante.


Ce qui frappe d’abord, c’est l’émotion sincère de Zena Cardman, la commandante de la mission, biologiste et exploratrice des extrêmes, arrachée à un vol l’année précédente pour laisser place aux pilotes du Starliner. 


Zena Cardman



Elle évoque un « voyage de vie », un moment de grâce, presque mystique. Cela nous rappelle que l’espace n’est pas une routine, encore moins un automatisme : c’est un pari, une aventure humaine, une projection vers l’inconnu.


Son émotion résonne comme celle d’une génération d’astronautes qui, malgré les aléas technologiques (et les jeux d’intérêts industriels comme ceux qui ont entouré le Starliner de Boeing), continue à porter haut la vocation de l’exploration humaine. 


Ce vol, permis par SpaceX, témoigne à la fois de la résilience du programme spatial américain, mais aussi de sa capacité à rebondir grâce à des partenariats publics-privés agiles et innovants.


Mais au-delà de l’ingénierie et des fusées, ce sont les visages qui interpellent : un Japonais, un Russe, un Américain. Dans un monde fracturé par les conflits — en Ukraine, au Moyen-Orient, et ailleurs —, voir ces nations collaborer dans le silence des étoiles est un symbole silencieux mais puissant.


Quand tout semble se décomposer sur Terre, l’espace reste un des rares lieux où la coopération internationale persiste, parfois même à contre-courant des tensions diplomatiques.


La station spatiale : laboratoire de science et d’unité





La Station spatiale internationale, que cette mission rejoint pour une durée de six mois, est bien plus qu’un amas de modules en orbite. Elle est l’une des plus grandes entreprises de collaboration scientifique et technologique de l’histoire moderne. 





Malgré les guerres, les sanctions, les rivalités, Russie et États-Unis n’ont jamais cessé d’y collaborer. Et c’est sans doute un des derniers ponts humains qui relient encore Moscou à Washington.


Le fait que des astronautes russes prennent encore part à ces missions communes est un signe modeste mais réel d’un optimisme persistant. Dans les hauteurs orbitales, il n’est plus question de propagande ni d’alliances militaires. Il est question d’étudier les effets de la microgravité sur le corps humain, de cultiver des plantes dans des conditions extrêmes, de tester des technologies médicales et énergétiques utiles pour la Terre. C’est la science, pure, appliquée, et surtout partagée.


Et si ce vol marque le retour de Cardman, il marque aussi la reprise de souffle d’un projet spatial mondial, qui a connu ces derniers temps des turbulences sérieuses :


  • Boeing enlisée dans ses revers techniques avec Starliner ;
  • l’ISS dont l’avenir est incertain après 2030 ;
  • la compétition croissante entre grandes puissances (Chine incluse) pour des stations orbitales indépendantes.



ISS

Or, cette mission rappelle que la station reste un point d’ancrage pour une forme de diplomatie scientifique, qui transcende les blocs. 


L’idée même qu’un équipage composé d’un Japonais, d’un Russe et d’une Américaine puisse vivre et travailler ensemble, pendant six mois, dans un volume exigu en orbite terrestre, devrait inspirer la politique terrestre.


À l’heure où certains ne jurent que par le repli national, le spatial — par sa nature même — invite à penser globalement, à long terme, au-delà des frontières. 


Il nous rappelle que la Terre est fragile, que les ressources sont finies, et que l’humanité, dans sa diversité, partage un destin commun.



L’horizon interplanétaire comme promesse



« La conquête de l’espace reprend, et la station spatiale va reprendre du service » 

On y projette des conflits, mais aussi des solutions. On y envoie des instruments scientifiques, mais aussi des humains, avec leurs doutes, leurs accents, leurs convictions.


Dans ce monde désenchanté, où les certitudes vacillent et où les grands projets semblent gelés, l’exploration spatiale remet du souffle, du projet, du rêve. 


Ce vol américano-russo-japonais n’est pas simplement une routine orbitale. C’est un geste d’espérance.

Espérons, oui. Que cela dure ... Que cela grandisse ... ... Que cela inspire, 

et que la Paix, si longtemps attendue règne sur l'Univers.


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