Les Rats sont sortis : Camus, le 7 octobre et la peste de notre temps
C’est avec une immense surprise — presque un frisson — que je suis tombé sur cette lettre anonyme, déposée comme un message dans une bouteille. Elle semble avoir été écrite par Albert Camus lui-même, pourtant mort en 1960. Elle évoque, avec des mots qui semblent résonner d’outre-tombe, le massacre du 7 octobre 2023. Comme si La Peste, L’Homme révolté et toute sa pensée sur l’absurde, la morale et la condition humaine avaient retrouvé leur voix dans notre actualité la plus brûlante.
Camus et les ténèbres de l’Histoire
Albert Camus s’est toujours opposé fermement à l’antisémitisme, qu’il considérait comme une négation absolue de la dignité humaine. Dans ses articles publiés dans Combat, le journal clandestin de la Résistance, il dénonçait sans relâche les persécutions nazies, les rafles, l’indifférence complice. Il plaidait pour le droit des Juifs à la justice après la Shoah, et voyait dans leur sort le symptôme le plus tragique de la barbarie moderne.
Dans L’Homme révolté, Camus affirmait que l’antisémitisme était l’un des visages du nihilisme meurtrier. Il rejetait toutes les idéologies fondées sur la haine. Il défendait la mémoire des victimes sans jamais la manipuler politiquement, et exigeait de l’Europe une responsabilité morale pleine et entière. Pour lui, résister à l’antisémitisme était un devoir éthique universel.
Et puis vint 2023.
Le 7 octobre : un matin que l’on ne pourra plus oublier
Il y a toujours un matin où l’on ne peut plus détourner les yeux.
Un matin de Chabbat. Un matin de fête. Le 7 octobre 2023, jour de Sim’hat Torah — fête de la Joie et de la Torah — sur cette terre d’Israël qu’on veut arracher, détruire, parce qu’elle symbolise la liberté, la paix et la vie retrouvée.
Mais ce matin-là, l’aube s’est levée sur le massacre.
Un carnage indicible. Des enfants, des femmes, des vieillards, des nourrissons. Violés, mutilés, décapités, brûlés, assassinés.
Des familles entières exterminées non pour ce qu’elles faisaient, mais pour ce qu’elles étaient. Ou plutôt, pour ce qu’elles représentaient : un peuple debout.
Les assassins ont filmé leurs actes. Les images existent. Et si elles ne sont pas rendues publiques, c’est par pudeur, non par absence. On détourne les yeux. Mais l’horreur ne se laisse pas oublier.
Les rats sont sortis
Camus l’avait écrit : « la peste ne meurt jamais ».
Elle dort. Elle attend. Elle se dissimule dans les replis des silences, dans les salons de l’intelligence faussement lucide, dans les “Je ne suis pas antisémite, mais…”, dans les regards faussement compatissants.
Et elle revient. Toujours.
Après cette journée d'horreur commise par les terroristes sanguinaires du Hamas, la peste , c'est l'antisémitisme. ... Elle revient dans la bouche des idéologues, dans les slogans des campus, dans les manifestations où l’on célèbre la mort des otages, dans les commentaires qui comparent l’État juif à des monstres. Elle revient, nue et arrogante, légitimée par ceux qui préfèrent les bourreaux aux victimes.
Antisémitisme, même dans la gauche morale, celle-là même qui se disait autrefois héritière de Camus, on a vu la trahison. Unbel exemple dans un parti extemiste souvent inculte qu'est LFI.
Au lieu de pleurer avec les morts, elle a cherché des excuses à leurs tueurs. Des explications. Des causes, et un appui sans limite.
Le 8 Octobre 2023, le lendemain du massacre, au lieu de pleurs et de désolation, dans les Universités occidentales, partout, aux USA, en Grande Bretagne, aux Pays Bas, en France, en Belgique, en Australie, des masses de jeunes coiffent le keffieh que portent les arabes de palestine et hulent leur haine des Juifs ... Une première depuis l'anéantissement des nazis en 1945.
Mais ce qui s’est joué ce jour-là n’était pas politique. C’était la négation de l’humain.
La peste n’est pas morte
Elle est dans les couloirs de certaines universités, dans les tweets de certains intellectuels, dans les rues d’Europe, dans les mots tordus des médias. Elle s’infiltre partout où l’on justifie l’injustifiable.
Et la presse, au lieu de nommer le mal, a flanché. Elle a inversé les faits. Elle a utilisé les mots des bourreaux pour qualifier les victimes.
Camus écrivait :
« Il faut bien nommer les choses si l’on veut ne pas ajouter au malheur du monde. »
Il faut le dire : ce qui s’est produit le 7 octobre n’était pas un “conflit” ou une “riposte”, mais une célébration de la haine du Juif. Une jouissance dans la mort de l’Autre. Une abjection filmée et partagée.
Résister, encore
Face à cela, que faire ?
Camus répondrait : résister. Ne pas céder à la tentation de l’indifférence. Se tenir du côté des vivants contre les tueurs. Des veilleurs contre les rats.
Oui, il existera toujours, dans les pires moments, un docteur Rieux.
Un homme sans dogme mais pas sans morale. Un Juste. Une main tendue. Un regard qui ne juge pas, mais protège. Un cri qui refuse de se taire.
Mais ce refus ne va pas de soi. Il se cultive. Il se travaille chaque jour.
Il faut, à chaque génération, reconquérir l’évidence que tout être humain a droit à la dignité. Mais cela commence par refuser que la haine d’un peuple redevienne une idée acceptable, un slogan, une posture.
Et maintenant ?
L’histoire n’est ni progrès, ni éternel retour. Elle est un combat.
La riposte d'Israël contre ces terroristes va être sans pitié, mais ces derniers avaient apparemment construit des centaines de kilomètres de tunnels, et s'abritent lâchement derrière une population civile, ce qui a causé des victimes collatérales, dues à la lâcheté des terroristes.
Ces derniers s'emparent aussi de l'aide humanitaire qu'ils revendent, bref c'est un cauchemar à résoudre pour Tzahal, l'armée la plus éthique du monde. ce fait amplifie la haine du juif et nourrit l'antisémitisme.
Chaque jour, il faut choisir son camp :
Non celui des idéologies, mais celui des vivants contre les tueurs. Des éveillés contre les rats.
Et si, un jour, les rats retournent dans les caves, ce ne sera pas parce qu’on les y aura suppliés.
Mais parce que des hommes debout auront décidé, enfin, de ne plus détourner les yeux.
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