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jeudi 16 octobre 2025

Itzak Pearlman le géni du violon JBCH N° 516

Itzhak Perlman : c'est le violon comme voix d’Israël et de l’humanité

Itzhak Perlman, né à Tel-Aviv en 1945, incarne l’union rare de la virtuosité absolue et de l’humanisme profond. Sa vie est un symbole — celui de la résilience, de la foi dans la beauté et de la musique comme langage universel du peuple juif dispersé. 


Né peu avant la création de l’État d’Israël, il grandit dans une société encore marquée par l’immigration et la reconstruction spirituelle d’un peuple revenu à sa terre. Dès son plus jeune âge, son destin semble lié à celui de son pays : l’effort, la discipline, mais aussi la joie et la survie.



Atteint de poliomyélite à l’âge de quatre ans, il perd l’usage de ses jambes. Loin de l’abattre, cette épreuve forge son tempérament. Il apprendra à jouer du violon assis, avec un archet qui semble parfois devenir le prolongement de sa respiration. Ce handicap, qui aurait pu limiter un destin, deviendra paradoxalement la marque d’une force intérieure inébranlable. Perlman a souvent confié que la musique lui avait donné « une liberté plus grande que n’importe quel mouvement physique ». Cette dimension spirituelle, presque mystique, traverse toute son œuvre.


Perlman est très tôt remarqué par Isaac Stern, autre géant du violon, qui joue un rôle déterminant dans son ascension. Stern, déjà auréolé de gloire, reconnaît en ce jeune Israélien une virtuosité exceptionnelle, mais aussi un son, une nigoun — cette mélodie intérieure propre à l’âme juive. Stern le recommande pour étudier à la Juilliard School de New York, où Perlman devient élève d’Ivan Galamian et de Dorothy DeLay.


Isaac Stern

Le lien entre Stern et Perlman dépasse la relation maître-élève. Tous deux incarnent deux facettes d’un même héritage : la filiation du violon juif européen, né dans les shtetls, passé par Vienne et Odessa, et transplanté en Amérique et en Israël après la Shoah. Stern, plus grave, ancré dans une tradition d’autorité musicale, voit en Perlman une sorte de fils spirituel, plus libre, plus solaire, plus porté vers la communication populaire. Lorsqu’ils jouent ensemble le Concerto de Bach pour deux violons, c’est une véritable conversation entre deux âmes, deux générations d’exil et d’espérance.



Pendant la Guerre du Golfe (1991), alors que Saddam Hussein, l'ami intime de Chirac,  bombarde sans cesse Israël de missiles Scud, Perlman, fidèle à ses origines, multiplie les gestes de solidarité avec son pays. Il donne des concerts à travers le monde pour soutenir les nombreuses victimes et rappeler au public international la résilience d’Israël sous la menace. Une anecdote célèbre raconte qu’au moment d’un concert à New York, alors qu’un journaliste lui demande s’il ne craint pas de retourner jouer à Tel-Aviv, il répond avec un sourire :

« Mon violon est né ici, mais mon âme, elle, est toujours là-bas. »

Pendant les bombardements, Israël vit au rythme des sirènes et des masques à gaz. Perlman, alors citoyen du monde, mais profondément attaché à sa terre natale, envoie un message de soutien aux jeunes musiciens israéliens :

« Continuez à jouer, même quand le ciel gronde. La musique est notre manière de rester debout. »

Ce geste, symbolique, s’inscrit dans la longue tradition juive du nigoun : cette mélodie sans paroles que l’on entonne quand les mots manquent, quand seule la musique peut contenir la prière et la douleur.



Perlman, au-delà du concertiste, est un passeur. Il enseigne à la Juilliard School, fonde la Perlman Music Program pour les jeunes prodiges, et milite pour l’inclusion des artistes handicapés. Il a aussi dirigé plusieurs orchestres, notamment le New York Philharmonic, et participé à des projets de musique de film, dont La Liste de Schindler de John Williams, pour lequel il interprète le thème principal — sans doute l’un des solos de violon les plus bouleversants jamais enregistrés.



Ce thème, joué par un musicien israélien sur un film sur la Shoah, réunit l’histoire et la mémoire : le violon y devient prière, kaddish et lumière. Perlman dira :

« Chaque note que je joue est un souvenir. Mais la musique doit transformer la douleur en beauté, sinon elle n’a pas de sens. »


Dans sa vision du monde, Itzhak Perlman rejoint la pensée de Spinoza : la joie n’est pas l’absence de douleur, mais la transformation du manque en plénitude. Comme chez Spinoza, la musique devient chez lui un mode de connaissance et de libération — une forme d’amor dei intellectualis appliquée au violon. Son rapport au public, toujours empreint d’humour, de chaleur et de modestie, traduit cette idée que la beauté ne réside pas dans la perfection, mais dans l’authenticité.


Il aime citer une phrase de son maître Galamian :

« Ne joue pas pour impressionner, joue pour faire respirer. »

Et Perlman ajoute :

« C’est quand l’archet tremble que la vérité commence. »

 

À travers son parcours, Itzhak Perlman symbolise ce que la tradition juive appelle tikkoun olam — la réparation du monde. Par son violon, il relie les peuples, il transcende les blessures du corps et de l’histoire. 


De Tel-Aviv à New York, de Bach à Klezmer, de la Shoah à l’État d’Israël, il incarne la continuité d’une voix : celle du peuple juif qui, après le chaos, choisit la vie et la beauté.


En un sens, Perlman n’est pas seulement un violoniste : il est une métaphore vivante. Sa musique nous enseigne que la grandeur naît souvent de la fragilité, et que le véritable courage est de continuer à jouer — même quand les sirènes hurlent.






`Cet article est personnel, je ne prétends pas être ni un scientifique, ni un historien, ni un professionnel du journalisme... 

C'est  délicat de témoigner quand on est un profane, mais dans ce blog j'exprime en général un coup de coeur 

d'après l'actualité , et le lecture de ma revue de presse internationale quotidienne

                                                          les photos et films sont prises sur le web, là aussi pour une utilisation strictement personnelle, privée


Les Data-Centers, ces monstres énergivores JBCH N°. 515

 Les Data Centers : nouveaux monstres énergétiques de l’ère numérique, se font rares les gros de la data essayent de les acheter à prix d'or.


L'intelligence Artificielle aujourd'hui présente partout necessite de plus en plus de data centers quio consommeront de plus en plus d'énergie ... les ch-iffres sont ahurissants, et on devra les multiplier par 3 ou 5 d'ici 10 ans.


Le rachat d’Aligned Data Centers pour 40 milliards de dollars par un consortium réunissant BlackRock, Microsoft et Nvidia marque un tournant historique. L’opération illustre la stratégie d’intégration verticale des géants de la tech et de la finance, qui cherchent à contrôler directement leurs infrastructures énergivores



Dans un monde où l’intelligence artificielle et le stockage massif de données explosent, l’enjeu des data centers devient central : il s’agit à la fois d’un défi économique, stratégique, mais aussi environnemental majeur.




En 2023, les data centers ont consommé 176 térawattheures (TWh) d’électricité aux États-Unis, soit 4,4 % de la consommation totale du pays. À ce rythme, cette part pourrait grimper à 14 % d’ici 2030, une proportion vertigineuse pour une industrie numérique qui se veut « immatérielle ».

La situation est d’autant plus préoccupante que près de 40 % de cette énergie est absorbée par les seuls systèmes de refroidissement, indispensables pour maintenir les serveurs à température optimale. La chaleur, véritable talon d’Achille de la révolution numérique, est devenue la frontière énergétique du XXIᵉ siècle.

Traditionnellement, les data centers utilisent de l’air ou de l’eau refroidie artificiellement. Ces procédés nécessitent des températures de l’ordre de 6 à 7°C, impliquant d’énormes dépenses énergétiques. Le paradoxe est frappant : pour faire fonctionner des machines virtuelles, il faut des infrastructures physiques aussi coûteuses qu’un complexe industriel.


Cette dépendance au refroidissement artificiel rend l’équation écologique intenable. Les régions à climat chaud — comme la Californie, Dubaï ou Singapour — doivent importer ou recycler des quantités d’eau considérables. Dans un contexte de raréfaction hydrique mondiale, cette pratique devient socialement et politiquement insoutenable.






Face à cette impasse, une idée audacieuse émerge : immerger les data centers en mer.

L’eau de mer, naturellement froide et abondante, constitue un réservoir thermique idéal pour le refroidissement passif des serveurs.

L’expérience pionnière du projet Natick de Microsoft, lancé en 2018 au large des Orcades (Écosse), a montré que les installations sous-marines pouvaient fonctionner de manière autonome, stable et sans incident pendant plusieurs années.



Les résultats sont impressionnants : une réduction significative de la consommation énergétique, une fiabilité accrue (moins d’humidité, pas de poussière, peu de maintenance), et une empreinte carbone divisée par deux par rapport à un data center terrestre.

De plus, en utilisant une température d’eau de refroidissement entre 18 et 20°C, ces systèmes maintiennent des performances informatiques optimales tout en limitant le gaspillage énergétique.


Le plus grand data center de France en seine St Denis


L’implantation de data centers en mer ouvre de nouvelles perspectives économiques et écologiques :

  1. Réduction énergétique massive : L’eau de mer remplace les climatiseurs géants, allégeant la facture énergétique mondiale.

  2. Baisse des émissions de CO₂ : Moins d’électricité consommée signifie moins de production thermique ou fossile.

  3. Préservation des sols : Les zones urbaines et rurales sont libérées de ces bâtiments massifs, bruyants et polluants.

  4. Synergie avec les énergies renouvelables : Des parcs de panneaux solaires flottants et d’éoliennes offshore peuvent alimenter directement ces infrastructures.

  5. Sécurité accrue : Les installations sous-marines sont naturellement protégées contre les incendies, les intrusions et les aléas climatiques terrestres.




Le projet de rachat d’Aligned Data Centers illustre cette convergence. Les géants de la tech — Microsoft, Nvidia, BlackRock — n’investissent plus seulement dans les puces ou le cloud, mais dans les infrastructures physiques du numérique durable.

L’avenir de l’intelligence artificielle dépendra de la capacité à alimenter, refroidir et sécuriser les données sans aggraver la crise climatique.

Construire des data centers flottants ou immergés pourrait devenir l’un des grands chantiers du futur, à la croisée de l’ingénierie maritime, de la finance verte et de la gouvernance numérique.

Projet de Google en mer

Les Data Centers marins ne sont pas une utopie technologique. Ils incarnent la nécessité d’une révolution écologique de l’infrastructure numérique.

Comme l’électricité, l’eau devient la nouvelle ressource critique de la société de l’information.

Construire ces “monstres énergivores” au large, dans des zones froides et autonomes, c’est offrir une respiration à la planète, tout en préparant une nouvelle ère : celle d’un numérique sobre, circulaire et océanique.


L’ère des “clouds bleus” commence — un nuage qui flotte au-dessus… mais aussi sous la surface de la Terre.




Cet article est personnel, je ne prétends pas être ni un scientifique, ni un historien, ni un professionnel du journalisme... 

C'est  délicat de témoigner quand on est un profane, mais dans ce blog j'exprime en général un coup de coeur 

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Docteur Google ! JBCH N° 514

“The new Dr. Google is in. Here’s how to use it.”



On utilisait déjà les moteurs de recherche pour savoir  ... on avait alors une réponse assez générale ... et on prenait la décision d'aller ou de ne pas aller voir son médecin


Bien évidemment l'IA est arrivée et elle bouleverse déjà tout . On va devoir l'appeler Docteur Google ou Docteur Apple ou Amazon ...


 Son diagnostic sera bien plus affiné, et son conseil, ce qui manquait avant sera bien plus précis ... à suivre ... 


Une transformation majeure est apparue dans le rapport des patients à la médecine : l’émergence de l’IA comme outil d’information et de suivi médical. Selon une enquête citée, plus d’un Américain sur trois a déjà utilisé un chatbot pour s’informer sur sa santé, et ce chiffre atteint presque 50 % chez les moins de 35 ans. Ce phénomène n’est pas surprenant, car les médecins eux-mêmes intègrent de plus en plus l’IA pour améliorer la précision de leurs diagnostics et optimiser leurs décisions thérapeutiques.




L’attrait pour les chatbots médicaux repose sur leur accessibilité immédiate, la richesse de l’information et la capacité à expliquer des concepts complexes de manière simple. 


Comme le souligne Adam Rodman, directeur des programmes d’IA au Beth Israel Deaconess Medical Center, les patients peuvent utiliser ces outils pour mieux comprendre un diagnostic reçu en consultation, clarifier le jargon médical et approfondir les points nébuleux. 



Cette fonction est particulièrement précieuse pour les maladies rares, ou pour les pathologies à enjeux élevés comme le cancer ou la démence, où la documentation est dense et souvent difficile à assimiler en consultation.



Il y aurait plusieurs usages utiles de l’IA : Préparation et organisation des consultations : Les patients peuvent poser toutes leurs questions au chatbot avant le rendez-vous et organiser ces questions par priorité, maximisant ainsi l’efficacité du temps passé avec le médecin. Ils peuvent aussi s’entraîner à décrire leurs symptômes de manière concise. 


Complément à l’information post-consultation , l’IA permet de réviser et approfondir les informations reçues lors de la visite médicale. Cela contribue à un meilleur suivi des recommandations et à une compréhension plus complète de la progression de la maladie et des options thérapeutiques. 


Seconde opinion : Bien qu’elle ne remplace pas un diagnostic humain, l’IA peut identifier des pistes supplémentaires que le patient discutera ensuite avec son médecin. 



Eric Topol souligne que certains patients ont ainsi détecté des conditions médicales que d’autres professionnels avaient manquées, ce qui montre l’intérêt d’un outil intégrant les détails spécifiques de chaque patient plutôt que des résultats génériques.


Cependant, l’usage de l’IA comporte des limites importantes. Les chatbots peuvent manquer de contexte si l’historique médical complet n’est pas fourni, générer des informations erronées ou inventer des réponses (“hallucinations”) qui semblent plausibles mais sont inexactes. Ces erreurs peuvent avoir des conséquences graves si elles retardent la consultation pour des symptômes urgents, comme une douleur thoracique ou des signes d’AVC.


De plus, la question de la confidentialité et du stockage des données reste problématique. Les utilisateurs doivent être prudents : éviter d’inclure des informations identifiables, limiter la quantité de données personnelles partagées et ne pas télécharger des dossiers médicaux complets.


Pour minimiser les erreurs, Topol recommande de recouper les réponses de plusieurs chatbots (ChatGPT, Gemini, Claude, Perplexity) ou de reformuler plusieurs fois la question sur le même outil afin de détecter les incohérences.



Les versions futures de l’IA pourraient aller bien au-delà de la simple consultation d’informations. Elles pourraient permettre un suivi personnalisé à domicile, la génération de plans de traitement individualisés, et une surveillance continue des patients chroniques. Toutefois, l’IA doit rester un complément et non un substitut au jugement médical, car la relation humaine, la nuance clinique et l’expérience du praticien restent irremplaçables.


Israël est bien en avance sur les diagnostic et les consultations et la chirurgie; Start'ups innovantes & applications concrètes Aidoc analyse automatiquement des scanners pour détecter des urgences comme les hémorragies cérébrales ou embolies, utilisé dans les grands hôpitaux israéliens


AIVF améliore le succès des fécondations in vitro grâce à une plateforme AI qui optimise les processus en laboratoire.  


OneStep utilise le smartphone pour transformer des mesures de mobilité (marche, chutes) en données cliniques à distance, permettant un suivi thérapeutique.  


Recherche, collaborations & régulations. Le ministère de la Santé et l’Israel Innovation Authority travaillent sur un “sandbox réglementaire” pour tester en toute sécurité des solutions d’IA en santé, afin d’encadrer les risques éthiques.  


Le projet conjoint franco-israélien entre le Technion-Rambam et le Health Data Hub pour l’IRM (projet “K-SPARK”) : viser des acquisitions rapides et plus précises du cerveau en imagerie (morphométrie). Impacts & enjeux actuels Une IA israélienne utilisée par Maccabi permet de réduire de 35 % le nombre de changements d’antibiotiques dans le traitement des infections urinaires, ce qui améliore la précision médicale et réduit la résistance bactérienne.  


L’hôpital Rambam, avec le Technion, utilise GPT-4 pour diagnostiquer rapidement les AVC et établir un pronostic à 90 jours, ce qui montre la capacité des IA à assister le diagnostic et potentiellement sauver des vies.


Ainsi, l’IA offre en Israël un enrichissement des interactions patient-médecin : elle peut améliorer la compréhension, renforcer l’autonomie du patient, faciliter la communication et accélérer la préparation et le suivi des soins. Mais cette opportunité vient avec des responsabilités : prudence dans l’interprétation des conseils, vérification auprès d’un professionnel et vigilance sur la confidentialité des données.




Le concept de “Dr. Google” version IA représente une révolution dans la médecine moderne, transformant la manière dont les patients accèdent à l’information médicale. En tant qu’outil complémentaire, il offre un accès rapide et accessible à des connaissances spécialisées, un soutien à la préparation et à la révision des consultations, et une aide précieuse pour la prise de décision éclairée.


Cependant, l’IA ne remplace pas la responsabilité et le jugement du professionnel de santé. Les patients doivent l’utiliser de manière réfléchie, en combinant ses recommandations avec les conseils de leur médecin, et en restant conscients des limites et risques liés à l’exactitude des informations et à la protection des données personnelles.


En somme, “Dr. Google” n’est pas encore un médecin autonome, mais un assistant capable de transformer profondément la pratique médicale, en rendant l’information plus compréhensible et en renforçant la collaboration entre patients et professionnels de santé.





Cet article est personnel, je ne prétends pas être ni un scientifique, ni un historien, ni un professionnel du journalisme... 

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L'école a peur. JBCH N° 513

La situation de l’école française, cinq ans après les assassinats de Samuel Paty et Dominique Bernard, est dramatique ... C'est la trouille des Prof, c'est la faillite de l'Education Nationale qui par peur abandonne la Laïcité ... 


Les parents avertis dirigent leurs enfants vers le privé, des familles entières quittent leurs quartiers, devenus invivables... L'éducation est le ciment du vivre ensemble ... Il est temps, grand temps de guérir ce mal profond.





Cinq ans après l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020 et celui de Dominique Bernard en 2023, l’école française traverse une période d’incertitude et de tension. Ces drames ont profondément marqué la communauté éducative, mais l’émotion initiale a progressivement laissé place à une forme de lassitude et d’autocensure.



 Dans de nombreux établissements, enseignants, proviseurs, censeurs et surveillants hésitent à aborder les sujets jugés sensibles : la mémoire de la Shoah, la colonisation et ses apports, la biologie, la sexualité ou encore la morale et l’histoire. Cette autocensure est le résultat d’un climat de peur, entretenu par les menaces et la violence ciblée contre les enseignants, mais aussi par la crainte de représailles de la part d’élèves ou de familles.



Les enseignants témoignent que même lorsque le ministère de l’Éducation nationale impose des hommages ou des cours sur ces sujets, la mise en œuvre est souvent timide et ritualisée, limitée à des minutes de silence ou à des événements symboliques. 


La peur de se retrouver exposé, comme l’ont été Paty et Bernard, conduit à des contournements pédagogiques : éviter certaines références culturelles ou religieuses, omettre certains passages historiques, voire choisir des exemples étrangers pour illustrer des valeurs républicaines, au lieu de traiter directement des questions locales et actuelles.



L’autocensure varie selon les établissements et les matières. Les enseignants en réseau d’éducation prioritaire (REP) sont particulièrement concernés, confrontés à des élèves parfois hostiles ou vindicatifs. Dans certaines classes, des élèves sifflent, huent ou perturbent les cours pour empêcher l’enseignement de sujets jugés sensibles. La situation est aggravée par des attitudes antisémites et des manifestations de racisme, même auprès de jeunes collégiens et lycéens, qui reflètent un dérèglement du lien social et éducatif.


Les professeurs d’histoire et de lettres font état d’une double contrainte : d’une part, respecter la laïcité et transmettre les valeurs républicaines ; d’autre part, éviter tout affrontement direct avec des élèves ou leurs familles. L’absence de protection ressentie par certains enseignants accentue ce phénomène, malgré les dispositifs comme la “protection fonctionnelle”. Le résultat est une mémoire collective fragilisée, où l’enseignement de l’histoire et de la citoyenneté est limité, déformé ou abandonné face à la peur d’être pris pour cible.




Le recul de la liberté pédagogique a des conséquences profondes sur la formation des citoyens de demain. L’école, censée être un espace de transmission du savoir et de réflexion critique, devient un lieu où l’autocensure et la prudence priment. Les élèves, en particulier ceux issus de l’immigration, peuvent développer une méconnaissance des événements historiques fondamentaux, qu’il s’agisse de la Shoah, de la colonisation ou des valeurs de la République. Ce déficit nourrit un climat de fracture culturelle et identitaire, où l’éducation ne parvient plus à jouer pleinement son rôle de médiatrice entre le passé et le présent.


La situation touche aussi la laïcité et la cohésion sociale. Les enseignants évitent certains contenus pour ne pas provoquer de tensions, ce qui contribue à un affaiblissement silencieux de la transmission des valeurs républicaines. L’école publique, censée garantir l’égalité et le vivre-ensemble, voit son rôle érodé par la peur et les pressions externes, renforçant parfois le recours au privé ou à des établissements sélectifs pour garantir un cadre éducatif plus stable.






Cette situation interroge la société dans son ensemble. La peur des enseignants et l’autocensure ne sont pas seulement des problèmes scolaires : elles traduisent un affaiblissement de la culture civique et de la mémoire historique, qui sont essentielles à la démocratie. Les gouvernements et institutions doivent garantir la sécurité, la formation et le soutien des enseignants, mais aussi réaffirmer l’importance de transmettre une histoire complète, même si elle est sensible ou clivante.


L’école est le lieu où se jouent la mémoire collective, le respect des valeurs et la formation citoyenne. Les assassinats de Paty et Bernard rappellent que l’éducation n’est pas neutre et qu’elle peut devenir un champ de tension. Mais la réponse ne peut être l’autocensure. Il est impératif de créer un environnement où les enseignants peuvent traiter les sujets essentiels de manière informée, sécurisée et respectueuse, afin de garantir que la mémoire de la Shoah, de la colonisation et des grands moments de l’histoire ne s’efface pas.



Cinq ans après ces tragédies, l’école française est confrontée à un paradoxe : la nécessité de transmettre une mémoire vivante et critique, face à la peur et à la violence. 


L’autocensure et les contournements témoignent d’un malaise profond, mais soulignent aussi la résilience de nombreux enseignants qui continuent à défendre la laïcité et l’enseignement des valeurs républicaines. 


Redonner confiance aux enseignants, protéger la liberté pédagogique et réaffirmer la mémoire historique sont des impératifs pour que l’école reste un lieu de savoir, de citoyenneté et de justice sociale.




Cet article est personnel, je ne prétends pas être ni un scientifique, ni un historien, ni un professionnel du journalisme... 

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