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lundi 20 octobre 2025

La BNF a mis ses "Nabis" de couleur JBCH N° 536

Les Nabis : quand l’art devient vie (mon analyse est inspirée de l’exposition « Impressions Nabies » à la BnF Richelieu, 2025)


À la toute fin du XIXᵉ siècle, alors que la modernité industrielle bouleverse les modes de vie et les sensibilités, un groupe de jeunes artistes, à peine âgés de vingt ans, décide de redéfinir le rôle de l’art dans la société. 


Ils se nomment les Nabis, mot hébreu signifiant prophètes. Et leur mission est claire : « Mettre de l’art partout ». Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Maurice Denis, Félix Vallotton, Paul Sérusier, Ker-Xavier Roussel ou encore Henri-Gabriel Ibels, tous revendiquent une même ambition : faire descendre l’art du piédestal des musées pour l’intégrer à la vie quotidienne.



La Bibliothèque nationale de France met aujourd’hui en lumière cet idéal à travers une exposition consacrée aux estampes des Nabis. Ces œuvres, longtemps reléguées au second plan derrière les toiles et fresques, révèlent pourtant toute la force novatrice du mouvement. La gravure sur bois et la lithographie deviennent, dans leurs mains, un terrain d’expérimentation radical.




Les estampes nabies sont tout sauf sages : elles sont explosives, rêveuses, brutes et lumineuses. À la fin du XIXᵉ siècle, cette technique connaît un véritable âge d’or. Sa diffusion plus abordable que la peinture – grâce à la reproduction de plusieurs feuilles à partir d’une même matrice – en fait un vecteur démocratique de l’art. Les Nabis exploitent cette possibilité pour habiller les murs, les affiches, les programmes de théâtre, les partitions, et même les objets domestiques.


Ainsi, l’estampe devient un art de l’intime. Vuillard en fait un miroir de la vie quotidienne dans ses séries Paysages et intérieurs, où la douceur des tons rompus épouse la mélancolie du foyer bourgeois. Bonnard, avec ses gestes spontanés et ses griffures vibrantes, fait naître la tendresse d’un Enfant à la lampe ou la lumière tremblée d’un Verger. Vallotton, lui, impose un style à part : la puissance du noir et des aplats tranchants. Ses gravures, comme L’Argent (1898), dénoncent la comédie du mariage et les hypocrisies sociales dans un jeu d’ombres presque expressionniste avant l’heure.


Les Nabis, prophètes d’un art total Sous l’influence des estampes japonaises  que Paris découvre à la même époque , les Nabis s’éloignent du naturalisme pour explorer une syntaxe visuelle plus symbolique et décorative. Ils privilégient la surface, la couleur, la ligne épurée. Maurice Denis formule la célèbre maxime :


« Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. »


Cette phrase condense tout le programme esthétique du groupe : la peinture, la gravure, le décor, la typographie ou l’affiche ne sont plus des disciplines séparées, mais des fragments d’un même langage visuel, où tout est art. C’est aussi une réponse spirituelle à la modernité, une manière de réenchanter le quotidien à travers le beau.


Le rôle des éditeurs et la diffusion d’un art populaire Le grand galeriste Ambroise Vollard comprend très tôt l’importance de ce mouvement et propose à Bonnard, Vuillard et Denis de publier des albums monographiques. Ces recueils, aujourd’hui exposés dans leur intégralité à la BnF, furent à l’époque un échec commercial, mais un succès esthétique majeur. Ils ont permis d’ancrer l’estampe comme un médium à part entière de la modernité, capable de rivaliser avec la peinture.


Les Nabis inaugurent ainsi une idée essentielle : l’art n’est pas réservé à l’élite, il peut orner un salon, un livre, un paravent. Leur ambition, bien qu’utopique, anticipe les grands mouvements d’intégration artistique du XXᵉ siècle — du Bauhaus au design contemporain.


L’héritage d’un art de la confidence Comme le soulignait le critique Roger Marx, l’estampe originale est une « émanation spontanée du génie de l’artiste », à savourer « dans l’intimité du calme ». Cette dimension méditative, presque mystique, relie les Nabis à leur nom même : des prophètes, porteurs d’une vision intérieure.


En jouant sur les contrastes entre vide et plein, entre lumière et noirceur, les Nabis transforment la gravure en langage émotionnel. Chez Roussel, le blanc du papier devient lumière ; chez Maillol, les vagues gravées respirent le Japon ; chez Bonnard, chaque trait est un battement de cœur.


Une modernité toujours vivante, plus d’un siècle plus tard, leur œuvre résonne avec nos interrogations contemporaines : comment réconcilier l’art, la technologie et la vie quotidienne ? Les Nabis répondaient déjà : par la présence du beau dans le simple, par une esthétique du sensible.


L’exposition « Impressions nabies » de la BnF Richelieu (jusqu’au 11 janvier 2026) et celle consacrée à Henri-Gabriel Ibels au musée Maurice-Denis prolongent cette réflexion. 


Elles rappellent que ces jeunes artistes, prophètes de la couleur et de l’intériorité, ont su donner au monde moderne un souffle poétique : l’idée que chaque objet, chaque mur, chaque page peut devenir œuvre d’art.


Les Nabis ne voulaient pas seulement peindre : ils voulaient élever la vie au rang d’art — et c’est peut-être là, encore aujourd’hui, leur véritable prophétie.





Le Premier taxi volant a reçu son agrément. JBCH N°. 535

Le rêve du taxi volant  devient réalité : : l’ère du Xpeng AeroHT, entre utopie technologique et révolution de la mobilité


Annoncé pour 2026,  et confirmé dans le Figaro de ce jour  posé sur "JBCH Presse" , (le Xpeng AeroHT marque une étape décisive dans la course mondiale au véhicule volant. 


Ce projet futuriste, développé par la marque chinoise Xpeng, n’est pas un simple concept-car destiné aux salons. il est pensé comme un véhicule de série, prêt à être commercialisé dès le début de 2026 sur le marché chinois. Ce “porte-avion terrestre”, comme le surnomme le constructeur, combine un SUV à six roues et un drone autonome à décollage vertical, formant un ensemble hybride entre automobile et aéronef.



L’AeroHT n’est pas un gadget : il bénéficie de la technologie 800 volts, la plus avancée du moment, qui assure des recharges rapides et une efficacité énergétique inédite. Il dispose également d’un moteur thermique d’extension d’autonomie, portant la distance parcourable à près de 1 000 kilomètres. Mais le véritable atout de cet engin réside dans son drone embarqué, capable de décoller et d’atterrir verticalement, et de voler de manière entièrement autonome.


La certification de navigabilité accordée par l’Administration de l’aviation civile de Chine marque une première mondiale : c’est la première autorisation officielle d’un véhicule volant civil combiné à une automobile. Xpeng prévoit déjà la construction d’un site industriel dédié, capable de produire plus de 10 000 unités par an, signe d’une volonté industrielle et non expérimentale.



Alors que Tesla, Airbus et plusieurs start-ups américaines ou européennes explorent les taxis volants via des prototypes urbains (Volocopter, Archer, Joby Aviation), la Chine, avec Xpeng, prend une longueur d’avance. Le pays ne se contente pas d’innover : il structure un écosystème légal et industriel autour de cette mobilité du futur. Ce lancement s’inscrit dans une stratégie nationale visant à redéfinir la mobilité premium et à faire rayonner la technologie chinoise bien au-delà de ses frontières.





En France, où Xpeng vient tout juste d’arriver avec ses SUV électriques G6 et bientôt G9, ce projet illustre le saut qualitatif de l’industrie automobile chinoise. Loin des clichés des années 2000, la Chine n’imite plus, elle devance — en intégrant mobilité terrestre, aérienne et numérique.



Le coût annoncé, 252 000 euros, réserve l’AeroHT à une élite. Mais comme toute innovation de rupture, il ouvre une voie : celle d’un transport individuel intermodal, capable de désengorger les villes et de redéfinir la notion de déplacement. Reste à savoir si les infrastructures, la réglementation et surtout la sécurité aérienne suivront. Les défis de bruit, d’énergie, d’espace aérien partagé et de pilotage autonome demeurent considérables.




Plus qu’un véhicule, le Xpeng AeroHT incarne une mutation culturelle : le passage de la voiture comme objet utilitaire à la mobilité comme expérience totale. En intégrant vol, autonomie, et connectivité, il réalise le rêve de la science-fiction des années 1960. À travers lui, la Chine veut non seulement vendre une voiture, mais aussi un rêve de liberté technologique.


Si tout se déroule selon le calendrier, 2026 pourrait marquer l’entrée effective dans l’ère du taxi volant, celle où le ciel ne sera plus réservé aux avions, mais aux conducteurs du quotidien. 


Un symbole de plus que la mobilité du XXIᵉ siècle ne se joue plus sur la route, mais dans les airs.







dimanche 19 octobre 2025

Avischaï Cohen, le Grand du Jazz. JBCH N° 534

Avishai Cohen, sa trajectoire artistique et sa place dans le monde du jazz contemporain  :  Depuis des années, je suis à la trace ce musicien d'exception, quel bonheur pour celui qui aime profondément la musique (sans la pratiquer !)  On retrouve chez Avishai Cohen l’âme juive du jazz contemporain


Né le 20 avril 1970 à Kabri, un petit kibboutz du nord d’Israël, Avishai Cohen grandit dans une famille de musiciens au sein d’une culture profondément marquée par les sonorités séfarades et orientales. Enfant curieux et sensible, il commence le piano à neuf ans avant de tomber, à l’adolescence, sous le charme de Jaco Pastorius, légendaire bassiste américain. Ce choc musical oriente définitivement sa vocation : Cohen délaisse le piano pour la contrebasse, qu’il étudie avec Michael Klinghoffer, avant de s’envoler, en 1992, pour New York, capitale du jazz mondial.



C’est là, dans les clubs obscurs de Manhattan, qu’il forge sa personnalité musicale. Jouant d’abord dans des formations anonymes, il est remarqué par le pianiste Danilo Pérez, puis par Chick Corea, maître du jazz fusion, qui le propulse sur la scène internationale. En 1996, Corea l’intègre à son sextet Origin et lui offre un contrat d’enregistrement sur le label Stretch Records. Cette collaboration de sept ans révèle au monde un contrebassiste d’une virtuosité exceptionnelle, doté d’un sens rare de la mélodie et du rythme.


En 1998, Avishai Cohen signe Adama, son premier album en leader, coproduit par Chick Corea. Déjà, on y perçoit ce mélange singulier de jazz contemporain, de musique méditerranéenne, de rythmes africains et de nostalgie séfarade. Sa musique respire la terre d’Israël, les souvenirs de l’enfance, mais aussi la quête universelle d’harmonie et de liberté. Cette fusion identitaire deviendra sa marque de fabrique.


Au début des années 2000, Cohen fonde son propre label, Razdaz Records, pour produire ses albums et ceux de ses musiciens. Il forme le Avishai Cohen Trio, formation en constante évolution, qui devient son laboratoire d’expérimentations. Avec Sam Barsh au piano et Mark Guiliana à la batterie, puis avec Shai Maestro et Itamar Douari, il élabore un son d’une richesse inédite : une contrebasse chantante, une batterie polyrythmique, un piano lumineux.


Dans At Home et Continuo, il explore les frontières entre jazz, folklore hébraïque, rythmes andalous et musiques balkaniques. Ce métissage culturel exprime une vision du monde profondément humaniste : celle d’un musicien juif israélien qui dialogue avec toutes les traditions sans jamais renier ses racines.


Durant la tournée Aurora, il mêle la voix de Keren Malka et l’oud d’Amos Hoffman, rappelant les échos du ladino, langue des Juifs expulsés d’Espagne en 1492. L’album Arvoles (2019) rend d’ailleurs hommage à cette mémoire séfarade : le mot signifie “arbres” en judéo-espagnol, symbole d’enracinement et de transmission.



Avishai Cohen devient, en 2009, directeur artistique du Red Sea Jazz Festival d’Eilat, consacrant ainsi son rôle d’ambassadeur du jazz israélien dans le monde. En 2010, il signe avec le prestigieux label Blue Note, avant de publier Seven Seas, Duende (2012, en duo avec Nitai Hershkovits), et From Darkness (2015). Sa musique devient de plus en plus introspective, spirituelle, traversée d’une lumière mélancolique — une joie grave propre aux grands artistes.


Aujourd’hui, Avishai Cohen est reconnu comme l’un des plus brillants contrebassistes et compositeurs de sa génération. Ses collaborations avec Bobby McFerrin, Herbie Hancock, Alicia Keys ou encore les orchestres philharmoniques de Londres et d’Israël témoignent de sa polyvalence et de sa reconnaissance internationale.


Mais au-delà de la virtuosité, ce qui frappe chez Cohen, c’est sa capacité à transmettre l’émotion. Ses compositions, d’une élégance rare, mêlent ferveur rythmique et lyrisme dépouillé. Il y a, dans ses improvisations, une écoute de l’autre, une attention à l’instant, une forme de méditation. Le critique musical Mathieu Perez résume bien cette alchimie en évoquant ses “mélodies envoûtantes, ses rythmes subtils, son lyrisme à fleur de peau”.


En 2024, il publie Brightlight, un album lumineux enregistré avec deux jeunes prodiges israéliens, Itay Simhovich (piano) et Eviatar Slivnik (batterie). Ensemble, ils forment un trio d’une cohésion rare, où la contrebasse mène la danse dans une communion quasi mystique.


Avishai Cohen incarne le renouveau du jazz spirituel, un jazz qui ne se limite pas à la technique mais qui cherche à réconcilier l’homme avec ses racines et le monde avec sa diversité. Héritier de la tradition juive, des mélodies orientales et du souffle américain, il est un pont vivant entre les cultures.


En lui, le jazz devient prière, mémoire, et espérance. Comme ses ancêtres séfarades dispersés après 1492, il transforme l’exil en création, la nostalgie en beauté, la douleur en rythme. 


Son œuvre, intime et universelle, demeure un chant d’amour adressé au monde — un chant né sur les rives de la Galilée, qui résonne aujourd’hui sur toutes les scènes de la planète. Bravo Avischaï ... tu nous raffraichis l'âme, on t'aime





Les batailles de la Tech ... JBCH N° 533

Florian Debes (Les Échos, octobre 2025) a écrit sur la nouvelle bataille technologique entre Apple, Google, Meta et OpenAI et c, autour de l’intelligence artificielle et du smartphone. 


Il prédit la fin prochaine du Smartphone



Depuis la présentation du premier iPhone en 2007, le smartphone s’est imposé comme le centre de gravité de notre vie numérique. Dix-huit ans plus tard, ce règne est contesté. L’intelligence artificielle générative, incarnée par ChatGPT, Gemini ou les IA intégrées dans les appareils connectés, bouleverse l’ordre établi. Le texte de Florian Debes montre que si Meta et OpenAI rêvent d’un monde sans smartphone, Apple et Google n’ont pas encore dit leur dernier mot. La bataille qui s’annonce n’oppose plus des marques, mais deux visions du futur : celle du terminal matériel et celle de l’écosystème intelligent.





Depuis dix ans, la croissance du marché du smartphone s’essouffle. Les ventes stagnent, les innovations matérielles se limitent à des écrans plus brillants et à des caméras plus précises. L’intelligence artificielle apparaît alors comme le nouveau levier de différenciation.




OpenAI, avec ChatGPT, veut court-circuiter les magasins d’applications d’Apple et de Google en intégrant directement ses services dans les conversations des utilisateurs. Meta suit la même voie : ses lunettes connectées, conçues avec EssilorLuxottica, misent sur une interface sans écran, où la commande vocale et la reconnaissance visuelle remplaceraient le toucher et la navigation classique.




L’objectif est clair : sortir du cadre du smartphone pour installer l’IA comme le nouvel environnement numérique universel. Là où le mobile était un outil, l’intelligence artificielle ambitionne de devenir un compagnon. C’est une rupture comparable à celle qui a vu Internet détrôner le PC dans les années 2000.






Mais, comme le rappelle l’article, il serait prématuré d’enterrer Apple et Google. Ces deux géants contrôlent encore l’écosystème des applications, et donc la monétisation de l’usage mobile. Chaque année, ils prélèvent jusqu’à 30 % des revenus générés par les développeurs via leurs magasins d’applications. Ils disposent aussi d’un avantage déterminant : une base installée de milliards d’appareils, un réseau d’utilisateurs fidèles, et une puissance matérielle sans équivalent.


Apple prépare pour mars 2026 une nouvelle version de Siri, totalement repensée autour de l’IA générative, capable de rivaliser avec ChatGPT et Gemini. Google, de son côté, intègre son modèle Gemini à Android et au moteur de recherche, plaçant l’IA au cœur de l’expérience utilisateur. L’un comme l’autre cherchent à faire de l’intelligence artificielle un prolongement du smartphone, et non un remplaçant.


En d’autres termes, les anciens maîtres du hardware entendent reconquérir le terrain logiciel que ChatGPT et Meta tentent de leur arracher. Pour eux, la clé n’est pas de supprimer le téléphone, mais de le rendre invisible — un simple point d’accès à un assistant intelligent omniprésent.





Meta, OpenAI et leurs alliés jouent un pari inverse : celui de la rupture. En s’affranchissant du smartphone, ils espèrent imposer leurs propres plateformes, leurs règles de partage de données et leurs protocoles de paiement. Sam Altman, patron d’OpenAI, a même investi plus de six milliards de dollars pour s’offrir les services du designer Jony Ive, père de l’iPhone, dans le but de créer une « famille d’appareils IA » — lunettes, assistants personnels, interfaces minimalistes — capables de concurrencer directement le téléphone.


Mais ces ambitions se heurtent à la réalité matérielle : les lunettes connectées ou les casques de réalité augmentée restent coûteux, fragiles et dépendants… du smartphone. Les analystes de Bank of America estiment qu’à peine 10 millions de paires seront vendues en 2025, loin du milliard de téléphones écoulés chaque année. Le marché reste donc embryonnaire.


La véritable bataille se joue ailleurs : dans la possession de la relation utilisateur. Qui contrôlera la porte d’entrée de notre vie numérique ? L’appareil dans notre main — ou l’IA dans le nuage ?





Malgré les annonces tonitruantes, la coexistence entre smartphones et nouvelles interfaces semble inévitable. Comme la télévision n’a pas tué la radio, l’intelligence artificielle ne fera pas disparaître le téléphone du jour au lendemain. L’écosystème mobile est trop vaste, trop ancré dans les usages quotidiens. En revanche, son rôle va changer : le smartphone deviendra le support d’une intelligence décentralisée, un simple relais entre l’humain et le nuage.


Apple, Google, Meta et OpenAI convergent ainsi vers une même promesse : un monde où l’écran disparaît, où la commande vocale et la prédiction remplacent la navigation manuelle, où la technologie s’efface derrière le langage naturel. L’avenir ne sera pas post-smartphone, mais post-écran.



La bataille qui s’ouvre ne se joue plus sur les processeurs ni sur les pixels, mais sur la capacité à intégrer l’IA dans notre quotidien. OpenAI rêve d’un monde sans iPhone, Meta d’une réalité augmentée permanente, Apple d’une intelligence embarquée, Google d’une omniprésence algorithmique. Tous veulent devenir le filtre de nos interactions, la voix qui répond avant même qu’on pose la question.


Le smartphone, lui, n’est pas mort. Mais il s’efface doucement, absorbé par une intelligence diffuse. 


Déjà, Elon Musk pense à nous implanter des puces dans les cerveaux ... horreur !!! 


Comme le dit Jony Ive, « nous n’avons plus une relation facile avec notre technologie ». L’enjeu, désormais, n’est plus de l’améliorer — mais de la rendre humaine à nouveau.






Kandinsky allie Peinture et musique JBCH N° 532

Pionnier de l'art abstrait, Vladimir Kandinsky a ouvert la porte à cet art, (1866 – 1944) n'est pas seulement russe orthodoxe: il est avant tout un artiste international qui a vécu plusieurs années à Paris, a voyagé en Europe. 

Son style est pur, joyeux par les couleurs choisies et tellement plaisant à contempler.

Exposition à la Philarmanie de Paris




Vassili Kandinsky (1866-1944), figure majeure de l’art moderne, n’a pas seulement inventé l’abstraction : il a ouvert une voie nouvelle où la peinture cesse d’imiter le monde visible pour devenir un langage de l’âme. Chez lui, la couleur chante, la ligne résonne, et la toile devient une partition.



Son œuvre est une expérience synesthésique – une rencontre entre la vue et l’ouïe, entre la forme et le son. Kandinsky ne peint pas des objets : il compose des émotions, des vibrations, des correspondances.


Kandinsky naît à Moscou dans une famille cultivée et découvre très tôt qu’il perçoit le monde d’une façon singulière : chaque son a une couleur, chaque couleur a un son. Il entend le jaune comme une trompette éclatante, le bleu comme un orgue profond, le rouge comme un tambour vibrant.



Cette expérience sensorielle devient le cœur de sa philosophie artistique. Dans son essai majeur Du spirituel dans l’art (1911), il affirme que la peinture doit, comme la musique, agir directement sur l’âme sans passer par la représentation d’objets réels.




Ainsi, peindre revient à composer une symphonie visuelle, où chaque teinte, chaque ligne possède sa tonalité émotionnelle. Le jaune « agite l’âme », le bleu « l’approfondit », le vert « la calme ». Kandinsky parle de « nécessité intérieure » : un impératif spirituel qui pousse l’artiste à exprimer l’invisible.


Avant 1910, Kandinsky peignait encore des paysages et des cavaliers. Puis, un jour, il vit un tableau sans en reconnaître le sujet — c’était une de ses propres toiles posée à l’envers. Cette révélation déclencha une révolution : la peinture pouvait exister sans objet, comme la musique sans paroles.

Dès lors, il libère la couleur et la ligne de toute fonction descriptive. Dans ses Compositions et Improvisations, la toile devient un espace sonore, traversé de rythmes, d’accents, de silences.

Improvisation n°30 (1913) évoque un orchestre en mouvement, tandis que Composition VII (1913) semble exploser comme une fugue de Bach : chaos apparent, mais harmonie profonde.



Kandinsky s’intéresse autant au silence qu’au son, au vide qu’au plein. Dans Composition VIII (1923), des formes géométriques flottent sur un fond blanc : le vide n’est pas absence, mais pause musicale, respiration nécessaire entre deux accords.

Chaque cercle, chaque ligne devient une note ; le blanc, un silence sacré. Cette alternance crée une rythmique cosmique, une danse entre mouvement et repos, lumière et obscurité.

Le peintre devient ainsi un chef d’orchestre spirituel, guidant les couleurs comme un musicien conduit son orchestre.



Kandinsky n’était pas seulement un artiste, mais un chercheur de vérité. Influencé par la théosophie de Helena Blavatsky et l’anthroposophie de Rudolf Steiner, il croyait que l’univers est traversé par des vibrations invisibles.

La tâche de l’artiste est de les révéler. Il écrit :

« La couleur est un moyen d’exercer une influence directe sur l’âme. »

Chaque toile devient ainsi un instrument de connaissance spirituelle, un miroir de l’ordre caché du monde. Kandinsky cherchait une harmonie universelle – la même que celle que les musiciens poursuivent dans leurs symphonies.

À travers ses œuvres du Bauhaus – Jaune-Rouge-Bleu (1925), Sur blanc II (1923) – Kandinsky cherche une rigueur nouvelle : ses toiles sont construites comme des compositions musicales, équilibrées par des rapports de tension, de contraste et de résonance.

Jaune Rouge Bleu 

Son pinceau devient un archet, ses couleurs des cordes vibrantes. Le spectateur est invité non pas à « voir » mais à écouter la peinture.

Chaque tableau est une mélodie silencieuse, un appel à la contemplation.


Mort en exil à Neuilly-sur-Seine en 1944, Kandinsky laisse derrière lui une œuvre qui continue de vibrer comme une musique infinie. Il a su unir l’intellect du peintre et l’intuition du musicien, le visible et l’invisible, le son et la lumière.


Là où d’autres peignent ce qu’ils voient, Kandinsky peint ce qu’il entend dans l’âme.

Son art n’imite pas le monde — il en révèle la symphonie intérieure.


Trump force l'Egypte à rechauffer ses relations avec israël. JBCH N° 531

Le réchauffement entre l’Égypte dit s'effectuer sous l'égide de Trump, l'Egypte dont le pouvoir corrompu est aux mains des militaires a bsesoin du gaz produit pas Israël, L'Egypte a besoin des renseignements satellitaires et de l'appui d'Israël pour combattre les djihadistes dans le Sinaï et les Houtis qui ruinent son économie en Mer Rouge ... Fini le temps de la paix froide, il faut avancer ... 




Près d’un demi-siècle après la poignée de main historique entre Anouar El-Sadate et Menahem Begin, la paix entre l’Égypte et Israël reste une construction fragile, mêlant calculs politiques, peurs intérieures et espoirs de stabilité. 



Mais selon The Jerusalem Report, un tournant discret s’opère au Caire, sous la pression du président américain Donald Trump. Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le président Abdel Fattah al-Sissi gouverne dans l’ombre des Frères musulmans, renversés par son armée mais toujours influents dans la société. C’est cette menace intérieure qui dicte, plus que tout, sa politique envers Israël.



En apparence, la rhétorique officielle égyptienne a souvent flirté avec l’hostilité. Après les attaques du 7 octobre 2023 ,  Sissi a même qualifié Israël « d’ennemi », 


Pourtant, deux ans plus tard, le ton change. À l’occasion de l’anniversaire de la guerre d’octobre 1973, le président égyptien a rappelé que la « véritable victoire » ne fut pas militaire, mais diplomatique : la signature du traité de paix de 1979, et donc la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël par le discours d'Anouar El Sadate à la Knesset 


Ce rappel, noté par l’ancienne députée israélienne Ruth Wasserman Lande dans le Jerusalem Report, n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une campagne d’apaisement réclamée par Washington, soucieux de faire taire les discours bellicistes avant la présentation par Trump de son « plan de paix en vingt points » pour mettre fin à la guerre de Gaza.

Frontière étanche Egypte Gaza

Le changement de ton du Caire coïncide avec la visite du nouvel ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee. Missionné par la Maison-Blanche, il a fait comprendre à Sissi que les États-Unis attendaient de l’Égypte qu’elle réduise la virulence de son discours public.


Car derrière les déclarations, la réalité géopolitique est plus nuancée. L’Égypte craint avant tout une nouvelle déstabilisation du Sinaï. Les autorités redoutent qu’un afflux massif de réfugiés palestiniens ne s’y installe durablement, réveillant un foyer djihadiste que l’armée égyptienne tente d’éradiquer depuis une décennie.


Cette peur explique la prudence de Sissi : il ménage Israël sur le plan sécuritaire tout en maintenant, pour l’opinion publique, un discours patriotique teinté d’antisionisme. Pendant des décennies, les gouvernements égyptiens ont cultivé cette ambiguïté, entre coopération militaire discrète et hostilité culturelle ouverte.



Dans les faits, la coopération entre Le Caire et Jérusalem n’a jamais été aussi étroite. Israël fournit des renseignements cruciaux sur les groupes islamistes actifs dans le Sinaï et a même autorisé l’armée égyptienne à renforcer sa présence militaire dans la région, au-delà des limites prévues par le traité de 1979.


A écouter : Cliquez


Cette coordination étroite reste taboue dans la presse égyptienne, encore largement marquée par des décennies de propagande anti-israélienne. Les manuels scolaires, les séries télévisées et les organisations professionnelles continuent d’entretenir une méfiance viscérale envers l’État hébreu. Résultat : le pouvoir est aujourd’hui prisonnier de sa propre rhétorique. Impossible d’afficher une normalisation ouverte sans risquer une révolte populaire.


« L’Égypte est victime de son propre récit », résume Ruth Wasserman Lande. « Après avoir nourri la haine d’Israël pendant quarante ans, elle doit désormais apprendre à l’effacer. »


C’est dans ce contexte que ressurgit la figure d’Anouar El-Sadate, l’homme de la paix assassinée. Lorsqu’il prit la parole à la Knesset en novembre 1977, il déclara : « Cette paix apportera à jamais la prospérité dans la région. » Ses mots résonnent aujourd’hui comme une prophétie inachevée.


Sadate avait compris qu’une paix durable ne pouvait être imposée ni par la force ni par la peur. Il rêvait d’une paix populaire, fondée sur la connaissance mutuelle et la réconciliation des mémoires. Ce rêve ne s’est jamais réalisé.


Sous Sissi, la paix entre Israël et l’Égypte reste avant tout stratégique : une paix d’état-major, non de citoyens. Aucune initiative culturelle, universitaire ou touristique d’envergure n’a vu le jour entre les deux pays, contrairement aux accords d’Abraham conclus avec les Émirats ou Bahreïn.


Pour que la paix de Sadate retrouve un souffle, l’Égypte devra affronter son propre passé. Réformer les programmes scolaires, cesser les discours de haine, valoriser les bénéfices économiques et culturels d’une coexistence réelle — autant de chantiers qui restent à ouvrir.


Trump, en imposant à Sissi ce virage diplomatique, espère sans doute relancer un axe modéré entre Le Caire, Riyad et Jérusalem. Mais sans transformation intérieure de la société égyptienne, cette paix restera instrumentale.



L’Égypte, comme le rappelait Sadate à Jérusalem, ne pourra atteindre la prospérité qu’en faisant de la paix une conviction, et non une contrainte. Cinquante ans après son geste visionnaire, le pays semble à nouveau placé devant le même choix : la peur ou la paix.