Voilà plusieurs années que tout à fait par hasard, sur la seconde chaîne et sur Arte que j’ai découvert ma première série israélienne : « Hatoufim » signée par la Production Keshet, et depuis j’en suis devenu addicte.
Le succès international du cinéma israélien et de la série Fauda :
un petit pays aux grandes ambitions
Israël, un pays de moins de 10 millions d’habitants, s’est imposé comme une puissance inattendue dans le domaine du cinéma et des séries télévisées, tout en étant reconnu comme une « nation start-up » grâce à son écosystème technologique florissant.
La série Fauda, créée par Lior Raz et Avi Issacharoff, incarne ce phénomène en devenant un succès planétaire, avec une cinquième saison prévue pour une diffusion sur Netflix en 2026.
Ce succès international, provenant d’un pays géographiquement et démographiquement modeste, peut être attribué à une combinaison unique de facteurs culturels, historiques, technologiques et stratégiques.
Un écosystème d’innovation : le modèle start-up appliqué au cinéma
Israël est souvent surnommé la « start-up nation » en raison de son dynamisme entrepreneurial, particulièrement dans les secteurs de la technologie, de la cybersécurité et de l’intelligence artificielle.
Ce modèle d’innovation s’étend également à l’industrie culturelle, y compris le cinéma et les séries télévisées.
Le pays investit massivement dans la recherche et le développement, avec un pourcentage du PIB consacré à l’innovation parmi les plus élevés au monde (environ 5 %).
Cette culture de l’innovation favorise la créativité et l’audace, des qualités qui se reflètent dans les productions cinématographiques.
Les créateurs israéliens, comme ceux de Fauda, adoptent une approche similaire à celle des start-ups : des équipes agiles, des budgets souvent modestes par rapport aux standards hollywoodiens, et une capacité à prendre des risques narratifs.
Fauda, par exemple, s’inspire directement des expériences personnelles de ses créateurs, Lior Raz et Avi Issacharoff, anciens membres des forces spéciales israéliennes.
Cette authenticité, combinée à une production efficace, permet de créer des contenus qui résonnent à l’échelle mondiale.
De plus, le soutien gouvernemental à l’industrie culturelle, à travers des fonds comme le Israel Film Fund, encourage la production de contenus de qualité, même dans un marché intérieur limité.
Enfin, la mentalité de résilience et d’adaptabilité, forgée par le contexte géopolitique complexe d’Israël, se traduit dans la capacité des réalisateurs et scénaristes à aborder des sujets sensibles, comme le conflit israélo-palestinien, avec nuance et audace.
Fauda illustre cette approche en dépeignant les deux côtés du conflit avec une humanité rare, ce qui contribue à son attrait universel.
L’authenticité et l’universalité de Fauda
Le succès de Fauda repose sur sa capacité à allier une narration captivante à une représentation réaliste et nuancée du conflit israélo-palestinien.
Contrairement à de nombreuses productions qui adoptent une perspective unilatérale, Fauda explore les complexités humaines des deux camps, en mettant en scène des personnages imparfaits, qu’ils soient israéliens ou arabes.
Cette approche a été saluée pour son objectivité, même si elle n’échappe pas aux critiques de part et d’autre. Le titre, qui signifie « chaos » en arabe, reflète l’intensité et la complexité des situations dépeintes, où les frontières entre héros et antagonistes sont souvent floues.
La série tire également sa force de son authenticité. L’utilisation extensive de dialogues en arabe et en hébreu, sous-titrés pour le public international, renforce son réalisme.
Lior Raz, qui joue le personnage principal Doron Kavillio, parle couramment l’arabe, ce qui ajoute une couche de crédibilité aux interactions.
De plus, les scénarii s’inspirent souvent d’événements réels, ce qui donne à Faudaune résonance particulière dans un monde où les tensions géopolitiques sont omniprésentes.
Cette authenticité est renforcée par le choix de tourner dans des lieux réels, en Israël et à l’étranger, comme en Belgique pour la saison 4, et dans des lieux encore non divulgués pour la saison 5, prévue pour débuter son tournage en avril 2025.
Bien avant le 7 Octobre la série nous montrait les façons de contourner la frontière pour entrer à Gaza, et surtout la complexité du réseau de tunnel
L’universalité des thèmes abordés – famille, loyauté, sacrifice, et les coûts humains de la guerre – transcende les frontières culturelles.
Les spectateurs du monde entier, qu’ils soient au Liban, au Koweït, en Égypte aux États-Unis ou en Europe, se retrouvent dans les dilemmes moraux et les émotions brutes des personnages.
Par exemple, la série a atteint le sommet des classements Netflix au Liban, un pays hostile et sans relations diplomatiques avec Israël, démontrant son pouvoir de connexion au-delà des clivages politiques.
Cette capacité à captiver des audiences diverses est un moteur clé de son succès international.
Netflix et la globalisation du contenu israélien
L’association avec Netflix a été un tournant décisif pour Fauda et, plus largement, pour l’industrie télévisuelle israélienne.
En rendant la série accessible à un public mondial, Netflix a permis à Fauda de devenir un phénomène culturel, avec des classements dans le top 10 dans des pays aussi variés que la Suède, le Kenya, la Pologne ou le Qatar.
Cette portée internationale est d’autant plus remarquable pour un pays de la taille d’Israël, où le marché intérieur est limité par la taille de la population et la barrière linguistique.
Netflix a également investi dans d’autres productions israéliennes, comme Shtisel, Tehran ou Black Space, renforçant la visibilité du pays sur la scène mondiale.
Cette collaboration illustre une stratégie plus large : les plateformes de streaming recherchent des contenus locaux authentiques capables de séduire des audiences globales.
Farda répond parfaitement à cette demande en offrant un mélange d’action, de suspense et de profondeur émotionnelle, tout en abordant un sujet d’intérêt international.
Malgré des controverses, comme des critiques sur la représentation des arabes musulmans ou des accusations de propagande, la série a su maintenir son attrait grâce à sa narration équilibrée et à sa qualité de production.
La décision de produire une cinquième saison, initialement non prévue, témoigne de la grande demande mondiale pour ce type de contenu.
Le succès international de Fauda et, plus largement, du cinéma israélien, repose sur un mélange unique d’innovation, d’authenticité et de partenariats stratégiques.
La mentalité de start-up d’Israël, héritée de son écosystème technologique, se traduit par une industrie cinématographique agile et audacieuse.
Fauda incarne cette approche en offrant une narration réaliste et nuancée qui touche des audiences mondiales par son universalité et son humanité.
Enfin, la collaboration avec Netflix a amplifié la portée de ces productions, permettant à un petit pays comme Israël de rivaliser avec les géants de l’industrie culturelle.
Néanmoins on a vu depuis le 7 Octobre 2024 des analogies entre la réalité et la fiction …
La série est écrite et enregistrée dans le vrai, on ressent donc le stress et l’émotion de ces combattants.
Alors que la cinquième saison de Fauda se prépare à captiver à nouveau les spectateurs en 2026, elle symbolise le potentiel d’un pays qui, malgré sa taille modeste, et son état de guerre permanent continue de briller sur la scène mondiale grâce à sa créativité, son talent et son ambition.
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